Interview de Madame Nathalie Brodard, Fondatrice et directrice de Brodard Executive Search
Le Monde Economique : Le marché du recrutement externalisé (« Recruitment Process Outsourcing ») est en croissance constante et se différencier n’est pas toujours évident. Quelles compétences un cabinet tel que le vôtre doit-il développer pour éviter de rester sur le banc de touche ?
Nathalie Brodard : Une éthique irréprochable ainsi que l’authenticité et la solidité dans nos relations avec clients et candidats font clairement notre différence ! Les sociétés pour lesquelles nous travaillons comprennent l’avantage de s’entourer de professionnels du recrutement, car nous prenons le temps de cibler précisément leurs besoins. Nous travaillons sur un service qualitatif de proximité. Nous connaissons parfaitement notre « terrain de jeu ».
Evidemment, nous nous devons aussi d’être toujours au courant du marché et de réagir avec une extrême réactivité et flexibilité. Les sociétés qui nous font confiance reconnaissent notre savoir faire et notre talent. Pour les sociétés qui ont des RPO, nous pouvons clairement apporter notre aide sur des postes très techniques ou confidentiels par exemple.
Le Monde Economique : Selon une étude américaine, le temps de consultation d’un CV est de seulement de 6 secondes. Comment retenir l’attention d’un recruteur ?
Nathalie Brodard : Le CV doit absolument être très clair et concis et de préférence sobre. L’originalité peut avoir du bon mais ne doit pas être excessive. Au premier coup d’œil, il faut que l’on sache : le nom des employeurs, les fonctions exercées, les tâches et formations accomplies et à quelles dates ainsi que les connaissances linguistiques.
Si le candidat choisit de mettre une photo sur son CV – ce qui n’est pas obligatoire -, je lui conseillerais vivement d’en choisir une réaliste, actuelle et professionnelle. Nous avons été parfois très surpris !
Le Monde Economique : Il est connu de tous que les meilleurs talents issus des cursus les plus prestigieux sont souvent chassés avant même l’obtention de leur diplôme. Le diplôme est-il encore le sésame vers un emploi intéressant ?
Nathalie Brodard : Evidemment il est très flatteur d’être « chassé » pour son premier poste, mais on voit de plus en plus de gens qui se retrouvent bloqués à la « mauvaise place » après quelques années. Ils n’ont simplement pas choisi leur destin professionnel, se sont laissés porter vers des carrières qui ne leur correspondaient pas et perdent ainsi leur motivation. Afin d’éviter les regrets ou simplement la peur de l’avenir, il est essentiel de se laisser un peu de temps, pour savoir ce à quoi on se destine et d’avoir une idée de la direction que l’on veut donner à sa carrière. Prendre aussi le temps d’évaluer le marché, d’élargir son réseau, et pourquoi pas de faire des stages courts pour se confronter à la réalité.
Le Monde Economique : Vous serez prochainement l’une des intervenantes de la prochaine conférence dédiée aux étudiant-e-s et aux jeunes professionnel-le-s avec pour thème « Négocier et décrocher son contrat de travail ». Quels conseils donneriez-vous à ces nouveaux entrants du marché du travail ?
Nathalie Brodard : En premier lieu, il faut absolument être actif et réactif, car la concurrence est rude. Vous devez être visible en participant à des forums, rencontres – réseautages… Il ne faut pas hésiter à entrer en contact avec des personnes dans les ressources humaines, ou des dirigeant(e)s de société, évaluer quelles sont les compétences recherchées dans ces sociétés, garder les contacts avec ces personnes… Essayez toutes les pistes, qu’elles soient classiques ou non : créez votre profil Linkedin, soyez actifs sur les médias sociaux, faites confiance aux cabinets de recrutement qui vous conviennent, etc. Bref, pro-activité est le mot d’ordre
Sinon d’un point de vue pragmatique, votre CV doit impérativement être clair et précis. La lettre de motivation quant à elle, devra absolument être percutante. Cette dernière n’est pas forcément toujours lue, toutefois dans le cas de jeunes diplômés avec peu d’expériences professionnelles, l’employeur ou le recruteur aura tendance à accorder plus d’importance à ce document. Ensuite il faut postuler à des postes qui vous intéressent, bien suivre vos postulations, et savoir où vous en êtes.
Si ensuite, on est convoqué pour un entretien, il faut étayer ses propos par des exemples concrets. Il ne faut surtout pas hésiter à se référer à ses emplois d’étudiant, à des situations vécues à l’université ( travaux de diplômes ), à ses expériences sportives, ses séjours linguistiques, etc…En entretien, il faut maîtriser son sujet, mettre en avant ses valeurs et ses attentes. Afin d’être crédible, il faut absolument savoir répondre aux éléments suivants : Comment est-ce que je pourrai me décrire ? Que puis-je apporter ? De quoi ai-je envie ? Comme puis-je m’impliquer rapidement au sein de l’entreprise ? Il faut y croire, « donner envie » ! N’oubliez pas que la personnalité des candidats gagne parfois sur les compétences techniques ou même… leur formation.
Quant à la négociation salariale, il faut être à l’aise avec le sujet, tout en restant flexible. Essayez de vous renseigner au préalable sur les salaires en vigueur dans l’entreprise qui vous reçoit et pour des postes équivalents afin d’avoir une fourchette en tête.
Et pour terminer, il est bon parfois de méditer sur cette citation que j’apprécie beaucoup : « Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte ». Allez jusqu’au bout de vos rêves.
Photos @ Pierre-Yves Massot – https://www.realeyes.ch/work/