Le Monde Economique Lors de la 10ème édition du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, vous étiez considéré comme un outsider. Pourtant, c’est vous qui avez été récompensé. Qu’est-ce qui a joué en votre faveur ?
Laurent Ferrier Une volonté de retourner aux sources de l’horlogerie traditionnelle en s’inspirant des codes de montres de poche, mais en apportant la modernité dans une conception du mouvement qui privilégie la fiabilité et la précision. Et probablement aussi une attente du public qui souhaite un retour à une horlogerie plus « raisonnable » après les excès de ces 10 dernières années.
Le Monde Economique Quelle est la particularité du « Galet Classique Tourbillon Double Spiral » ?
Laurent Ferrier Un design du boîtier qui privilégie une forme douce et équilibrée qui nous a inspiré le nom de Galet Classic pour le modèle. Un cadran sobre et lisible. Une simplicité générale qui rend cette pièce intemporelle.
Au niveau du mouvement, la qualité de la réalisation et de la terminaison hors normes de tous les composants, comme pour le boîtier une recherche de l’équilibre et de l’harmonie dans la forme des ponts, de la cage du tourbillon et des pièces, visibles ou non pour le client.
Le Monde Economique A l’heure où tous les jeunes retraités souhaitent finalement profiter de la vie, vous décidez de lancer votre propre marque. N’est-ce pas audacieux de votre part ?
Laurent Ferrier J’avais – comme beaucoup d’horlogers – une très grande envie de réaliser la montre que j’aimerais porter, Michel Navas et Enrico Barbasini avaient la même envie. Je ne l’aurais pas fait sans eux et sans mon fils Christian.
Le Monde Economique Revenir à la grande tradition horlogère où seule la main de l’homme peut transformer la matière en objet d’art, est l’un des objectifs que votre marque s’est fixée. Est-ce à dire que l’industrie d’aujourd’hui s’est éloignée de cette grande tradition ?
Laurent Ferrier A partir d’un certain nombre de pièces produites utiliser la main de l’artisan relève de l’utopie. Un garde-temps produit à quelques centaines ou milliers d’unités se doit d’être industrialisé sans une connotation péjorative du terme industriel.
Nous recherchons plutôt l’excellence artisanale et ce qui fait qu’un objet devient une œuvre d’art. La main de l’homme intervient là où elle permet de magnifier un rendu par exemple lorsque le graveur vient angler des ponts avec son burin. Nous utilisons les technologies modernes là où elles permettent d’avoir un résultat parfait que la main de l’homme ne peut reproduire.
Le Monde Economique Lorsqu’on parle de vous, on aime toujours mentionner le fait que vous êtes né dans le même village qu’Abraham Louis Breguet. Cette relation forte à vos racines se reflète-t-elle dans vos créations ?
Laurent Ferrier C’est il y a très peu de temps que je me suis rendu compte de cette coïncidence !!! Etant à mille lieux du génie d’Abraham Louis Breguet je prends ceci pour un clin d’œil malicieux du destin !
Le Monde Economique Vous êtes un passionné de course automobile. Qu’est-ce que cela vous apporte-t-il dans votre épanouissement personnel et professionnel ?
Laurent Ferrier Aujourd’hui la course automobile est un très agréable souvenir, mais c’est surtout grâce à mon ami et ex coéquipier François Servanin que l’aventure horlogère s’est matériellement concrétisée.
Interview réalisée par Thierry Dime