L’entrepreneur et l’accélération des changements

4 août 2015

L’entrepreneur et l’accélération des changements

Nous vivons dans un monde qui s’accélère. Les entreprises naissent et meurent dans des cycles qui se réduisent. Comment l’entrepreneur peut-il adapter sa structure à cet environnement mouvant pour assurer sa pérennité?

En 1955, il fallait 25 ans pour que la moitié des sociétés du Fortune 500 soient remplacées alors que 12 ans suffisent en 19951. L’entreprise doit faire face à de multiples changements simultanés :

  • Les modifications réglementaires : La crise économique survenue suite au 11 septembre 2001 et des scandales financiers spectaculaires (faillites d’Enron, de Wordlcom, crise des subprimes) ont accéléré le processus de réglementation.
  • La révolution du numérique: Les technologies de l’information apportent aux entreprises qui savent en tirer parti des améliorations opérationnelles significatives. Cela modifie le contexte concurrentiel ou rend complètement obsolète certains business modèles. Le cas de l’entreprise Kodak ou l’émergence d’Airbnb en sont des exemples parlants.
  • L’instabilité politique: Les changements géopolitiques, l’augmentation des zones de conflits, l’accroissement du risque terroriste, la crise de la zone euro et l’abolition du taux plancher de 1,20 CHF crée une zone d’incertitude sans précédent.
  • Le risque humain (fraudes): Les pressions croissantes de résultat et la crise économique augmentent le risque humain. En 2008, la perte de 5 milliards d’euros dans l’affaire Kerviel puis la liste volée des comptes clients d’HSBC en sont une démonstration.

Ce monde en changement permanent engendre d’indéniables opportunités et des risques que les entrepreneurs doivent identifier et estimer afin de les gérer efficacement. Alors comment l’entrepreneur peut-il profiter des opportunités tout en se prémunissant au mieux des risques ?

« La chance favorise ceux qui y sont préparés » Louis Pasteur

La réponse réside dans une bonne gouvernance d’entreprise, une identification efficace des risques et des hommes dotés de qualités de leadership, d’intégrité et ouverts au sens critique.

  • 1Une bonne gouvernance d’entreprise permet à l’entreprise d’atteindre ses objectifs. Elle suppose une séparation et une définition claire des rôles et responsabilités entre les fonctions d’administrateurs et les fonctions de directions. Au conseil d’Administration revient la fonction de surveillance et la définition de la tolérance au risque de l’entreprise. A la Direction revient la charge de mettre en œuvre la stratégie et la gestion opérationnelle de l’entreprise.
  • 2La diversité managériale : Le plus difficile dans la gestion des risques est l’identification première de ceux-ci. L’entrepreneur ne peut être omniscient, il a donc besoin de s’entourer de collaborateurs aux profils et aux parcours variés. Cette diversité est la meilleure assurance contre une pensée managériale unique qui augmente la probabilité d’omettre un risque important.
  • 3Le « Tone at the top » : L’exemplarité et l’atmosphère éthique créée dans l’entreprise par les dirigeants est un élément clé mis en avant dans le référentiel COSO3 (système intégré de Contrôle Interne) pour prévenir notamment le risque humain. Si les administrateurs et dirigeants ne respectent pas les principes éthiques et les valeurs qui fondent l’entreprise, les salariés auront tendance à agir de même précipitant ainsi ses fondements et son existence. Ainsi, le code éthique exhaustif de la FIFA n’a pas permis à l’ONG d’échapper au scandale dû à la corruption de ses dirigeants.
  • 4Des revues indépendantes : Les sociétés cotées en bourse ou actives dans le secteur financier intègrent en interne une fonction indépendante d’assurance et d’évaluation nommée l’Audit Interne ou l’Inspection Générale. Ces revues permettent d’avoir une opinion indépendante sur le fonctionnement effectif de la société et sa capacité à atteindre son objectif. Elles assurent une diffusion de l’information au sein de la direction et du conseil d’administration. Elle évite l’isolement du management, permet l’échange de bonnes pratiques et une meilleure gestion des risques stratégiques, légaux et opérationnels.

En conclusion, le monde qui s’accélère va irrémédiablement conduire l’entreprise a plus de vertu, de transparence et à la mise en place d’évaluations indépendantes.

Vincent Mirabel,

Fondateur et Directeur, ASC Léman

Linkedin : https://ch.linkedin.com/in/vincentmirabel

Note 1 : Dane Stangler and sam Arbesman, Ewing Marion Kauffman Foundation, What does Fortune 500 Turnover mean ?

Note 2 : Committee Of Sponsoring organizations of the Treadway Commission, Internal Control – Inegrated Framework (2013)

 

Recommandé pour vous