Interview Hervé Grosfilley: « « Le portage salarial est une solution souple et efficace »

28 mars 2021

Interview Hervé Grosfilley: « « Le portage salarial est une solution souple et efficace »

Peu connu en Suisse, le portage salarial offre pourtant de nombreux avantages, notamment aux consultants sans statuts, aux indépendants et aux créateurs d’entreprise. En adéquation avec les nouveaux modes de travail, ce système est appelé à se développer, comme l’explique Hervé Grosfilley, directeur général de MITC, société spécialisée dans cette activité en Suisse depuis plus de 20 ans.

Monde Economique : En quoi consiste le portage salarial ?

Hervé Grosfilley:
D’abord il faut savoir que ce système s’adresse à de nombreux actifs parmi lesquels des créateurs ou repreneurs d’entreprise, des jeunes diplômés, des consultants, mais aussi des cadres et des employés à la recherche d’un emploi ou encore des préretraités.
Le portage salarial peut être défini comme une relation tripartite entre une société comme la nôtre, un salarié dit « porté » et l’entreprise où travaille le salarié « porté ». Prenons un exemple concret. Un consultant est contacté par une entreprise avec laquelle il a déjà travaillé ou qu’il a lui-même démarchée. Celle-ci lui confie un mandat. Le consultant peut l’accepter et gérer lui-même toute la partie administrative qui en découle ou il peut s’adresser à une société de portage salarial qui le fera à sa place. Le consultant est alors engagé pour une durée déterminée par MITC, par exemple, qui joue le rôle d’intermédiaire. MITC effectue le contrat de prestation de service avec l’entreprise cliente en embauchant le consultant comme salarié.

Monde Economique : Quel est l’avantage pour le salarié « porté » ?

Hervé Grosfilley:
Les avantages sont vraiment nombreux, mais le premier est, très probablement, de bénéficier de la sécurité d’un salarié. Pendant la durée du contrat de travail avec l’entreprise de portage, le salarié bénéficie d’un salaire versé en temps et en heure, d’un paiement des cotisations retraite, des assurances chômage, accident professionnel et non professionnel, ainsi que de l’assurance perte de gain. Il a aussi, bien évidemment, droit aux congés payés.
Parallèlement, le salarié « porté » conserve toute son indépendance puisque c’est à lui de trouver ses clients, d’établir les termes du projet et de négocier ses prix. La société de portage ne prend le relais que lors de l’établissement du contrat.
Pour le reste, le salarié « porté » est libre de s’organiser comme il le souhaite, de choisir son lieu de travail et ses horaires.

Monde Economique : Par choix de vie personnel ou par nécessité économique après un licenciement, le nombre de salariés désireux de créer leur entreprise progresse. Le portage salarial peut-il être une solution pour eux ? 

Hervé Grosfilley: Bien sûr! Il évite les coûts liés à la création de leur entreprise ainsi que l’administration dont la comptabilité, qui est essentielle au développement de toute société. Or, les clients prennent de plus en plus de temps à payer. Aujourd’hui, les délais de paiement dépassent largement les 30 jours, ce qui est intenable pour une jeune entreprise ou un indépendant. Une société de portage est en mesure d’effectuer le suivi des clients grâce à ses comptables et de permettre ainsi à l’entrepreneur de tenir financièrement et de se concentrer sur la recherche de clients.
Par ailleurs, l’entreprenariat n’étant pas sans risque, si le projet ne fonctionne pas, le salarié « porté » n’aura pas à liquider sa société et il aura droit au chômage le temps de rebondir.

Monde Economique : Comment les entreprises perçoivent-elles le recours au portage salarial ?

Hervé Grosfilley: C’est un concept encore peu connu, mais les entreprises sont très réceptives, surtout dans ce contexte de crise sanitaire où, malheureusement, beaucoup d’entre elles risquent de devoir licencier. Le portage salarial leur offre une vraie souplesse. En effet, si une entreprise n’est plus en mesure d’assurer un travail à 100% à ses employés, elle peut par contre être à même de les engager à 50 ou 60%.
Les entreprises sont aussi tentées de recourir plus spontanément aux services d’un consultant, par exemple, car elles n’ont pas à l’engager et ne doivent pas assumer les tâches administratives. Cette flexibilité est utile.

Monde Economique : A l’avenir, le portage salarial est donc appelé à se développer ?  

Hervé Grosfilley: Oui, car il correspond aux nouveaux modes de travailler que l’on rencontre partout à travers le monde. Aux Etats-Unis, par exemple, plus de 60% des personnes actives ne bénéficient pas d’un contrat de travail à durée indéterminée de la part de l’entreprise qui les engage. Le portage salarial peut donc être pour elles une solution simple et efficace entre deux contrats.

Patricia Gagnon

Pour plus d’information http://www.mitc-consulting.com

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