Interview de Céline Mercader Cools « Il faut une part de rêve pour faire tomber les croyances limitantes »

18 juin 2020

Interview de Céline Mercader Cools « Il faut une part de rêve pour faire tomber les croyances limitantes »

Interview de Céline Mercader Cools – Job Designer

Monde Economique : La crise actuelle impacte fortement les entreprises par la chute des ventes et une productivité en baisse. Ce qui va inéluctablement provoquer des faillites d’entreprises et des licenciements. Est-ce une belle opportunité pour réinventer sa vie professionnelle ?

Céline Mercader Cools : Oser se poser la question de son épanouissement professionnel n’est pas chose facile et peut entrainer des prises de conscience douloureuses. Il faut beaucoup de courage pour se lancer et prendre ce risque. Alors lorsque le contexte économique vous y contraint, oui cela devient une réelle opportunité ! L’occasion unique d’appuyer sur pause et de prendre un temps pour soi, pour s’interroger sur le sens de son travail, sur le cœur de sa motivation et sur la couleur que l’on souhaite donner à la suite de notre carrière.

Monde Economique : 15 ans d’expérience en accompagnement des personnes en transition de carrière et plus de 1000 candidats coachés, votre mission est d’aider les personnes à trouver le job de leur rêve. Utopie ou réalité ?

Céline Mercader Cools : Les deux à la fois ! Il faut une part de rêve pour ouvrir le champ des possibles et faire tomber les croyances limitantes qui nous empêchent d’avancer, mais cet idéal doit être impérativement confronté au réel pour valider sa faisabilité et devenir atteignable. En revanche, l’utopie serait de croire que l’on peut attendre cet objectif sans effort ou sans concession. Les personnes les mieux préparées à cette démarche de reconversion sont celles qui ont compris qu’il n’existait pas de baguette magique salutaire et que la solution ne se trouverait qu’au prix d’une démarche active d’empowerment. Aucune méthode ou aucun coach ne détient le pouvoir de trouver LA solution, ce ne sont que des catalyseurs de l’énergie déployée par les personnes elles-mêmes.

Le Monde Economique : Comment découvrir ce qui nous fait vibrer professionnellement et définir ensuite les contours de ce job de rêve ?

Céline Mercader Cools

Céline Mercader Cools : Cela passe nécessairement par un travail introspectif auquel on accède par des questionnements, des exercices de projections, des outils de développement personnel et des tests. Chaque coaché est unique, les sensibilités et les appétences diffèrent d’une personne à une autre. C’est la raison pour laquelle j’ai créé un programme intitulé job design® qui propose une palette d’approches variées afin de correspondre au plus grand nombre. Il est important de ne pas se limiter à quelques questions et de toujours proposer des angles de vue différents pour aborder un même sujet sous plusieurs aspects. Ensuite, la personne elle-même va pouvoir designer son job de rêve en assemblant les informations et en formulant des hypothèses, des embryons de projets qui seront ensuite validés et actés, ou pas ! Et parfois, il apparaît que le job de rêve reste assez proche de son job actuel et qu’il suffit de quelques ajustements pour le rendre plus attrayant, le réenchanter et retrouver le « feu sacré », on parle alors de job crafting.

Le Monde Economique : N’y a-t-il pas un fossé entre la quête du job de rêve et la réalité de ce que le marché du travail peut offrir ? Si tel est le cas, n’avez-vous pas l’impression de créer des frustrations qui auraient pu être évitées ?

Céline Mercader Cools : Parmi les outils que je propose, le plus important est inspiré de la philosophie japonaise « ikigaï » qui aborde quatre dimensions essentielles : ce que j’aime, ce pourquoi je suis doué-e, ce dont le monde a besoin, ce pourquoi je peux être rémunéré-e. Le job de rêve se situe à la conjonction de ces quatre questionnements. Un projet professionnel qui ne répondrait pas à la dernière dimension parce que le marché de l’emploi actuel ne permet pas d’espérer une insertion professionnelle à court ou long terme, n’est tout simplement pas un projet réaliste et ne peut donc pas être défini comme un job de rêve. Cette quatrième dimension très pragmatique est la clé de voute d’un projet de reconversion qui a une chance d’aboutir et de se réaliser.

Le Monde Economique : Comme le dit si bien Walt Disney, le rêve est le carburant des projets réussis et d’une vie réussie. Entre job de rêve et job idéal, que choisir ?

Céline Mercader Cools : La distinction est intéressante, chacun peut en donner la signification qui lui parle. Pour ma part je dirai que le job de rêve est plus subjectif, plus personnel, il est unique car il nous appartient. Dans l’idéal, il y a selon moi une notion de perfection et d’universalité qui ne convient pas à la démarche introspective. Rechercher un idéal peut être illusoire, mais chercher à réaliser son rêve paraît comparativement plus accessible.

Interview réalisée par Thierry Dime

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