Interview de Dinara Kulibayeva : « Je suis admirative de toutes les femmes qui se dédient à des causes méritantes »

18 février 2024

Interview de Dinara Kulibayeva : « Je suis admirative de toutes les femmes qui se dédient à des causes méritantes »

Photo © Fondation Montes Alti

Dinara Kulibayeva – Présidente de la Fondation Montes Alti

De plus en plus de figures féminines émergent dans le monde de la philanthropie et jouent un rôle crucial dans ce secteur. Dinara Kulibayeva fait incontestablement partie de ces femmes d’exception. Combinant sa passion pour l’éducation avec un engagement philanthropique profond, Dinara Kulibayeva se consacre depuis plus de 25 ans à la mise en œuvre de programmes inédits, que cela soit au Kazakhstan ou à Genève au travers de la fondation Montes Alti qu’elle a créée en 2013. Titulaire d’un doctorat en éducation, elle a toujours placé un accent particulier sur la formation et le développement personnel, non seulement en tant qu’académicienne, mais aussi en tant que mère. Cette double perspective lui a conféré une compréhension profonde des défis et des besoins inhérents au secteur éducatif. Rencontre

Le Monde Economique: Melinda Gates, Priscilla Chan, ou encore Laurene Powell Jobs sont considérées comme des figures emblématiques de la philanthropie féminine. Quelle est votre perception de leur engagement ?

Dinara Kulibayeva: Je suis admirative de toutes les femmes qui se dédient à des causes méritantes. Au-delà de la composante matérielle, c’est l’engagement personnel et la noblesse des initiatives visant à promouvoir le bien-être des générations qui doivent être encouragés. Qu’il s’agisse de programmes sociaux, éducatifs, culturels ou environnementaux.

Le Monde Economique. Pensez-vous qu’il soit réducteur de parler spécifiquement de ‘philanthropie au féminin’, ou y voyez-vous une valeur particulière ?

Dinara Kulibayeva: Les femmes jouent un rôle important dans le domaine de la philanthropie. Leur regard sur l’état du monde peut apporter des contributions spécifiques et significatives, notamment en matière d’inclusivité.

Le Monde Economique: Compte tenu de votre parcours académique, qui comprend un doctorat en éducation, quelle est votre vision de l’éducation ?

Dinara Kulibayeva: Il s’agit d’une vaste question. L’éducation doit d’abord tendre vers l’excellence, prendre en compte les évolutions rapides de la société, de la technologie et des besoins des apprenants. Les méthodes d’enseignement se doivent être toujours plus flexibles, inclusives et adaptées aux besoins individuels spécifiques, être axées sur les projets afin de favoriser la compréhension et stimuler l’engagement. Parmi les compétences à développer, je pense à l’esprit critique, la résolution de problèmes, la créativité, la collaboration et la communication.

Cela étant la promotion de l’apprentissage n’est pas seule affaire de jeunesse, il s’agit d’une dynamique continue de toute une vie. Chacun doit être prêt à acquérir de nouvelles connaissances et à s’adapter aux changements. Le monde connecté tel qu’il est devenu nous oblige à intégrer l’usage des technologies avec un sens de l’éthique et de la responsabilité numérique.

Le Monde Economique: « La philanthropie au service de l’éducation » est la devise de la Fondation Montes Alti. Pourquoi le choix de l’éducation ?

Dinara Kulibayeva: C’est en ligne avec un autre engagement que mon mari Timur et moi-même poursuivons au Kazakhstan. En 25 ans, nous avons consacré un montant significatif à des projets éducatifs ambitieux et innovants parmi lesquels la création d’écoles et d’universités visant l’excellence dans des domaines de pointe. Notre plus récent projet est l’Université IT d’Astana. En trois ans, cette université anglophone est devenue le principal centre de compétences technologiques en Asie centrale, dont l’objectif est de former des spécialistes hautement qualifiés dans le domaine de l’économie numérique et d’assurer la transformation numérique par le biais de la formation, de la recherche et de l’innovation.

Le Monde Economique: En 2023, la Fondation Montes Alti a fêté ses 10 ans. Quel bilan tirez-vous du parcours de la fondation genevoise depuis sa création ?

Dinara Kulibayeva: Ces dix années nous ont non seulement permis de soutenir des programmes socio-éducatifs (Scène-Active, Réalise, Rotary, Panathlon Club, le Pôle, une veille EdTech, Sant’escalade) mais également le lancement et le financement d’une Académie de disciplines urbaines comme il n’en existe nulle autre. La Urban Move Academy (UMA), sous la direction de Nicolas Musin, est dans sa deuxième saison avec de magnifiques résultats à la clé, sous forme notamment de performances publiques rencontrant beaucoup de succès.

Le Monde Economique: Quelles perspectives pour la fondation Monte Alti ?

Dinara Kulibayeva: Il faut être ambitieux et créatifs. Si Genève offre déjà beaucoup en matière éducative, il y a encore matière à développer des programmes sociaux à l’instar de Scène-Active que nous soutenons. Ce projet de participation sociale et culturelle offre chaque année à une quarantaine de jeunes en situation de décrochage la possibilité de construire leur propre projet, sur le plan personnel et professionnel, dans un environnement artistique collectif. Nous entendons donc continuer à soutenir des projets existants et parallèlement développer nos propres initiatives qui doivent répondre à des besoins.

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