Interview de Monsieur Torsten Schittenhelm – CEO de neocredit.ch
Le Monde Economique : Qu’ils assistent à un fort déclin de leur chiffre d’affaires ou qu’ils aient cessé toute activité, les entreprises, depuis le début du COVID-19, se voient menacées de se retrouver en manque de liquidités. Cette situation particulière amènent-elles les entreprises à davantage vous solliciter que par le passé ?
Torsten Schittenhelm : La situation actuelle touche toutes les entreprises. Dans certains secteurs, les affaires n’ont jamais été aussi bonnes tandis que dans d’autres, les ventes diminuent considérablement.
Nous constatons actuellement une augmentation de la demande de prêts mais l’incertitude persistante continue de freiner assez fortement la demande de croissance/investissements à moyen terme. La situation actuelle est un grand défi pour toutes les entreprises – y compris la nôtre – mais comme toujours, de nouvelles opportunités émergent également.
Le Monde Economique : Secteur en pleine croissance depuis 10 ans, le crowdfunding – ou financement participatif – n’en est pourtant qu’à ses débuts et offre de belles perspectives de développement. Qu’est-ce qui fait la force du modèle d’affaire de neocredit.ch ?
Torsten Schittenhelm : Le Crowdfunding présente des avantages pour les deux parties : emprunteurs et investisseurs. D’une part il permet aux entreprises d’accéder à d’autres sources de financement, en complément des banques ou du capital prêté par les amis et la famille. D’autre part, les particuliers peuvent investir dans des entreprises locales avec un projet concret. Cela correspond très bien à l’esprit du temps ici en Suisse. necoredit.ch rassemble les deux parties autour de la table et peut ainsi créer une valeur ajoutée de manière significative. Avec nos deux actionnaires credit.fr et la Vaudoise Assurances, nous avons à nos côtés deux partenaires de longue date qui croient aux PME suisses et au principe du crowdlending.
Le Monde Economique : Quand finance rime avec solidarité. Ceci est-il plus vrai en cette période de pandémie ? Si oui, quel intérêt pour les investisseurs qui risquent perdre leur argent en cas de faillite d’entreprises ?
Torsten Schittenhelm : Les investissements, quels qu’ils soient, comportent toujours des risques et les prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. L’idée de solidarité, particulièrement dans les moments difficiles est une valeur essentielle de notre entreprise et de nos prêteurs. Fidèles à la devise « dans les bons moments comme dans les mauvais », nous essayons de trouver une solution adaptée qui convienne en cas de problème aux deux parties. Comme le prêteur décide lui-même de chacun de ses investissements, il peut choisir librement les projets qui lui semblent suffisamment prometteurs. Cela ne comprend pas aucun risque car si l’argent gagné reste trop longtemps sur le compte avec des taux d’intérêt négatifs, il finira par disparaître.
Le Monde Economique : Aujourd’hui nous faisons face à des taux d’intérêt négatifs. Mais si les taux devaient grimper, les entreprises se retrouveraient-elles face à des coûts d’emprunts exorbitants ou alors ce cas de figure ne vous concerne pas ?
Torsten Schittenhelm : Contrairement aux comptes courants, les taux d’intérêt n’augmentent pas « soudainement » et les limites ne sont pas réduites d’un jour à l’autre. Les taux d’intérêt de nos prêts sont fixes. Cela signifie que les entreprises disposent d’une sécurité de planification – un point très important pour les entreprises en période d’incertitude. À moyen terme, la hausse des taux d’intérêt signifie naturellement des coûts d’emprunt plus élevés pour les nouveaux prêts pour les entreprises. Mais dans ce cas, notre prêt deviendra bien sûr d’autant plus intéressant pour les investisseurs et les entreprises recevront plus d’argent puisque les taux d’intérêt plus élevés reflètent en fait des attentes de croissance plus élevées.
Le Monde Economique : En parallèle de la croissance exponentielle des montants collectés, nous assistons à une diversification des acteurs du marché du financement participatif. Quelles perspectives pour neocredit.ch ?
Torsten Schittenhelm : Il y a plus de 200 banques en Suisse et seulement une petite quantité d’entreprises sur le marché du crowdlending. En 2019, l’ensemble du secteur du crowdlending a financé moins d’un pourcent de l’ensemble des prêts aux PME. Dans le climat actuel, la demande des PME va continuer à croître et le crowdlending est toujours un très bon choix comme élément de base supplémentaire des prêts bancaires et de l’argent des amis et de la famille. Il y a définitivement encore une grande marge de croissance, tant pour l’ensemble du secteur du crowdlending que pour neocredit.ch.
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