Japon : des femmes, des robots mais pas d’immigrés !

20 mai 2015

Japon : des femmes, des robots mais pas d’immigrés !

Baisse dramatique des naissances, départs massifs à la retraite des baby boomer, le Japon est confronté à une menace sur sa population. Menace qui en plus des effets démographiques aura à court terme des effets économiques.

Alors que tous les pays occidentaux continuent d’avoir recours à l’immigration pour compenser la baisse de la natalité, le Japon s’y refuse toujours. Et ce historiquement et au nom de la sacro-sainte homogénéité ethnique et culturelle nipponne.

Les rares fois où Tokyo a décidé d’ouvrir ses frontières c’était dans un cadre et pour une durées biens délimités. Seuls les descendants de migrants Japonais ont eu ce privilège.

L’intégration de ces Japonais d’outremer s’étant plus ou moins bien passée, les gouvernements successifs ont refusé d’octroyer massivement des visas. Désormais, il faut montrer patte blanche. Seuls les plus qualifiés peuvent prétendre à immigrer. De même, certaines professions en tension bénéficient toutefois de passe-droit. Ainsi, chaque année, des fournées d’infirmières et autres aide soignants sont recrutés dans tout le Sud Ouest asiatique. L’objectif étant de palier au manque de vocation et de main d’œuvre dans l’Archipel.

Mais là encore, les Japonais ne sont pas prêts à ouvrir les vannes. Nombre de sociétés planchent sur des solutions robotisées pour venir en aide à leurs anciens. Certains en sont même à regretter que les personnes âgées préfèrent un contact humain avec un(e) étranger(e) plutôt qu’avec un bon robot « made in Japan »…

Cependant, les temps changent et dans un récent sondage, 51 % des Japonais se disaient favorables à l’arrivée d’étrangers pour palier le manque de main d’œuvre. Pourcentage qui a doublé en cinq ans !

Mais si les mentalités évoluent, ce n’est pas encore le cas des politiques.

Haruko Arimura, l’actuelle ministre des droits des femmes et de l’égalité des sexes, parle même d’ouvrir la boîte de Pandore si le Japon venait, ne serait-ce qu’à faciliter, l’installation des étrangers sur le sol de l’archipel. La ministre préfère de loin que l’on favorise l’emploi des femmes afin de palier à la diminution de la main d’œuvre. Mais c’est bien là que le bât blesse. Comment attirer les femmes vers le monde du travail, tout en leur faisant faire plus d’enfants, dans un pays où la règle veut que la jeune mère cesse toute activité professionnelle pour élever sa progéniture ?

De nos jours encore, nombreuses sont les Japonaises qui doivent choisir entre la maternité et leur carrière.

Pourtant, il y a urgence. Chaque année la population du Japon diminue. L’an dernier, elle a même retrouvé le niveau qui était le sien en l’an 2000 avec 127 083 000 habitants.

De nombreux économistes et sociologues estiment que la population japonaise devrait se stabiliser aux alentours de 90 millions d’habitants. Ils prédisent même les effets bénéfiques de ce chiffre : moins de monde, plus de place, des appartements plus grands et surtout le plein emploi.

Cependant, des prévisions les plus alarmistes tablent sur une diminution des trois quart de la population du Japon d’ici cent ans si rien n’est fait. L’ONU de son côté estime que pour enrayer cette perte de population devrait au minimum accueillir 650 000 étrangers par an quand le pays n’ouvre se portes que pour 200 000 d’entre eux les bonnes années.

Conscient ce cet état de fait, le premier Ministre Shizo Abe a décidé d’accroître le nombre de visas de travail pour les étrangers… Mais pour des périodes courtes : des stages. Décision qui devrait permettre de couvrir les besoins en main d’œuvre d’ici aux JO de 2020.

Mais toutes ces non mesures ont un effet pervers. Si une population limitée (et homogène) peut être la solution dans un espace clos, cela n’est pas forcément vrai à l’heure de la mondialisation. Et si le Japon entend continuer à jouer les premiers rôles dans la zone, il devra se baser sur une population forte.

En Chine, la pression démographique est toujours plus forte. Parallèlement, les points d’achoppement entre les deux pays n’ont jamais été aussi nombreux. Si la lutte économique est un fait, mais pas sûr que le Japon fasse le poids face à un voisin aux velléités expansionnistes de plus en plus décomplexées !

 

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