Au cœur de la région du Limousin (F) est testée depuis janvier une portion de route recouverte d’un bitume beige clair, « lumineux », éclairé par des lampadaires spéciaux. Ce système, appelé Lumiroute, devrait permettre à la ville de Limoges de faire 60% d’économies sur sa facture annuelle d’électricité. Concrètement, il s’agit d’un bitume classique élaboré à base de pétrole, ensuite mélangé à du sable clair et des pigments de couleur reflétant la lumière. Ainsi, les anciens lampadaires qui éclairaient cette portion de route ont été remplacés par des éclairages LEDS, moins gourmands en électricité à performance d’éclairage identique. Leur principal avantage est de pouvoir adapter l’intensité lumineuse au besoin réel.

L’un des objectifs de cette expérience est d’optimiser l’intensité lumineuse sur la voie : des études ont démontré que nos chaussées étaient beaucoup trop éclairées, et le gaspillage d’énergie astronomique !

Deux tronçons routiers 2×2 voies sont actuellement testés à l’entrée de la ville de Limoges ; cet enrobé est légèrement plus coûteux qu’un bitumine classique, mais son amortissement sera réalisé sous 3 ans. Ensuite, la municipalité économisera 60% d’énergie électrique pour éclairer ses routes. L’entreprise qui a mis au point cet ingénieux système, a été retenue par le Ministère de l’Ecologie pour ses qualités d’innovation, respectueuses de l’environnement. Elle travaille également sur d’autres projets ambitieux, dont un bitume recyclé, moins consommateur de matières premières (donc de pétrole) ; ainsi qu’un bitume « silencieux » qui réduit les nuisances sonores issues du roulement des véhicules !

Ces perspectives d’amélioration pourraient trouver écho auprès de nos élus, soucieux de la qualité de vie de leurs administrés ; eux qui se plaignent, à raison, de l’engorgement croissant des villes par les véhicules ou du stress croissant engendré par l’augmentation du niveau sonore…

Des lampadaires fluorescents sous vos pieds

Alors que certains gouvernements s’interrogent sur l’effet néfaste de l’éclairage nocturne sur la biodiversité, une petite révolution est en train de se préparer en Angleterre : supprimer les lampadaires dans les rues ! En France voisine, on estime que la consommation totale annuelle des éclairages nocturnes correspond à la production électrique de deux réacteurs nucléaires ; soit l’équivalent de 700’000 foyers éclairés à l’année…

Quid de ne plus avoir recours à l’électricité pour illuminer nos rues & éclairer nos voies pédestres la nuit ?

Ce sera bientôt possible grâce à une entreprise britannique qui a mis au point un nouveau procédé aussi simple qu’efficace : il suffit de pulvériser au sol à l’aide d’un spray une matière qui absorbe et emmagasine la lumière pendant la journée ; puis la rediffuse dès que l’obscurité commence à tomber. Dès lors, le chemin devient fluorescent, apparaît en couleur claire (blanc) afin de guider le piéton. En plus de générer des économies d’électricité, l’autre avantage réside dans sa grande facilité de mise en place (génie civil, alimentation électrique) : il s’applique sur n’importe quel support ou revêtement (béton, asphalte, bois, graviers) ; on y ajoute par-dessus une couche de protection transparente, rendant ainsi la surface résistante à l’eau mais surtout antidérapante. La pose ne dure pas plus d’une demi-heure !…

Pour l’instant, cette technologie est testée dans un parc de Cambridge et couvre environ 140 m² au sol ; elle a nécessité moins de 4 heures pour sa mise en place. L’entreprise voit plus loin : elle vise en particulier les pays émergents oú l’approvisionnement en électricité n’est pas toujours très fiable. Au-delà de cette perspective mondiale, c’est surtout une véritable source d’économie d’énergie pour les communes & les villes, désireuses de réduire leurs coûts de fonctionnement tout en préservant l’environnement. Une alternative bien plus réaliste & pérenne que le récent Earth Hour, qui a vu de grandes métropoles s’éteindre pendant 1 heure au prix d’une débauche d’énergie de communication de grande envergure…

A l’heure oú économies d’énergie & protection de l’environnement semblent converger, une telle innovation ne peut laisser nos décideurs dans la pénombre. Au-delà du changement de comportement se pose la question du rôle prépondérant des villes, devenues de véritables « vitrines technologiques » au service du Développement Durable. Réjouissons-nous de cette lumineuse perspective, qui rime avec locomotive !

Christophe Royer, Expert pour le magazine Le Monde Economique et Directeur Exécutif au sein du Bureau d’Ingénieurs-Conseils Swiss Energy Efficiency Sàrl.