Edito de Thierry Dime: « Je rêve d’un nouveau modèle sociétal où chacun trouvera sa juste place »

17 février 2022

Edito de Thierry Dime: « Je rêve d’un nouveau modèle sociétal où chacun trouvera sa juste place »

La reprise économique se fait sentir, les chiffres sont encourageants et l’espoir de voir renaître la vie normale devient de moins en moins chimérique. On se surprend à être heureux et on redécouvre avec joie le côté ensoleillé de la vie et les petits bonheurs dont l’existence est parsemée, en temps normal.  Notre vision de « vie normale » est restée bien la même. Mais nous, nous ne le sommes plus. Tout en savourant la joie retrouvée, nous sommes désormais conscients de sa fragilité, de ses limites. L’ombre de la mort est passée sur les heureuses sociétés de consommation qui étaient les nôtres et nous a poussés à réviser nos priorités et nos valeurs.

Les confinements sanitaires qui se sont succédés au cours des deux dernières années ont donné lieu – et largement accordé le temps – à une réflexion sérieuse sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie tout court. Le travail, tel qu’il avait fini par devenir avant la crise épidémique, cette course forcenée contre la montre, ce marathon accompagné de stress, de tensions avec une hiérarchie et des collègues, de risque de harcèlement et de burnout, ce travail-là ne convainc plus. Même son ultime argument – la possibilité qu’il donne de s’enrichir et « vivre mieux » – s’essouffle. Il perd la force de persuasion qu’il possédait encore dans le passé…

Des phénomènes significatifs, contraires à la course au gain tellement caractéristique de ce passé plutôt récent, prennent, en revanche, de l’ampleur outre-Atlantique. Aux Etats-Unis, plus de 3 % de l’ensemble des salariés du secteur privé ont quitté volontairement leur travail au cours des derniers mois : du jamais vu depuis 2000, année où des statistiques mensuelles sur les démissions ont été mises en place. Ce « Big Quit » ou « Great Resignation » risque de toucher l’Europe tout prochainement.

Mais la « Grande Démission » est également une sorte de réaction à cette injustice flagrante, pourtant devenue banale de nos jours, qui consiste à limiter (voire à bloquer) la participation des employés aux bénéfices de leur entreprise, bénéfices finalement versés en dividendes aux principaux actionnaires. Spolier ainsi les créateurs des richesses de ce qui leur est manifestement dû n’est certainement pas fait pour retenir ces derniers dans l’entreprise ; tout au contraire, des abus aussi patents les en détournent.

La tendance au « Big Quit » et à la « Great Resignation » va-t-elle inquiéter certaines consciences ? Va-t-elle pousser à une meilleure redistribution des biens et des richesses ? Dévoilant les contradictions et les dysfonctionnements de cette même société, la crise sanitaire a déjà contribué à pulvériser un bon nombre de fausses certitudes, de clichés et de stéréotypes. Les prévisions les plus hardies affirment que cette épreuve finira par accoucher d’un nouveau modèle sociétal qui sera basé sur l’équité et où chacun trouvera sa juste place. 

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