Interview de Virginie Terrier – Co-fondatrice de Fertil-In
Saviez-vous qu’il existe des milliers de publications sur l’impact du style de vie et de l’environnement durant la période péri-conceptionnelle sur le développement de l’enfant et du futur adulte ? Fertil-In, une entreprise genevoise active dans le domaine de l’e-Health a développé des outils innovants et intelligents pour une prise en charge préventive, personnalisée et participative de cette période si essentielle afin d’optimiser les conditions de fertilité des individus et la santé transgénérationnelle. Fondée par Adva Grundman et Virginie Terrier, le projet Fertil-In a été créé par deux spécialistes passionnées de fertilité. Rencontre avec Virginie Terrier, l’une des fondatrices.
Le Monde Economique : Comment est né le projet Fertil-In ?
Virginie Terrier : Le projet Fertil-In est né de l’envie d’aider des couples, face à leur souffrance liée à une infertilité. J’ai travaillé pour eux sur des programmes intégratifs et personnalisés. Ce fut une riche expérience humaine qui m’a motivée à aller plus loin. Par la suite Adva Grundman, consultante fertilité et PMA, fondatrice de ART Fertilité by maFIV, m’a proposé de collaborer avec elle sur un accompagnement autour de la fertilité. Nous avions ce trait commun: l’envie de contribuer, à plus grande échelle, à un monde meilleur. Car la période de péri-conception représente un enjeu majeur pour la santé du futur enfant, et ce, pour sa vie entière.
Quelque mois plus tard, l’imminent Pr Umberto Siméoni, avec son engouement pour notre projet, a renforcé notre envie de le réaliser. Il a été nommé président du comité médical et scientifique de Fertil-In.
Dr Claudine Vasseur, endocrinologue et médecin de la reproduction, rejoindra également le comité. Nous partageons avec eux une vision commune : aider, sensibiliser et contribuer ainsi, à une meilleure santé des générations à venir.
L’étude Lenz & Stahelin, un grand cabinet d’avocats suisses ont été enthousiasmés par le projet et nous ont ainsi proposé de nous soutenir bénévolement dans les différentes phases du développement de Fertil-In. Leurs conseils nous ont permis de mettre en place un vrai plan qui, soutenu par des médecins, pourrait devenir une petite révolution dans le monde de la fertilité
Pour moi Fertil-In est un peu comme cette recette improvisée qui devient le meilleur gâteau que nous n’ayons jamais mangé ! Chacune des personnes qui ont rejoint le projet ont apporté leur pierre et, c’est grâce à eux que le projet verra le jour.
Le Monde Economique : Les programmes Fertil-In ont été créés pour accompagner les couples en situation d’infertilité dans l’amélioration de leur fertilité et de leur santé. Comment se présentent-ils ?
Virginie Terrier : Les programmes Fertil-In sont des programmes 100% intelligents et 100% personnalisés. Ils ont pour but d’améliorer le terrain, sur le plan de la fertilité et de la santé, et pour cela il est important de prendre en compte de nombreux facteurs liés au mode de vie, à l’environnement mais aussi à la vie intime.
Un cerveau humain, aussi fabuleux soit-il, devrait écouter, synthétiser et travailler pendant des dizaines d’heures pour regrouper, de façon performante et personnalisée ces différents facteurs de terrain. Nous avons donc décidé de créer l’intelligence qui est capable de le faire, rapidement, efficacement et de façon personnalisée : nous l’avons nommée « Fertility Intelligence ». Cette intelligence a été conditionnée avec l’aide d’experts de différentes professions, mais aussi par un regroupement de données scientifiques récentes.
Ainsi, à l’aide de questionnaires de près de 200 questions précises et sexuées, notre « Fertility Intelligence » restitue un rapport personnalisé de 20 à 40 pages, avec des conseils adaptés au profil et à l’objectif de chaque personne.
