POUR QUI SONNE LA TROMPETTE ?
Au fond, le duel entre le magnat de l’industrie du bâtiment et Clinton, la politicienne qui doit ses millions à des relations étroites avec Wall Street et la banque Goldman Sachs, était quelque part une confrontation entre l’économie réelle, celle de l’entreprenariat et du travail concret, traditionnel, manufacturier contre une économie financiarisée, spéculative et dans un grand degré virtuelle. Le vote contre Hilary fut en effet un vote-sanction non seulement contre la caste médiatico- politique mais aussi contre les élites de la finance, voire aussi contre celles du numérique, les fameux GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), contre leur dramatique détachement de l’économie réelle et des problèmes quotidiens de la population. Avec l’élection de Donald Trump, on revient sur terre.
Et on revient de très loin.
Quelqu’un devait piloter cet atterrissage, ce retour sur terre ferme. Et tant pis (ou tant mieux ?) si ce serait Donald Trump. L’homme est certainement imprévisible et il a ses points faibles que les médias mainstream n’ont pas manqué d’exploiter tout au long des 17 mois de campagne présidentielle américaine. Mais ce qu’on manquait souvent d’évoquer – et bien intentionnellement, d’ailleurs – c’étaient ses qualités d’entrepreneur et d’homme d’affaires. Chaque fois que le sujet était abordé, on remuait l’argument de « son père- qui-était- déjà-riche » : alors, insinuait-on, Trump n’a rien réussi qui ne lui était déjà offert sur un plateau d’or par la prospère entreprise familiale. Oui, certes, mais si le fils n’était pas parti de zéro, il n’en reste pas moins qu’il a plus que largement multiplié la fortune de son père, tout cela en créant de nombreux nouveaux emplois et en contribuant à la croissance économique.
Trump veut faire revenir l’économie au cœur de la politique – l’économie productive, réelle, l’économie de l’effort et non pas celle du clic seulement. Que ce fût à cause d’incompétence notoire ou pour raison d’une conjoncture défavorable qu’ils n’ont pas su maîtriser, l’actuelle administration de la Maison Blanche avait permis que les inégalités se creusent dramatiquement, que les classes moyennes et populaires s’appauvrissent, que les travailleurs agricoles subissent toute l’injustice de traités commerciaux internationaux souvent discriminatoires pour leurs intérêts. Trump oppose à tout cela un programme choc : protectionnisme dans les relations internationales, amendes frappant ceux qui délocalisent, taxation des produits chinois, baisse colossale des impôts des entreprises et des particuliers. Cette dernière est censée libérer le pouvoir d’achat et améliorer le standard de vie des Américains. Le milliardaire parle aussi, et surtout, de la création de centaines de milliers de nouveaux emplois, ce qui était d’ailleurs l’argument ultime de sa campagne.
Est-ce qu’il va réussir ? On ne peut pas le prédire. Mais tout porte à croire que la gestion de la première puissance mondiale par l’homme d’affaires qu’est Trump sera bien meilleure que l’incompétence charismatique qui gouvernait jusqu’alors depuis la Maison Blanche. Et surtout – le milliardaire fera revenir l’économie réelle au cœur du politique, ce qui est déjà en soi une garantie de succès.
Aujourd’hui, c’est en l’honneur de ce retour triomphal, opéré par Donald Trump, que la trompette sonne.