Interview d’Elphine KAKUDJI:  » Notre nouveau challenge est maintenant d’accéder à la scène internationale »

16 novembre 2021

Interview d’Elphine KAKUDJI:  » Notre nouveau challenge est maintenant d’accéder à la scène internationale »

Photos © Sokam Holding

Interview de Mme. Elphine KAKUDJI – Founder & CEO de SOKAM HOLDING

Monde Économique : Gaz, électricité, essence… les tarifs de l’énergie sont en forte augmentation depuis plusieurs mois. En cause, la hausse de la demande mondiale, tirée par la reprise économique post-crise du Covid. Quelle est votre appréciation de la situation ?

Elphine KAKUDJI : Le système économique mondial étant dynamique et non pas statique, le prix du carburant est ainsi lié au prix du baril de pétrole. La production mondiale ayant chuté de 9% par rapport à 2019, (période pré-pandémie), il fallait s’attendre à une hausse des tarifs de l’énergie et plus précisément du pétrole avec la reprise économique. 

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) a par exemple atteint son pic le plus haut en comparaison des 7 dernières années et le prix référentiel du Brent qui en avril 2020, en pleine crise sanitaire était passé sous la barre des 20 dollars, a aujourd’hui augmenté. Lors de la période creuse causée par la pandémie COVID-19 la production d’une manière générale s’est dépréciée et la baisse des activités, donc de la demande a suivi. Cela a impacté considérablement l’offre car il n’y avait plus de besoin.

Selon moi, il faudrait que les différents États créent les conditions nécessaires en vue de maintenir les investissements déjà consentis et de soutenir les entreprises et plus particulièrement les PME car ce sont elles qui favorisent la création de richesses. La négociation avec les États est également importante afin de bénéficier d’un accompagnement harmonieux pendant cette période post-COVID-19 et avoir accès aux crédits en vue d’améliorer la production pour répondre à la forte demande. Il faut donc établir des synergies selon les secteurs de production.

Monde Économique : On a observé dans plusieurs pays, inquiétude et colère face à la hausse des prix du carburant. En Europe, les gouvernements sont en train de mettre en place des mesures. En Afrique, rien de tel. De quels leviers disposent les pays africains pour réduire l’impact de cette flambée des prix ?

Elphine KAKUDJI : Pour répondre à votre question, il faut souligner que le prix des produits pétroliers sont homologués et définis dans la structure des prix publiés par les ministères de l’économie nationale. Je vais prendre le cas de mon pays (la République Démocratique du Congo), l’État congolais prend en charge certains frais et taxes en vue de maintenir l’équilibre et la stabilité sociale étant donné que les produits énergétiques sont hautement stratégiques et impactent plusieurs autres secteurs de la société.

Nous avons connu une augmentation de l’ordre de 28% suivant l’évolution actuelle du prix moyen frontière « PMF ». Pour pallier à cela, les sociétés pétrolières ont été forcées d’établir une augmentation progressive des prix en 3 étapes afin de maintenir un équilibre social.  Une nouvelle structure des prix des produits pétroliers a été signée le 24 juillet 2021 par le Ministre de l’Économie et, ainsi, les prix des produits pétroliers à la pompe ont progressé de manière échelonnée pour ne pas frapper trop fortement le pouvoir d’achat des congolais.

Par ailleurs un comité d’amortissement examine les différentes pertes et manques à gagner subis par les sociétés pétrolières qui seront présentés à l’état pour des dispositions compensatoires.

Monde Économique : Vous êtes aujourd’hui à la tête de SOKAM HOLDING, une société basée à Kinshasa (Congo) et spécialisée dans la distribution de produits pétroliers. Pensez-vous que les entreprises africaines telles que la vôtre peuvent dorénavant s’imposer face aux géants internationaux ? Si oui, quels sont vos atouts.

Elphine KAKUDJI : Nous sommes des pétroliers nationaux évoluant dans la même profession que les Majors. Les Majors sont toutefois plutôt orientés vers le profit, alors que les sociétés africaines progressent chacune dans leur pays où elles doivent réellement créer des richesses afin d’améliorer les conditions de vie de la population.

L’un des atouts majeurs de SOKAM est la connaissance de l’arrière-pays, là où les Majors ne vont pas. Dans le Congo profond, on observe une forte demande que l’on ne peut satisfaire. Nous détenons par conséquent la maîtrise du marché local et nous bénéficions de la proximité avec les populations. SOKAM a réussi à mener une stratégie performante sur le long terme, techniquement, financièrement et nous sommes parvenus à gagner une autonomie décisionnelle. Je dirais que nous avons encore du chemin à parcourir mais que nous sommes sur la bonne voie.

Monde Économique : Vous avez démarré par la vente de carburant au coin de la rue. Aujourd’hui, SOKAM HOLDING est l’un des grands acteurs de l’économie congolaise. Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur le développement de votre entreprise ?

Elphine KAKUDJI : SOKAM HOLDING est aujourd’hui une entreprise stable, constante et respectée en RD. Congo. Notre nouveau challenge est maintenant d’accéder à la scène internationale en créant des synergies avec d’autres entreprises pétrolières pour amener notre pays la RD Congo et l’Afrique encore plus loin. SOKAM est en permanente évolution et nous avons de multiples ambitions pour le futur, notamment dans la diversification de nos produits et l’acquisition de nouvelles entreprises.

Monde Économique : Le Monde Economique A quoi devez-vous faire face aujourd’hui ?

Elphine KAKUDJI : Nous devons nous adapter à la conjoncture actuelle et à l’évolution économique liées à la situation post COVID-19. La solution serait un système de facilitation et d’accès aux financements mis en place par l’État congolais permettant ainsi l’amélioration de la production de notre secteur d’activité.

Monde Économique : Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes filles africaines qui pourraient prendre l’exemple de votre parcours comme un modèle de réussite ?

Elphine KAKUDJI : Je me suis lancée au départ pour joindre les deux bouts du mois, mais j’avais la passion en moi et une vision claire de là où je voulais aller. Je vous encourage à être  les actrices de vos vies. Utilisez l’échec comme un moteur de réussite, persévérez, soyez patientes, suivez votre instinct, visez toujours l’excellence, aimez ce que vous faites même dans vos faibles commencements et quand vous arriverez au sommet restez reconnaissantes et attachées au Seigneur.

Pour plus d’informations https://sokam-holding.com/

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