Edito de Thierry Dime: Et si le chaos provoqué par Donald Trump était le déclencheur d’une nouvelle ère ?

6 avril 2025

Edito de Thierry Dime: Et si le chaos provoqué par Donald Trump était le déclencheur d’une nouvelle ère ?

Chères lectrices, Chers lecteurs,

Le libéralisme économique, longtemps présenté comme la panacée universelle, montre aujourd’hui des signes évidents d’essoufflement. Les promesses d’une mondialisation bénéfique pour tous se heurtent à une réalité plus sombre : inégalités croissantes, désindustrialisation rampante et concentration des richesses au profit d’une minorité. Dans ce contexte, l’annonce ces récents jours de nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump marque une étape supplémentaire dans son combat contre un système économique mondial qu’il juge inéquitable. À contre-courant du libéralisme dominant des dernières décennies, il poursuit une vision protectionniste, centrée sur les seuls intérêts américains. Si ses méthodes restent controversées, sa constance interpelle : et si, malgré ses excès, Donald Trump incarnait le début de la fin d’un modèle économique à bout de souffle ?

Un modèle à bout de souffle

Depuis l’annonce généralisée de hausses des droits de douane, les marchés financiers mondiaux s’affolent. Les principales places boursières ont accusé des baisses brutales, et les analystes parlent d’un véritable séisme économique, redoutant une escalade incontrôlable des tensions commerciales. Les chaînes d’information diffusent en continu les réactions politiques et économiques, multipliant les analyses d’experts et les comparaisons avec la guerre commerciale de 2018. L’inquiétude est palpable : les investisseurs craignent un ralentissement brutal du commerce mondial, avec des répercussions directes sur la croissance. Pourtant, derrière la brutalité des décisions de Trump se cache peut-être une réalité plus profonde : celle de la fin d’un cycle.

Depuis les années 1980, le libre-échange s’est imposé comme un dogme. La mondialisation, censée enrichir toutes les nations, a surtout profité à une minorité, creusant les inégalités dans les pays développés et fragilisant les classes moyennes. Les grandes entreprises ont délocalisé leur production pour maximiser leurs profits, tandis que des pans entiers de l’industrie ont disparu. Le libéralisme globalisé a atteint ses limites. Ses promesses ne se sont pas toutes concrétisées. En Afrique, en Asie ou en Amérique latine, les espoirs de développement liés à l’ouverture des marchés ont souvent été déçus. Les chaînes de valeur mondiales se sont révélées vulnérables, comme l’ont montré les pénuries de composants électroniques durant la pandémie. La vraie question n’est pas de savoir si Trump a raison ou tort, mais si son mandat peut agir comme un électrochoc. Son approche brutale révèle une faille majeure : le capitalisme globalisé actuel ne parvient plus à concilier efficacité économique et justice sociale. Sa vision « America First » n’est ni une solution ni un modèle viable.

On le sait tous, Donald Trump ne propose pas de modèle alternatif. Son approche reste marquée par le court-termisme, la personnalisation du pouvoir et une communication clivante. Mais il pose une question de fond : comment réinventer un système économique plus équitable, plus résilient, et plus ancré dans les réalités locales ? L’heure n’est peut-être pas à choisir entre capitalisme et socialisme, mais à tracer une troisième voie : une nouvelle voie plus régionalisée, des mécanismes de redistribution à l’échelle mondiale (comme une taxe minimale sur les multinationales), ou une nouvelle gouvernance des échanges intégrant des clauses sociales et environnementales. Il est encore trop tôt pour prédire les conséquences de ce qui se joue aujourd’hui, mais il est indéniable que Trump est en train de déplacer les lignes. L’Europe parle de plus en plus de « souveraineté économique », la Chine accélère son recentrage sur le marché intérieur, et même les multinationales repensent leurs implantations. Là où beaucoup voient un retour en arrière, Trump est peut-être en train – inconsciemment, bien sûr – d’initier une rupture. Là où ses décisions paraissaient absurdes, elles pourraient se révéler percusseuses de quelque chose que personne n’a encore eu le courage d’affronter.

Pour ma part, le modèle unique de la mondialisation heureuse semble révolu. La recherche d’un nouvel équilibre doit être engagée. Elle sera certainement longue, incertaine, conflictuelle. Mais elle est désormais inévitable. Et si, paradoxalement, le chaos provoqué par Donald Trump était le déclencheur d’une nouvelle ère économique ?

Retrouvez l’ensemble de nos articles Décryptage

 

Recommandé pour vous