Par Olivier de Berranger, CIO, La Financière de l’Echiquier
Une nouvelle fois, l’inflation à la consommation américaine a surpris à la hausse en septembre dernier. Le panier de consommation hors énergie et alimentation a connu un renchérissement de 6,6% sur un an, un record depuis 1982.
Certes, un nombre important de biens commencent à voir leur prix refluer grâce à des chaînes d’approvisionnement qui se détendent après les perturbations liées à la Covid. Mais, concernant les services, les tensions sur les prix sont encore importantes et se renforcent. Chaque grand poste est en hausse aussi bien sur septembre que sur un an.
Pourquoi cette situation oblige-t-elle la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) à durcir une nouvelle fois sa politique monétaire ? Les contributeurs à la hausse des prix n’ont pas tous la même inertie. Certains sont très volatils. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’énergie et l’alimentation sont exclues de l’inflation cœur, la boussole de la FED. D’autres sont en revanche plus « collants ». Une fois en tension, des mois sont nécessaires avant qu’une tendance puisse se renverser.
L’exemple typique est le logement. Le marché immobilier a beau commencer à montrer de premiers signes d’accalmie, comme en témoigne ces derniers mois les diminutions des mises en chantier ou des ventes de logement neufs, grevées par la flambée des taux hypothécaires : le taux de référence à 30 ans a déjà doublé depuis le début d’année en dépassant les 7%. Pour un acheteur immobilier, cela signifie simplement que le coût de l’emprunt dépasse désormais le montant emprunté. Cependant, jusqu’à maintenant, les loyers et l’estimation du coût du logement pour les propriétaires continuent de croître : 0,8% sur le seul mois de septembre. Aux Etats-Unis comme ailleurs, le logement est le principal poste de dépense des ménages pesant 40% dans le panier moyen d’inflation américain. Cela en fait le poste le plus perceptible au moment venu de faire les comptes. Cette dépense pourrait potentiellement être l’élément déclencheur d’une spirale prix-salaire : lorsque le pouvoir d’achat s’érode, les revendications salariales deviennent plus dures et la mobilité professionnelle s’accentue pour rechercher un poste plus rémunérateur, alimentant ainsi les prix à la hausse.
Comme pour ôter un chewing-gum agrippé à une semelle, la méthode qui semble la plus favorable à la lutte contre l’inflation est le refroidissement brutal de l’économie. Plus efficace que les tentatives par petites touches. Si la Fed souhaite agir activement contre l’inflation, le risque d’étouffer la croissance, quitte à provoquer une récession, semble nécessaire.
Rédaction achevée le 17.10.2022
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