Photo © S.E Andranik Hovhannissyan
Par Astrid Gregorian
En mai 2024, la Chambre de commerce de Genève a organisé le forum « Swiss Armenian Market Focus Forum ». Cet événement a offert une plateforme aux représentants du gouvernement arménien pour présenter aux entrepreneurs suisses la situation économique actuelle de l’Arménie et explorer les opportunités d’investissement. À cette occasion, nous avons eu l’honneur d’interviewer Son Excellence l’Ambassadeur Andranik Hovhannissyan, Représentant permanent de l’Arménie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et Ambassadeur d’Arménie en Suisse, afin de mieux comprendre les perspectives d’investissement et les opportunités de développement économique en République d’Arménie.
Monde Economique : Votre Excellence, merci d’avoir accepté notre invitation à cette interview. Vous êtes le Représentant permanent de la République d’Arménie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et l’Ambassadeur d’Arménie en Suisse. Comment la République d’Arménie est-elle représentée en Suisse ?
S.E Andranik Hovhannissyan : Permettez-moi, tout d’abord, de vous remercier pour me donner l’opportunité de partager mon point de vue avec le Monde Économique et ses lecteurs. L’Arménie et la Suisse ont établi des relations diplomatiques en 1992 et depuis lors, nos deux pays bénéficient d’une coopération florissante dans plusieurs domaines. Nous entretenons un dialogue politique régulier avec des rencontres au plus haut niveau, de bons contacts interpersonnels ainsi que des échanges culturels dans un cadre juridique solide. L’un des véritables points d’ancrages de nos relations est l’activité de l’Agence suisse de développement et de coopération. Elle contribue, depuis de nombreuses années, au développement de projets en Arménie, notamment dans des domaines tels que l’agriculture, le tourisme, l’environnement et la bonne gouvernance. La base de coopération peut être renforcée mais les fondations existent déjà.
La mission diplomatique arménienne en Suisse se trouve à Genève. Elle comprend à la fois l’Ambassade bilatérale de l’Arménie en Suisse et la Mission permanente auprès de l’Office des Nations Unies ainsi que d’autres organisations internationales basées à Genève.
Monde Economique : Avec quelles organisations internationales à vocation économique et d’investissement travaillez-vous, et comment cette collaboration est-elle organisée ?
S.E Andranik Hovhannissyan : Genève abrite de nombreuses organisations internationales traitant de questions économiques, et l’Arménie s’efforce d’y participer activement dans le cadre de la coopération mondiale. Parmi les institutions les plus importantes figure l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui régit les règles du commerce international. La République d’Arménie est membre de l’OMC depuis 2003. Une autre organisation clé est la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui a publié un vaste « Examen de la politique d’investissement de l’Arménie » en 2019. Plus récemment, en 2023, la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) a publié un rapport majeur intitulé « Examen de l’innovation pour le développement durable de l’Arménie ».
L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a également joué un rôle déterminant en aidant l’Arménie à élaborer sa stratégie nationale en matière de propriété intellectuelle, actuellement en cours d’examen par le gouvernement. Cette collaboration avec les organisations internationales est complétée par de nombreuses autres initiatives. En plus de ces institutions spécialisées basées à Genève, l’Arménie collabore étroitement avec plusieurs d’entre elles sur des sujets tels que le commerce, le commerce électronique, les transports, la connectivité, les télécommunications et les hautes technologies, pour ne citer que quelques exemples.
Les représentants arméniens participent régulièrement aux nombreuses réunions organisées à Genève sur ces thématiques, où ils échangent bonnes pratiques et expertises. L’Arménie accueille également des événements ainsi que des visites de représentants de haut niveau. Rien que l’an dernier, le Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), le Secrétaire exécutif de la CEE-ONU, et le Directeur général adjoint de l’OMC ont visité l’Arménie, prenant part à diverses réunions internationales. Ces échanges renforcent les engagements internationaux de l’Arménie et soutiennent son développement durable.
Monde Economique : Quelles opportunités de coopération les entrepreneurs suisses peuvent-ils envisager avec l’Arménie ?
S.E Andranik Hovhannissyan : L’Arménie offre un large éventail d’opportunités, soutenue par un capital humain moderne, bien formé et travailleur. Son adhésion à plusieurs organisations internationales et à des accords de libre-échange renforce son attractivité pour les entreprises souhaitant accéder aux marchés de l’Union économique eurasiatique, de l’Union européenne, de la Géorgie, de l’Iran et au-delà. De plus, l’Arménie bénéficie d’un régime commercial préférentiel avec des pays comme la Suisse, le Japon, la Norvège, le Canada et les États-Unis grâce au Système généralisé de préférences (SGP).
