M. Olivier Rigot – Romancier
Monde Economique Le « Monde des Femmes », le dernier livre d’Elisabeth Thorens, est un guide de voyage à travers le regard et les expériences des femmes. Quel endroit en Suisse aimeriez-vous nous faire découvrir ?
Olivier Rigot : Je connais bien, tout comme Elisabeth, le Val d’Anniviers, une région dans laquelle je me rends régulièrement depuis ma tendre enfance. Dans son livre, Le Monde des femmes, l’auteure y a rencontré plusieurs personnalités passionnées par leur activité. C’est une vallée qui a su préserver son authenticité et ses traditions. Je recommande de lire les écrits d’Ella Maillart et ceux de l’ethnologue Bernard Crettaz. J’invite le lecteur à se balader, l’automne venu, sur les chemins alpestres ou le long des bisses, tel celui des Sarrasins, rénové récemment, à la rencontre de cette nature grandiose, face au cirque des 4000, mais aussi impressionnante et presque terrifiante devant ces falaises qui tombent à pic dans la Navizence.
Monde Economique En brossant le parcours exceptionnel des protagonistes de son livre qui se distinguent toutes par des expériences de vies positives, Elisabeth Thorens désire offrir à travers son ouvrage, «une part de rêve». Pensez-vous que l’on garde «une part de rêve» tout au long de sa vie ? Si oui, quelle est la vôtre ?
Olivier Rigot : Le rêve engendre la vie, les projets transcendent l’existence. Il faut garder, tout au long de sa vie, cette part de l’enfance qui sommeille en nous et qui s’étiole au cours de l’existence et du carcan sociétal dans lequel nous glissons imperceptiblement. Pour ma part, j’aime gérer des projets de A jusqu’à Z dans mon domaine professionnel mais aussi dans la vie associative où je suis très actif et laisser éclater ma créativité dans l’écriture. Je suis également passionné de photos, je poursuis des recherches personnelles très particulières dans ce domaine et j’aimerais un jour exposer mes clichés.
Monde Economique Le livre d’Elisabeth Thorens vise à valoriser la manière dont les femmes appréhendent le monde. Les femmes suisses voient-elles le monde autrement que leurs homologues masculins?
Olivier Rigot : Je ne suis pas sûr que les femmes appréhendent le monde de façon si différente que les hommes, elles le voient peut-être sous un angle différent lié à leur féminité dans le cadre d’une certaine recherche harmonieuse et du sens qu’elles donnent à leur existence. Les hommes se retrouvent davantage dans le combat, la confrontation. Nos différences originelles fusionnent dans le couple où elles se transforment en force et permettent d’avancer dans la vie. On oppose aujourd’hui trop souvent l’homme à la femme, alors que nous sommes complémentaires. Je suggérerais à Elisabeth d’écrire un livre sur les couples de Suisse… J’aime traiter le thème de la complexité des relations sentimentales dans mes romans. A une époque où les femmes sont devenues indépendantes et ont gagné toutes les libertés, quelle place reste-t-il pour les sentiments amoureux ? C’est l’un des thèmes qui revient en filigrane dans « Un homme sous emprise ».
Monde Economique Heureuse bien que parfois déstabilisée par des questions existentielles, Elisabeth Thoerens est reconnaissante envers la vie qui, estime-t-elle, l’a gâtée. Avez-vous également le sentiment d’avoir été gâté par la vie ?
Olivier Rigot : Certainement, en étant né en Suisse et à Genève en particulier, j’ai été particulièrement gâté par la vie. Après, tout dépend de ce que l’on fait de son existence, comment l’on prend son destin en main jusqu’à le forcer, c’est le sel, le piment de notre court passage sur cette terre. Me considérant comme un humaniste, protestant de surcroît, j’ai à cœur de rendre, dans le cadre de mes moyens, à la société un peu de ce qu’elle m’a donné. Dans ce cadre-là, je suis très engagé dans la vie associative que ce soit à l’Institut National Genevois ou au Lions Club.
Monde Economique Quelles ont été les impressions de vos proches à la sortie de ce premier roman ?
Olivier Rigot : Peu de gens, même dans mon entourage proche, savaient que je consacrais du temps à l’écriture, d’où leur surprise lorsque j’ai signé ce premier roman. La réaction des proches peut être déroutante car ils ont à l’esprit, en permanence, l’homme qu’ils connaissent derrière l’écrivain et ils font parfois des amalgames peu heureux. Je préfère, aujourd’hui, être lu par des inconnus qui n’ont aucun à priori et qui plongent librement dans l’univers que j’ai créé.
Monde Economique Cette question vous est posée par Elisabeth Thorens
Comment arrivez-vous à concilier vos deux activités, la finance et l’écriture, en apparence si différentes, deux activités qui exigent une grande disponibilité d’esprit ?
Olivier Rigot : Beaucoup de gens ont été surpris, lorsque j’ai signé mon premier roman, qu’un financier puisse avoir la créativité nécessaire pour écrire une fiction. A mon sens, les deux domaines ne sont ni antinomiques, ni exclusifs mais complémentaires. Ce sont deux activités où il faut faire preuve de réflexion, de créativité et surtout d’une grande rigueur intellectuelle. Nous évoluons, dans avec la finance, dans un monde virtuel dans lequel nous ne maîtrisons rien ; nous subissons les événements mais nous devons en permanence élaborer des scénarios macroéconomiques. Dans l’écriture de romans, l’auteur plonge également dans un univers virtuel mais, à la différence de la finance, il en est le seul maître, ayant le droit de vie et de mort sur ses personnages. Cette maîtrise du destin romanesque est très excitante pour l’auteur et m’apporte un grand équilibre. Je n’écris que le week-end lorsque les marchés financiers sont fermés, je m’évade alors dans un autre monde que je crée au fil de l’écriture. Je pratique la sophrologie qui permet d’ouvrir et de libérer l’esprit à la créativité.
Aimeriez-vous savoir ce que pense Elisabeth Thorens du livre d’Olivier Rigot (voir ici)