Par Thierry DIME
Je me suis posé la question à plusieurs reprises si oui ou non je devais rédiger cet édito, car il part d’une expérience personnelle qui reste encore douloureuse. Il n’est jamais facile de parler d’échecs, encore moins quand ils sont personnels. Je me souviens d’un article que j’avais écrit il y a quelques années sur l’échec, nourri par les enseignements d’un auteur dont le livre m’avait profondément marqué. À l’époque, je pensais avoir cerné le sujet. Mais lorsque récemment j’ai moi-même traversé un véritable échec (entrepreneurial et non sentimental), j’ai réalisé que rien ne prépare vraiment à la douleur qu’il engendre. C’est la raison pour laquelle, dans mon édito de cette semaine, je souhaite aborder : l’échec. Non pas l’échec théorique, celui dont on parle avec détachement dans les livres de management ou les conférences, mais l’échec réel, celui qui fait mal, qui remet en question, et qui, parfois, nous laisse un goût amer pendant des semaines, voire des mois.
Il y a quelques semaines, j’ai été confronté à un véritable échec sur un projet que nous menions depuis plus de deux ans. Pas une petite déconvenue, mais un revers qui m’a profondément touché. J’ai douté de moi, de mes capacités, et j’ai même cherché l’aide d’un psychologue pour traverser cette période. Car, oui, on ne doit jamais s’imaginer tout faire seul. Cette expérience m’a rappelé une vérité essentielle : il est facile de mettre en avant nos succès, mais il est beaucoup plus difficile d’assumer nos échecs. Pourtant, c’est précisément dans ces moments de vulnérabilité que nous apprenons le plus sur nous-mêmes et sur notre capacité à diriger.
Alors, comment aborder l’échec ? Tout d’abord, en l’acceptant comme une étape naturelle. L’échec n’est pas une fin, mais un passage. Il nous rappelle que nous sommes humains, et qu’aucun succès ne s’obtient sans risques ni revers. Accepter cette réalité permet de dédramatiser et de se concentrer sur les solutions plutôt que sur les problèmes. Xavier Niel, le patron de Free en France, affirmait lors d’une interview avoir passé une grande partie de sa vie à se planter et que l’on ne voit jamais tous les projets qu’il a ratés. Pourtant, son taux de réussite est loin d’atteindre les 40 %. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à innover et à prendre des risques. Car chaque échec est une mine d’enseignements. Prenez le temps d’analyser ce qui n’a pas fonctionné, sans chercher de coupable. Identifiez les erreurs. Ces leçons seront précieuses pour éviter de répéter les mêmes erreurs à l’avenir et pour construire une base solide pour les succès futurs.
Une fois les leçons tirées, il est tout aussi essentiel de se tourner vers ce qui vous a permis de tenir bon. Dans mon cas, cette force est venue de mon entourage. En effet, bien que toute ma famille biologique vive en Afrique, ce sont les personnes d’ici qui ont été mon pilier. Cette grande famille, que je pensais inexistante voire virtuelle, mais qui m’a finalement montré la beauté de l’être humain. Leur soutien, leur écoute et leur présence ont été une source de réconfort inestimable. Aujourd’hui, je crois encore plus à l’humain qu’hier, car j’ai vu à quel point les liens que nous tissons peuvent être solides et porteurs d’espoir. Je pense que cela a été possible parce que j’ai toujours essayé d’être vrai avec vous tous. Je partage souvent mes doutes, mes peurs et mes vulnérabilités, sans chercher à paraître plus fort que je ne le suis. Et ils m’ont surpris en me rendant cette authenticité au centuple. Ils m’ont montré que la sincérité et la transparence sont des valeurs puissantes, capables de créer des relations profondes et durables.
Cultiver l’authenticité dans vos relations, et vous ne serez pas surpris. Lorsque vous êtes vrai avec les autres, ils le sont avec vous en retour. Ces liens authentiques deviennent alors un filet de sécurité dans les moments difficiles, une source de force et de résilience. Dans un monde où les apparences prennent souvent le dessus, osez être vous-même. Car c’est dans cette authenticité que se trouve la véritable richesse des relations humaines, et c’est ce qui vous permettra de tenir bon, même dans les tempêtes. Et surtout, n’hésitez pas à vous faire accompagner. Personne ne traverse seul les périodes difficiles. Que ce soit par un mentor, un coach ou un psychologue, se faire accompagner est un signe de force, non de faiblesse. Cela permet de prendre du recul, de retrouver confiance en soi et de préparer le rebond.
Alors, chères lectrices, chers lecteurs, n’ayez pas peur de l’échec. Accueillez-le comme un enseignement, car, comme le disait Winston Churchill : « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »
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