Edito de Thierry DIME – Qui lavera l’honneur de Christian Brunier ?

27 novembre 2024

Edito de Thierry DIME – Qui lavera l’honneur de Christian Brunier ?

Photo C.Brunier © Jay Louvion – SIG

Par Thierry Dime

Dans notre société, il est devenu trop facile de désigner des boucs émissaires, de monter en épingle des erreurs – réelles ou supposées – et de sacrifier des individus sur l’autel d’une bien-pensance qui se targue de vertu.

L’affaire Christian Brunier en est un exemple frappant. Ce n’était pas seulement un homme qui était visé, mais toute une vision. Pourtant, nous avons laissé faire. Nous avons regardé, parfois en silence, cette cabale médiatique prendre de l’ampleur, alors même que tous ceux qui gravitaient autour de ce dossier savaient que ce n’était pas Christian Brunier qui était visé, mais qu’il était utilisé comme un moyen pour atteindre la véritable cible.  Aujourd’hui, un audit externe blanchit les Services Industriels de Genève (SIG) des accusations de favoritisme à l’embauche. On écarte désormais tout soupçon de népotisme. Le rapport est clair : à aucun moment, l’ancien directeur général n’a influencé les processus de recrutement. Pourtant, entre les lignes de ce dénouement, la question demeure : qui lavera l’honneur de Christian Brunier, cet homme qualifié de visionnaire et de précurseur, mais que certains n’ont pas hésité à sacrifier au nom d’une justice populaire souvent expéditive ?

Un système à questionner

Christian Brunier n’était pas un directeur général comme les autres. Ses projets novateurs, tels qu’ÉquiLibre, ont transformé les SIG bien avant que le monde ne découvre les vertus du télétravail imposé par la pandémie. Cet homme voyait loin, anticipait les tendances et osait des réformes audacieuses dans une structure aussi lourde et complexe que les SIG. Mais être visionnaire a un prix. Dans un monde qui prône l’uniformité et sanctionne ceux qui osent sortir du cadre, il n’est pas rare que les précurseurs soient les premiers à tomber sous les coups d’un système qu’ils cherchaient pourtant à améliorer.

Au-delà de l’homme, cette affaire nous invite à nous interroger sur notre société. Pourquoi sommes-nous si prompts à juger, à critiquer, à condamner sans attendre que la vérité se dévoile ? Pourquoi ce besoin vicieux de démolir des figures en vue qui, souvent font bouger les lignes ? Ces attaques sont rarement motivées par des enjeux légitimes, mais bien souvent alimentées par des ressentiments personnels, des rivalités professionnelles ou, pire, des petites magouilles de bas étage. Dans le cas de Christian Brunier, les faits parlent d’eux-mêmes : les accusations portées contre lui se sont révélées infondées, mais cela n’a pas empêché une cabale médiatique de se former, cherchant à le discréditer. Je le répète encore, tous ceux qui gravitaient autour de ce dossier savaient pertinemment que ce n’était pas Christian Brunier qui était la véritable cible. Pourquoi cette soif de destruction ? Peut-être parce que dans certains cercles, démolir sert d’échappatoire ou de diversion. Dans une ère où l’emballement médiatique et les réseaux sociaux dictent le rythme des opinions, le besoin de désigner rapidement un coupable devient une sorte de réflexe collectif.

Christian Brunier n’était pas exempt de critiques – personne ne l’est. Mais ceux qui l’ont côtoyé savent qu’il portait une profonde humanité dans ses relations. Il ne s’agissait pas seulement de diriger, mais de construire des liens, d’inspirer et de faire avancer une institution au service de la communauté. Ce sont ces qualités qui devraient être au centre des débats, et non des accusations infondées qui, aujourd’hui, s’effacent à la lumière d’un audit objectif.

Les SIG sont une « grosse machine », comme l’a souligné leur président Robert Cramer, et il est évident que des dysfonctionnements peuvent exister. Mais devons-nous systématiquement associer ces imperfections à des individus pour les livrer en pâture à l’opinion publique ? Aujourd’hui, les accusations tombent, mais les stigmates de cette affaire demeurent. Christian Brunier a payé le prix fort. Si cet épisode doit nous enseigner quelque chose, c’est la facilité avec laquelle nous cédons au prêt-à-penser, à cette soumission presque instinctive au politiquement correct. Ces dynamiques, qui se veulent vertueuses en apparence, finissent souvent par étouffer toute réflexion critique, favorisant des jugements hâtifs et des condamnations injustes.

L’honneur de Christian Brunier mérite d’être rétabli, tout comme nous devons réapprendre à soutenir ceux qui, par leur travail et leur humanité, cherchent à bâtir un avenir meilleur, même au prix de leurs propres sacrifices. Merci Christian.

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