Le gouvernement arménien mène des réformes profondes et ambitieuses, créant ainsi un environnement favorable aux affaires et aux investissements. Selon le FMI, le PIB de l’Arménie a atteint 8,7 % en 2023, ce qui en fait l’une des économies les plus dynamiques au monde. Ce chiffre témoigne du succès des réformes mises en place par le gouvernement. En termes de PIB par habitant, l’Arménie devance également ses voisins du Caucase du Sud, la Géorgie et l’Azerbaïdjan.
Un atout majeur de l’Arménie réside dans ses solides traditions entrepreneuriales, présentes non seulement au sein du pays, mais aussi grâce à sa diaspora de sept millions de personnes. Fortement liée à sa patrie, cette diaspora étend les opportunités commerciales à des centaines de pays, y compris la Suisse, ce qui ouvre des perspectives prometteuses pour les entrepreneurs suisses.
L’Arménie se distingue également par son profil démocratique, qui renforce son attractivité économique. Le pays offre un environnement où les affaires se déroulent dans un cadre libre et démocratique, marqué par le respect de l’État de droit et des droits de l’homme. Pour les investisseurs, cette stabilité institutionnelle assure une gouvernance efficace, une prévisibilité et des garanties de transparence. Faire affaire avec un pays doté de solides traditions démocratiques diffère largement de traiter avec des nations où la démocratie est fragile ou inexistante.
Divers indices et classements soulignent cette réalité. L’Arménie est régulièrement classée comme le pays le plus démocratique de la région, selon l’Indice de démocratie de l’Economist Intelligence Unit. Elle se positionne au 62e rang dans l’Indice de perception de la corruption de Transparency International et occupe la 50e place dans l’Indice de liberté économique de la Fondation Heritage, devançant même certains pays de l’Union européenne. De plus, l’Arménie figure régulièrement parmi les dix pays les plus sûrs au monde selon des rapports internationaux.
Enfin, située au carrefour de l’Europe et de l’Asie, l’Arménie bénéficie d’une position stratégique dans le Caucase du Sud. Récemment, le gouvernement a lancé le projet ambitieux « Carrefour de la Paix », visant à renforcer la coopération régionale et à promouvoir la compréhension mutuelle entre les nations. Ce projet inclut le développement d’infrastructures majeures – routes, chemins de fer, pipelines, câbles et lignes électriques – nécessitant d’importants investissements. Ce programme promet de renforcer encore davantage l’attractivité économique de l’Arménie, offrant ainsi de nouvelles opportunités aux investisseurs étrangers, y compris aux entrepreneurs suisses.
Monde Economique : Quels avantages spécifiques l’investissement en Arménie offre-t-il aux étrangers ?
S.E Andranik Hovhannissyan : L’investissement en Arménie présente plusieurs avantages notables pour les investisseurs étrangers, notamment en termes de fiscalité favorable, de soutien logistique, et de cadres juridiques simplifiés. Le gouvernement arménien a mis en place des politiques flexibles et attractives pour encourager les investissements étrangers. Voici quelques exemples.
La législation sur les investissements directs étrangers (IDE) en Arménie est l’une des plus accueillantes parmi les marchés émergents. Les ressortissants étrangers ont le droit de détenir 100 % des parts des entités juridiques résidentes en Arménie. De plus, la législation protège les investisseurs contre toute discrimination, en assurant un traitement égal à tous, indépendamment de leur nationalité, sauf si un accord bilatéral offre des conditions encore plus avantageuses. Les investisseurs ont accès à pratiquement tous les secteurs et régions du pays. Par ailleurs, les entreprises détenues ou créées par des ressortissants étrangers peuvent acquérir et posséder des terres, tandis que les particuliers étrangers peuvent signer des contrats de location à long terme. Les bénéfices peuvent être rapatriés sans restriction, et il n’y a aucune limitation sur l’échange de devises, le recrutement de personnel ou les transferts de fonds.
Le gouvernement arménien offre également des incitations fiscales particulièrement avantageuses. Par exemple, les entreprises situées dans des régions frontalières bénéficient d’exemptions totales de TVA, d’impôt sur les sociétés et d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Par ailleurs, les projets d’investissement de plus de 4 millions USD dans et autour de la ville de Dilijan, une station balnéaire réputée dans une région montagneuse, bénéficient d’exonérations de TVA et d’impôt sur les sociétés. Le secteur médical présente également des opportunités d’investissement dans la production d’accessoires prothétiques, d’équipements médicaux, ainsi que dans la vente de produits médicaux et les services de soins. Dans le domaine des technologies de l’information (TI), le gouvernement offre des exonérations d’impôt sur les sociétés et une réduction des charges fiscales sur les salaires, avec un taux d’imposition réduit à 10 % pour les employés.
