Expérience du confinement, à l’origine de tous les maux ? certainement pas !

3 juin 2020

Expérience du confinement, à l’origine de tous les maux ? certainement pas !

Une myriade de symptômes ont été publiés durant ces mois de confinement provoqué par la[1] Covid19 et ses incertitudes. Pour rester lucides et surtout efficaces dès aujourd’hui pour demain, il s’agit de différencier les causes directes du confinement des corrélations (sans liens directs avec le confinement).

Les liens de causes à effets sont objectifs, reproductibles et mesurables (“je ne mange pas, je meurs”). Les corrélations sont des “coïncidences” identifiée avec d’autres phénomènes (“je ne mange pas, il pleut”. La bonne compréhension des différences entre les deux est primordiale pour le management. La systémique nous apprend que toute intervention à un endroit d’un système produit un effet, dans ce cadre on n’a donc affaire à une cause (l’action) qui génère un effet (concret et prévisible).

De nombreuse enquêtes très souvent intéressantes ont été faites sur la période de confinement. Je ne me rappelle pas en avoir vu une qui différencie les causes-effets du confinement avec les corrélations de phénomènes-confinement. Un institut spécialisé du monde de travail me confirmait récemment ne pas avoir pris en compte cette option d’analyse dans une de ses enquêtes assez approfondies sur les ressentis et les attentes des personnes confinées.

L’origine de la confusion

Cette question me paraît primordiale pour séparer les effets nouveaux de cette expérience, unique pour notre génération à ce jour, de problèmes plus anciens non liés mais qui resurgissent à l’occasion de cette crise et de ses phénomènes d’anxiétés ou d’angoisses pour le futur. Mais pourquoi ce “mélange des genres” ? J’imagine que le mode associatif automatique et inconscient qu’utilise notre cerveau pour trier et gérer l’information y est pour quelque chose. Exemple : je me sens angoissé, mon cerveau me redonne accès à des expériences où je me suis senti·e angoissé·e. Toutes les expériences auxquelles j’ai alors accès ne sont pas liées entre elles. Ce mécanisme a d’évidence sa faiblesse : mélanger les sujets qui n’ont pas forcément de liens objectifs entre eux. Quel est le problème direz-vous puisque l’on “subit” ce fonctionnement cognitif ? Et bien qu’en tant que leader, je risque non seulement d’engager des ressources à traiter des symptômes et pas leurs causes, mais de plus des symptômes sans lien avec le sujet du confinement.

Apprendre de la période de confinement

Un inventaire intuitif

Sortir des confusions possibles peut se faire en listant de manière exhaustive thèmes ou sujets impactés par le confinement. A vous de choisir les thématiques d’observations : l’environnement (interne, externe, professionnel, privé), les comportements et attitudes (les relations, les vôtres et ceux des autres), les compétences/actions (mode de travail, moyens, rythme,), les points de vues/impressions individuels (convictions, motivations à agir de telle ou telle manière, mécanismes de défenses, etc.) et le Sens (Valeurs émergentes ou existantes).

Lister les observations sans jugement

Lister ensuite par thématique les observations sans jugement ou qualifications quelconques. L’observation n’est pas l’interprétation. Exemple de thème : autonomie. Bon exemple d’observation : “augmentation des questions sur les tâches à réaliser”, mauvais exemple d’interprétation pour le même thème : “perte de confiance”. Cet exercice est la source de de solutions pertinentes, il permet en particuliers de citer des faits qui, parce qu’ils sont nouveaux, pourraient être qualifiés de “défauts” alors que sous l’angle du futur ils peuvent devenir une bonne idée…

Sous l’angle du futur : évaluer les impacts des observations et leurs cibles

En face de chaque idée, deux colonnes supplémentaires : une pour le domaine ou la cible impactée, une deuxième pour l’impacts positif ou négatif prévisionnel. Et là vous aurez toutes les infos pour prendre des décisions sur ce que vous décidez de changer.

Alain Mounir / www.opemans.com / juin 2020


[1] L’Académie française a tranché pour le féminin (mai 2020) !

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