Du petit groupe de travail au think tank, les défis, les enjeux et la problématique sont les mêmes – réunir et synchroniser diverses compétences, énergies et expériences pour effectuer un travail commun et atteindre un objectif final. Il s’agit aussi de concilier différents caractères, différentes personnalités – et cela, c’est sans doute l’un des challenges les plus considérables de la collaboration en question.
Le travail collectif a donc deux aspects également importants : le développement d’un esprit d’équipe et la poursuite de l’objectif de travail final. Surestimer l’un au détriment de l’autre pour en faire une fin en soi, reviendrait à bouleverser un équilibre qui est ni plus ni moins vital pour le fonctionnement de la cellule de travail.
Ce mot-clé : équilibre.
S’il y a en effet un terme-clé qui mène au cœur même de la problématique de l’interaction en équipe, c’est bien celui d’équilibre. Equilibre d’abord (comme on vient de le dire) entre, d’une part, l’effort de construire le groupe de travail avec tout ce que cela suppose comme esprit d’équipe et un bon climat socio- émotionnel et, d’autre part – le travail concret sur l’accomplissement des tâches menant au résultat final. Equilibre ensuite – et équité aussi – dans la répartition de ces tâches entre les différents collaborateurs, distribution qui doit être en parfaite adéquation avec les compétences et l’expérience de chacun d’eux. Equilbre enfin entre deux tensions principales, entre l’élan vers l’accomplissement de soi et celui vers la réussite collective. Ce dernier point touche aussi au problème de l’autorité dans l’équipe ainsi que des egos qui tendent à s’enfler dans les discussions et le processus de prise de décisions.
Rien ne menace d’ébranler le plus le bon équilibre dans un groupe de travail que le bouillonnement des égos et l’agitation d’individualités qui cherchent à être reconnues pour elles-mêmes, souvent au mépris de l’effort et de l’élan collectifs. Ces personnes ont tendance à transformer le débat d’idées en une confrontation de susceptibilités personnelles et de velléités de marquer de la suprématie. Or, autant le débat d’idées, aussi houleux qu’il puisse être, est constrictif et favorable au travail commun, autant le choc des egos peut être néfaste. Ce dernier s’exprime en des formes différentes allant des efforts tapageurs et pathétiques de quelqu’un pour prendre à tout prix, à elle seule (à lui seul), le leadership de l’équipe – à l’entrechoc de petits clans s’étant formés au sein de l’équipe et luttant entre eux, en passant par des formes en apparence plus innocentes mais tout aussi nocives au climat général du groupe comme peut, par exemple, l’échange systématique d’observations désobligeantes, de critiques et de « piques » entre certains collaborateurs.
De pareils comportements risquent d’étouffer l’esprit d’équipe et d’entraîner cette dernière sur le terrain marécageux de l’ambiguïté, de l’hypocrisie, si ce n’est pas clairement de l’intolérance, de l’imposture et de tout ce qui peut encore découler d’un climat de rivalité et de luttes interpersonnelles. Au contraire, les membres d’un groupe de travail ont tout intérêt à développer l’esprit d’équipe et pratiquer ses différentes expressions – entraide, solidarité, confiance mutuelle, complémentarité dans l’accomplissement des tâches.
Des cas particuliers de groupes de travail – les équipes virtuelles et celles qui travaillent sur un projet à court terme.
Créer une cellule de travail efficace, lui « insuffler » un esprit d’équipe, est un véritable défi dans des cas particuliers tels que les équipes qui se réunissent virtuellement ou encore les groupes qui s’organisent autour d’un projet à court terme. Ces derniers, réunissant des collaborateurs seulement pour un bref délai de temps, ont de la peine à créer la cohésion nécessaire, leurs membres ne se sentant pas vraiment motivés à construire une relation sérieuse et durable entre eux. Ils ne le font pas plus que les membres des équipes virtuelles dont les réunions sur Skype sont nettement insuffisantes pour tisser les liens étroits indispensables à un travail efficace. Des efforts supplémentaires s’imposent pour y parvenir. Comme le préconise dans un de ses récents articles le magazine « Forbes », il est essentiel pour les collaborateurs d’une équipe virtuelle de multiplier – même si c’est toujours d’une manière numérique – les échanges informels entre eux. Sur les réseaux sociaux ou par email, les membres du groupe peuvent faire plus ample connaissance, partager de l’expérience purement humaine, discuter de leurs centres d’intérêt.