On la savait riche de toutes sortes de ressources naturelles mais on ignorait, ou presque, sa richesse cachée : l’inventivité de ses habitants, leur esprit de créativité et leur inépuisable imagination à trouver des astuces et des expédients pour s’extirper de la pauvreté. Ce potentiel commence à se révéler au grand jour seulement maintenant, à l’ère de l’Internet, quand, dans une heureuse symbiose avec les moyens numériques, les Africains se mettent à innover, à créer des startups et à recueillir les fruits que donne l’initiative personnelle dans le domaine technologique et plus généralement économique.
En effet, quand la débrouillardise habituelle se combine avec les acquisitions de la haute technologie, les résultats sont impressionnants. Des niches intéressantes à exploiter et à cultiver sont ainsi découvertes et de nouveaux emplois créés. Certes, parfois ceux-ci sont fragiles et précaires mais, ayant longtemps vécu dans l’instabilité économique et la fragilité institutionnelle, les Africains ne dramatisent pas l’effet de type « uberisation » qui font, au contraire, tant peur aux Européens. A la différence du reste du monde encore, le gain n’est pas l’unique motivation de l’innovation africaine : du fait même de la précarité des conditions mais aussi grâce à un esprit originel d’entraide et de mutualisme, il y a un authentique désir de la part des innovateurs à rendre service à leur communauté et à être utiles.
La tendance accusée ces dernières années, dans tous les pays du monde, d’une croissance du PIB grâce à l’accès aux nouvelles technologies, se confirme pleinement en Afrique. On prévoit qu’en 2025, la contribution du numérique au PIB annuel africain rattrapera celui de la Suède (source : le journal Le Monde). De plus en plus « connecté », le continent noir sort de la pauvreté absolue et s’oriente vers davantage de prospérité. Plus encore – il ambitionne sa propre Silicon Valley. La ville sud- africaine du Cap (Cape Town), ville universitaire, riche en traditions et en potentiel intellectuel humain, s’affirme de plus en plus comme ce pôle d’innovation qui concentrera les compétences « noires » en matière de haute technologie. Une telle « Silicon Cape » ne fera que justifier davantage les prévisions de plus en plus insistantes de ceux qui voient l’avenir de l’innovation … bel et bien en Afrique.
Ces prévisions se basent avant tout sur des chiffres : l’explosion démographique sur le continent noir est telle que d’ici 2025, un tiers de la population mondiale sera africaine. L’innovation le sera forcément aussi. Mais cette raison purement démographique n’amoindrit en rien l’authentique contribution africaine à l’innovation. Des plates- formes comme Ushahidi ou M-Pesa, le système de paiement par téléphones mobiles interposés sont parmi les meilleurs exemples de cette contribution. Les « jeunes pousses » qui se développent sur le très fertile sol africain deviennent de plus en plus nombreuses ; elles essaient d’apporter des solutions innovantes à des besoins spécifiques dans le domaine de l’agriculture, du commerce, de l’éducation, de la santé. La création et la croissance de ces startups est encouragée par différentes initiatives dont ces compétitions créatives qui, sous forme de concours, visent aussi à mettre en contact les entrepreneurs avec d’autres acteurs importants tels que des sponsors, des institutions et même des investisseurs.
Le Seedstars Summit, compétition mondiale de startups de pays émergents dont la finale a le plus souvent lieu en Suisse (à Lausanne, cette année), est dans ce sens un événement particulièrement intéressant pour les « jeunes pousses » : il donne notamment à leurs créateurs et responsables la possibilité d’entrer en lien direct avec des investisseurs occidentaux. Il s’agit de rapprocher les premiers avec les seconds étant donné que les Occidentaux sont encore assez frileux face à l’ardente Afrique quand il s’agit de s’y engager financièrement. Certes, des problèmes fâcheux existant aussi dans d’autres continents et pays émergentes persistent sur le sol africain : la corruption, l’instabilité politique et même la criminalité. Mais les risques à prendre deviennent de plus en plus moindres par rapport aux possibles bénéfices qui attendent les investisseurs étrangers dans une Afrique effervescente d’idées innovantes et enthousiaste à construire, ensemble avec d’autres partenaires, un avenir meilleur.