En outre, le gouvernement arménien a mis en place des mécanismes d’exonération des droits de douane sur les produits importés de pays hors de l’Union économique eurasiatique, dans le cadre de projets d’investissement destinés à l’exportation.
Dans le cadre de la modernisation économique du pays, 17 programmes de soutien gouvernementaux ont été introduits au cours des dernières années. Par exemple, le programme « Infrastructure en échange d’investissements » offre une subvention de 10 % pour les investissements jusqu’à 500 millions de drams (environ 1,3 million USD), et de 20 % pour les investissements supérieurs, sous forme de soutien en infrastructures.
Les entreprises produisant des biens technologiquement complexes peuvent obtenir un remboursement allant jusqu’à 35 % de la valeur réelle de leurs investissements en capital. De plus, le gouvernement subventionne les prêts et leasings pour l’acquisition de nouveaux équipements, avec des taux allant de 6 % à 8 %, ou des subventions sur les leasings avec des taux de 8 % à 10 %. Des prêts subventionnés sont également disponibles pour l’achat de bétail de haute qualité, avec un plafond de 3 milliards de drams pour la construction de serres.
Le gouvernement offre par ailleurs des subventions pour l’achat de matières premières agricoles, avec des taux d’intérêt subventionnés de 9 % par an, et jusqu’à 12 % pour les communautés frontalières. Enfin, il subventionne les essais cliniques et les études de bioéquivalence à hauteur de 50 % des coûts, avec un plafond de 25 millions de drams par étude clinique et de 30 millions de drams pour les études de bioéquivalence.
Et ceci n’est qu’une liste non exhaustive.
Monde Economique : Pouvez-vous donner des exemples de coentreprises arméno-suisses réussies ?
S.E Andranik Hovhannissyan : Il existe plusieurs domaines qui suscitent plus d’attention et d’intérêt en termes de coopération commerciale entre l’Arménie et la Suisse. Ces domaines traditionnels sont le système bancaire, l’horlogerie, les produits pharmaceutiques, le secteur des technologies de l’information, la vinification et le tourisme. Permettez-moi de citer quelques exemples de réussite :
ArmSwissBank est une coentreprise arméno-suisse notable dans le secteur bancaire, fondée en 2004. La banque se spécialise dans la banque d’investissement, la banque d’entreprise et la gestion d’actifs, offrant une gamme de services financiers aux clients individuels et aux entreprises. Elle est reconnue pour ses produits financiers innovants et son respect des normes internationales, contribuant de manière significative au paysage financier de l’Arménie.
Franck Muller, un fabricant suisse de montres de luxe renommé, est entré avec succès sur le marché arménien grâce à une collaboration avec des partenaires locaux. Connu pour ses montres de haute qualité et innovantes, la présence de Franck Muller en Arménie a enrichi le marché local des produits de luxe, attirant des clients aisés et des amateurs de montres. Cette coentreprise met en avant un mélange de savoir-faire suisse et d’appréciation arménienne pour le luxe et l’artisanat de qualité. Ces deux entreprises sont liées à l’entrepreneur prospère M. Vartan Sirmakes, qui est également actif dans d’autres secteurs commerciaux, tant en Arménie qu’en Suisse.
L’entreprise « Azad Pharmaceuticals » a été fondée en 2000 en Suisse et a commencé ses activités en Arménie en 2004. Elle coopère avec des entreprises européennes, chinoises et indiennes. « Azad Pharmaceuticals » développe des composants pharmaceutiques actifs. La fonction principale de l’entreprise est de développer des méthodes de fabrication de médicaments. L’entreprise possède des bureaux au Canada, en Suisse, en Arménie et en Chine. Depuis 2005, elle développe des formes de dosage injectables et ophtalmiques.
Avec près de deux décennies d’expérience distinguée, ARATOURS SA se distingue comme l’une des principales entreprises de voyages en Suisse, dédiée à la création d’expériences de voyage personnalisées. Elle se spécialise dans les services de transfert privé et les aventures de voyage sur mesure.
Des exemples de coentreprises réussies dans le domaine de la vinification incluent « NOA » – Noah of Areni, un vin produit par le vigneron suisse M. Jakob Schuler, et le vin « Oshin », dont l’un des cofondateurs est le Suisse-Arménien M. Vahe Gabrache.
Dans le secteur des technologies de l’information, un exemple de réussite est la société Polixis SA. Cette entreprise se spécialise dans les technologies de l’information et les services, les logiciels Internet et les services de traitement de données. Son siège social est situé à Genève.
Il y a environ 40 entreprises enregistrées en Arménie qui font des affaires avec la Suisse, contribuant à la création de plus de 1 000 emplois en Arménie.
