Élections présidentielles en France – faut-il s’inquiéter ?

9 avril 2022

Élections présidentielles en France – faut-il s’inquiéter ?

Par Gareth Gettinby, gestionnaire Multi-Asset chez Aegon Asset Management

Ce week-end, les citoyens français se rendent aux urnes pour le premier tour des élections présidentielles en vue d’un nouveau mandat de cinq ans. Jusqu’à récemment, les marchés ont presque entièrement ignoré cette élection, l’actuel président sortant Emmanuel Macron étant confortablement en tête des sondages d’opinion. Mais les sondages se sont resserrés au cours des deux dernières semaines et les investisseurs s’y intéressent désormais. 

La course à la présidentielle s’étant resserrée, les actions françaises ont fortement chuté et l’écart de taux France-Allemagne à 10 ans a dépassé le pic observé en février. Il est toutefois difficile de dissocier le potentiel risque de défaite d’Emmanuel Macron du conflit entre la Russie et l’Ukraine et des réactions des banques centrales face à la flambée de l’inflation. 

Aucun candidat ne devrait obtenir la majorité absolue des voix au premier tour du scrutin, et un second tour est prévu le 24 avril entre les deux premiers candidats. Au total, 12 concurrents sont en lice pour le premier tour de dimanche, bien qu’il y ait en réalité cinq candidats majeurs. 

Le président Emmanuel Macron espère gagner un second mandat. Marine Le Pen, populiste de droite, reste sa principale concurrente, même si Jean-Luc Mélenchon a bénéficié d’une hausse dans les sondages. Les sondages actuels laissent entrevoir que les deux autres candidats principaux ne parviendront pas à atteindre le second tour. 

À ce jour[1], tous les sondages indiquent une victoire d’Emmanuel Macron, ce qui n’est pas une surprise compte tenu de son fort taux de popularité, et puisqu’aucun sondage ne prévoit une victoire de Marine Le Pen. Cependant au cours des deux dernières semaines, l’avance d’Emmanuel Macron sur Marine Le Pen dans les sondages s’est amenuisée, notamment dans le cadre du second tour potentiel entre les deux candidats. À la mi-mars, les sondages indiquaient une victoire confortable d’Emmanuel Macron d’environ 20 points sur Marine Le Pen (60 %/40 %). Selon les sondages de POLITICO, cette avance s’est réduite au cours des dernières semaines, Marine Le Pen talonnant le président de huit points de pourcentage en moyenne. Le sondage le plus serré (sondage Harris Interactive) donne Emmanuel Macron en tête avec seulement 51,5 % contre 48,4 %, un résultat qui se situe dans les limites de la marge d’erreur.

La dernière élection française remonte à 2017, et Emmanuel Macron avait triomphé face Marine Le Pen avec 66 % des voix au second tour. Comme le sondage POLITICO donne une avance de 54 % contre 46 % pour Emmanuel Macron, cela indique que la position de tête du président est beaucoup plus vulnérable qu’en 2017. Le discours de Marine Le Pen a changé au cours de cette campagne et elle n’appelle plus la France à quitter la zone euro. L’une de ses politiques consiste à réduire la TVA sur l’énergie de 20 % à 5,5 %, ce qui pourrait contribuer à faire pencher les électeurs, car la hausse de l’énergie continue d’avoir un impact important sur les Français.

Il est difficile de déterminer l’impact sur le marché d’une victoire de Marine Le Pen de manière isolée, étant donné les moteurs et les événements actuels auxquels les marchés réagissent. Nous nous attendons à ce que tout autre résultat que la victoire de Macron à une deuxième élection présidentielle soit une surprise majeure pour les investisseurs. Pour les citoyens britanniques, la surprise du scrutin du Brexit reste gravée dans notre mémoire et une victoire de Marine Le Pen ne peut donc pas être exclue. Elle doit être considérée comme un risque résiduel et soulèverait des incertitudes pour la croissance, l’inflation et les finances françaises. Le résultat entraînerait une baisse des actions européennes, notamment du marché des actions françaises (CAC 40), un nouvel élargissement de l’écart des taux France-Allemagne et un affaiblissement de l’euro, déjà fragile, notamment face à la valeur refuge du franc suisse.

[1] Rédigé le 7 avril 2022

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