Interview de Claudine Calvarin: Avec ma fine connaissance du pouvoir d’achat des ménages j’arrive à réaliser des Business plans très réalistes

25 juillet 2017

Interview de  Claudine Calvarin: Avec ma fine connaissance du pouvoir d’achat des ménages j’arrive à réaliser des Business plans très réalistes

Interview de Claudine Calvarin fondatrice d’Aid-Plus, une fiduciaire installée à Boudry dans le Canton de Neuchâtel.

En collaboration avec Cyrus Communications International


Monde Economique : Après une carrière dans le secrétariat, vous avez décidé de créer une fiduciaire. Quelles sont les obstacles que vous avez dû surmonter pour atteindre un tel objectif ?

Claudine Calvarin : Je suis devenue chef d’entreprise non pas par vocation mais par obligation. Quand du jour au lendemain je me suis retrouvée au chômage suite à une faillite d’entreprise, étant déjà dans la tranche des seniors, je me suis tout de suite rendue compte que le retour à un poste salarié ne serait pas évident. Ce qui m’a sauvée lors de cette épreuve c’est un ensemble de circonstances heureuses dont j’ai su tirer profit. J’ai eu la chance de commencer ma carrière professionnelle au service de mon beau père de l’époque. Architecte et propriétaire d’un parc immobilier conséquent, c’est avec lui que j’ai découvert le secteur de la promotion immobilière et de la gestion d’entreprise. Suite à mon divorce, pour des questions de convenance personnelle je suis allée travailler ailleurs. Grâce aux compétences acquises à son contact, j’ai pu exercer en qualité de fonctionnaire pour la ville de Neuchâtel et au service technique de la commune de Cortaillod. Suite à cela j’ai renoué avec la gestion d’entreprise au sein d’une fiduciaire. Pour remettre au goût du jour mes compétences, j’ai décidé de prendre des cours de comptabilité et de gestion de portefeuille d’assurance. Ce sont ces deux compétences qui m’ont permis d’ouvrir mon cabinet.

Monde Economique : On dit généralement qu’une fiduciaire est un allié précieux pour le chef d’entreprise. Quels sont les questions sur lesquelles vous êtes amenée à leur porter assistance ?

Claudine Calvarin : Fiduciaire est synonyme de confiance. Par choix, je ne travaille qu’avec des petits artisans officiant dans les secteurs de la restauration, de la coiffure, ou de la menuiserie etc… qui se reposent entièrement sur mes compétences administratives, comptables et fiscales. Mes interventions varient suivant que j’ai affaire à un chef d’entreprise débutant ou confirmé. Si j’ai affaire à un débutant, ma mission première va consister à le conseiller afin qu’il apprenne son futur métier d’entrepreneur. Il s’agit notamment de lui apprendre à tenir un carnet de lait. Ce document est une photographie quotidienne de ses dépenses et de ses entrées. Il lui permet de se faire rapidement une opinion sur l’état de ses finances. C’est à partir de ce travail préalable que je vais établir son compte de résultat et son bilan, et procéder à son optimisation fiscale. Quand le créateur d’entreprise n’est pas francophone, par précaution il préfère domicilier son courrier administratif chez moi, afin de ne pas oublier de réaliser certaines formalités pour cause d’incompréhension du jargon administratif. Outre cela ma mission consiste aussi, à faire en sorte que les chefs d’entreprises maximisent les chances de succès de leur projet, en les incitant à faire régulièrement de la prospection afin qu’ils puissent trouver de nouveaux clients. De ce point de vue, je pense que le Canton de Neuchâtel devrait s’impliquer un peu plus dans la promotion des jeunes entreprises en finançant en partie leurs campagnes de publicité. N’oublions pas que ces petits investisseurs sont aussi de futurs contribuables locaux.

Monde Economique : Le statut d’indépendant est moins protecteur que celui de salarié. En matière de protection sociale quelles sont les précautions qu’un indépendant doit prendre avant de se lancer ?