Chaque programme est unique, car chaque personne est unique. Notre « Fertility Intelligence » se base sur l’environnement, le comportement, l’alimentation « fertile », mais aussi sur le profil et l’objectif de chacun. L’action Fertil-In se positionne ainsi sur le plan du terrain, de l’éducation et de la prévention afin d’accompagner les individus de la période péri-conceptionnelle jusqu’au 2 ans de l’enfant..
Le Monde Economique La création de ce nouveau mode de prise en charge péri-conceptionnelle est-elle novatrice ?
Virginie Terrier : Complètement, avec une prise en charge intégrative de l’infertilité sous tous ses angles terrains. Il y a aujourd’hui un immense vide thérapeutique de ce côté-là et cette façon si efficiente de prise en charge que propose Fertil-In, par le biais d’une intelligence conditionnée, est inédite !
Nous sommes cependant conscients que le côté « humain » reste essentiel et c’est la raison pour laquelle nous avons créé une communauté active pour être en lien permanent avec les « Fertil-Intelligents ». C’est ainsi que nous souhaitons nommer les membres de la communauté Fertil-In.
Nous avons à cœur de garder une place d’accompagnantes actives dans les programmes, d’avancer aux côtés des utilisateurs et de ressentir avec eux cette superbe vibration quand le test de grossesse + arrivera ainsi que dans les étapes cruciales qui suivront.
Le Monde Economique Quand un couple ne peut pas procréer, c’est pour un tiers à cause de la femme, un autre tiers à cause de l’homme et un troisième tiers pour des raisons inconnues. A quel tiers intervenez-vous ?
Virginie Terrier : Nous intervenons de façon spécifique sur tous les facteurs d’infertilité liés à l’homme et à la femme grâce à des programmes orientés selon le sexe, le terrain, les pathologies et l’objectif. Nos programmes sont également très intéressants dans le cadre de l’infertilité inexpliquée, qui peut être liée à un cumul de facteurs de terrain. Les programmes Fertil-In ont pour but d’optimiser le terrain, que la conception soit naturelle ou médicalement assistée.
Le Monde Economique Y-a-t-il un véritable marché en Europe ?
Virginie Terrier : L’Europe est une zone particulièrement touchée par l’infertilité. Si on prend seulement le cas de la France, 15 à 25% des couples rencontrent des problèmes de fertilité et 500 000 couples consultent chaque année dans les services d’assistance médicale à la procréation.
La Suisse est plus discrète, car 6000 couples par an consultent en Suisse Romande. Rappelons néanmoins que beaucoup de prise en charge de l’infertilité se font à l’étranger en raison du coût de la fécondation in vitro élevé et non remboursé en Suisse .
En ce qui concerne la pré-conception, c’est à dire la préparation optimale du couple avant la conception, ce marché est actuellement inexistant et son importance peu connue. Il reste un objectif majeur pour Fertil-In, notamment pour son intérêt sur le plan de la santé publique.
Le Monde Economique Comment envisagez-vous le futur de Fertil-In ?
Virginie Terrier : Nous l’envisageons avec beaucoup de sérieux, de prudence et de professionnalisme. Fertil-In se doit de rester cette belle recette improvisée, avec toute sa spontanéité, et cette « innocence » de croire en un monde meilleur. Nous sommes aiguillés pour structurer un projet de grande valeur humaine que nous souhaitons développer rapidement, en termes de services et de zone géographique.
Nous travaillons déjà sur de nouveaux programmes innovants, visant à accompagner spécifiquement les protocoles de procréation médicalement assistée et les programmes Fertil-In, d’ici la fin de l’année, couvrirons de nombreuses phases de la péri-conception. Ils seront également disponibles dans deux langues supplémentaires dans quelques mois.
Nous voyons la santé se détériorer globalement tout en observant une chute libre de la fertilité sans aucune action, ni réaction. Nous aimerions que chaque personne soit consciente du rôle qu’elle a à jouer pour sa santé ainsi que celle qu’elle transmettra à ses enfants, et à ses petits-enfants. Si nous réussissons ce challenge, nous pourrons alors dire que le projet Fertil-In a réalisé ce pour quoi il a été créé : contribuer à un monde meilleur.
Interview réalisée par Thierry Dime
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