Monde Economique : Nous savons que des négociations sont en cours avec l’École Hôtelière de Lausanne pour ouvrir une succursale en Arménie. Quelles sont les perspectives de cette initiative ?
S.E Andranik Hovhannissyan : En effet, ce projet représente un excellent exemple de la mise en œuvre réussie d’initiatives en Arménie, illustrant une coopération étroite entre plusieurs parties prenantes clés. Le projet concerne l’ouverture d’une école hôtelière en Arménie, avec le soutien et la participation active de l’École Hôtelière de Lausanne (EHL). Cette initiative est principalement portée par des membres de la communauté arménienne en Suisse, dont l’un des principaux moteurs est M. Vahe Gabrache.
Le projet bénéficie d’un soutien solide de la part du gouvernement arménien, qui s’engage à travers des outils de soutien spécifiques, ainsi que du secteur privé. De plus, il implique une forte collaboration avec l’EHL, l’Agence suisse de développement et de coopération, ainsi que plusieurs ONG arméniennes.
Ce projet met en lumière le potentiel considérable qui réside dans ce type de partenariat et montre comment les principaux acteurs peuvent unir leurs efforts pour atteindre des objectifs concrets et orientés vers des résultats. Il est inutile de souligner davantage l’importance de cette école et l’impact significatif qu’elle pourrait avoir sur le développement du secteur hôtelier et touristique en Arménie. Les avantages sont évidents, tant pour la formation des professionnels locaux que pour l’attractivité internationale de la destination.
Monde Economique : Quel est le potentiel des relations entre la Suisse et l’Arménie, et quels sont les domaines les plus prometteurs à explorer ou à développer davantage ?
S.E Andranik Hovhannissyan : En 2022, la Suisse s’est classée au cinquième rang des destinations d’exportation pour les produits arméniens, révélant ainsi un potentiel important. Bien que cette part ait diminué depuis, ce chiffre illustre les opportunités existantes. D’un autre côté, la Suisse ne représente actuellement qu’1 % des importations de l’Arménie. Cependant, là encore, un potentiel considérable reste inexploité. Par exemple, en 2022, les importations en provenance de Suisse ont augmenté de 76 %, ce qui reflète des tendances très positives. La même année, le tourisme suisse en Arménie a progressé de 12 %, témoignant de l’intérêt croissant des Suisses pour la destination.
Un aspect essentiel pour exploiter ce potentiel est la sensibilisation. Bien qu’il existe déjà des relations interpersonnelles solides entre l’Arménie et la Suisse, il est nécessaire de continuer à promouvoir les opportunités d’investissement en Arménie auprès des entreprises suisses, tout en faisant connaître aux entrepreneurs arméniens les avantages qu’ils peuvent trouver en Suisse. La Chambre de commerce arméno-suisse, fondée en 2017, joue un rôle clé dans cette démarche. Sous la direction de M. Mike Baronian, également à la tête d’« Azad Pharmaceuticals », elle est un moteur actif de cette collaboration économique.
Chaque année, la Chambre organise des forums économiques en Arménie et en Suisse. En mai dernier, elle a organisé un événement en partenariat avec la Chambre de commerce de Genève, avec la participation de deux vice-ministres arméniens qui ont présenté des discours détaillés sur les opportunités commerciales en Arménie. Dans le même temps, l’Ambassade de Suisse en Arménie a organisé un autre forum économique. Ces initiatives sont cruciales pour renforcer la coopération bilatérale.
Concernant les secteurs d’avenir, les technologies de l’information (TI) représentent l’un des domaines à la croissance la plus rapide en Arménie, avec un taux de progression de près de 50 % par an. Il est également remarquable que plus de 40 % des travailleurs de ce secteur en Arménie soient des femmes, un pourcentage bien supérieur à la moyenne mondiale. Le secteur arménien des technologies de l’information et de la communication (TIC) se distingue dans plusieurs classements internationaux tels que l’Indice mondial de l’innovation, l’Indice de préparation du réseau et l’Indice de compétitivité mondiale. En tant que leader mondial en matière de technologie et d’innovation, la Suisse offre des opportunités de partenariats intéressants dans ce domaine.
Toutefois, le potentiel de coopération ne se limite pas aux seules TI. Les relations économiques entre les deux pays reposent déjà sur une base solide, permettant de bâtir de nouveaux partenariats durables et prometteurs.
J’espère que cette interview contribuera à attirer l’attention sur le potentiel inexploité des relations entre la Suisse et l’Arménie.
En conclusion, je tiens à exprimer ma conviction que, dans un monde de plus en plus instable, les démocraties doivent se soutenir mutuellement, y compris sur le plan économique, afin de relever les défis et menaces actuels. Ensemble, elles peuvent préserver et renforcer les valeurs et principes fondamentaux des sociétés libres.
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