Claudine Calvarin : Quand j’accompagne un futur entrepreneur indépendant, je mets tout de suite l’accent sur le fait, qu’il va devoir mettre en place sa protection sociale. Un travailleur indépendant doit obligatoirement cotiser à l’assurance vieillesse et survivants (AVS) qui couvrira les besoins vitaux d’une personne assurée en cas de retraite ou de décès. Ensuite vient une autre assurance obligatoire, l’assurance invalidité (AI) qui a pour but de garantir des moyens de subsistance aux personnes devenues invalides par des mesures de réadaptation ou des rentes. Et pour finir nous avons les allocations perte de gain (APG) pour cause de service militaire et de maternité. Comme les indépendants n’ont pas l’obligation d’avoir un deuxième pilier, je les incite à souscrire un troisième pilier. Grâce à cette prévoyance privée qui est assortie d’avantages fiscaux, ils vont pouvoir combler les failles de leur protection sociale et se mettre eux même ou leurs proches à l’abri du besoin en cas de décès ou d’invalidité. Pour s’assurer un complément de revenu après leur cessation d’activité, certains indépendants prennent le partie d’investir dans la pierre. Dans ce cas ils font appel à moi pour gérer les copropriétés qu’ils acquièrent. A côté de cela, il est deux autres assurances qu’un travailleur indépendant doit souscrire pour assurer la survie de son activité. L’assurance responsabilité civile (RC) qu’il va faire jouer en vue de la réparation des éventuels dommages qu’ils pourraient causer à autrui et l’assurance protection juridique qui va l’aider à faire valoir ses droits en cas de litige.

Monde Economique : En sus de la révision comptable vous proposez de la gestion de dettes. En quoi consiste cette activité et à qui s’adresse-t-elle ?

Claudine Calvarin : Ce service s’adresse à toutes les personnes (salariés ou travailleurs indépendants) qui, suite à un évènement inattendu ou de mauvais choix, se retrouvent en défaut de paiement. Il consiste à les accompagner, autant que faire se peut, avant qu’elles se retrouvent aux poursuites ou obligées de composer avec certaines sociétés de recouvrement qui ne font qu’aggraver la situation. Pour savoir quelle stratégie on va adopter afin de les sortir du surendettement, il faut d’abord établir un budget réaliste. Pour cela, on va procéder à l’inventaire des charges fixes et des dépenses courantes du foyer. Une fois ceci fait, on va regarder ce qui reste après avoir couvert ces dépenses avec les revenus disponibles. C’est à partir du solde obtenu qu’on va pouvoir établer un plan de remboursement prévisionnel des dettes. C’est sur la base de celui-ci qu’on va aller négocier des arrangements directement avec les créanciers, solliciter de l’aide auprès de certaines fondations ou voire même prendre la décision d’aller chercher un job d’appoint. Pendant cette période, pour éviter tout dérapage, il faut annuler ses cartes de crédit et éviter de souscrire de nouveaux crédits à la consommation. Aujourd’hui trop de parents sont surendettés parce qu’ils ont financé les études de leurs enfants à l’aide d’un emprunt et que le diplôme obtenu par ces derniers ne leur a pas permis de décrocher un emploi. En tant que fiduciaire, la gestion de dettes m’est d’un grand intérêt car elle est un bon indicateur de l’évolution du climat social. Avec ma fine connaissance du pouvoir d’achat des ménages j’arrive à réaliser des Business plans très réalistes.

Monde Economique : Pour entreprendre il faut un environnement favorable. Le Canton de Neuchâtel est-il selon vous un lieu idéal pour vivre ou créer une entreprise ?

Claudine Calvarin : En dépit de son caractère idyllique, le Canton de Neuchâtel est une région qui ne sait pas se rendre attractive tant sur le p
lan fiscal qu’au niveau du soutien à la personne. Cette situation est entrain de provoquer un dépeuplement progressif du canton puisque d’une part, elle incite les populations à faible revenu à déménager vers les cantons périphériques pour améliorer leurs conditions de vie, et d’autre part elle dissuade les ménages bénéficiant d’un pouvoir d’achat confortable à venir s’installer chez nous. D’un autre côté nous avons la chance d’avoir une population qui est volontaire et qui refuse de se complaire dans l’assistanat. Très souvent quand je travaille sur des dossiers de surendettement, les personnes dont je m’occupe refusent de solliciter des aides auxquelles elles ont droit par esprit de civisme. C’est pour cela que je pense qu’il est urgent que nous assouplissions notre politique fiscale, afin de favoriser la création de petites entreprises car les créations d’aujourd’hui contribueront à créer les emplois de demain. Par ailleurs, il serait également souhaitable que le canton facilite l’accès à la formation continue pour toutes les personnes volontaires qui veulent progresser sur le plan professionnel afin d’améliorer leur confort financier.

Aid-Plus

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Tél : 079 245 89 08

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