Marché (ré)émergent doté d’un bassin de 80 millions de consommateurs potentiels, l’Iran attise toutes les convoitises depuis la levée partielle des sanctions économiques en 2016. La Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) a pu vérifier l’attrait de ce marché à la faveur de la délégation économique qu’elle y a organisé, conjointement avec l’Etat de Genève en 2016, et avec le précieux appui de la Chambre de commerce Iran – Suisse ; conduite par le Conseiller d’Etat chargé de la sécurité et de l’économie Pierre Maudet, celle-ci a vu plus d’une cinquantaine d’entrepreneurs s’imprégner des réalités de ce terreau économique fertile.

Au gré de réunions à haut niveau, de visites d’entreprises prometteuses, comme d’un forum d’investisseurs destiné à mettre en exergue les pôles de compétences de Genève (auquel plus de 200 décideurs prirent part), les chefs d’entreprises ont été en capacité de se familiariser avec la réalité complexe d’une juridiction, souvent méconnue mais riche d’un potentiel conséquent.

Chacun a pu y mesurer le capital de confiance dont bénéfice la Suisse, notre pays ayant entretenu de longue date des relations nourries avec Téhéran (et y représentant les intérêts américains) ; le « Swiss made », symbole de fiabilité, associé à la dimension internationale qui forge l’ADN de Genève, ont suscité un intérêt marqué auprès des acteurs économiques iraniens, dont certains ont choisi Genève pour y développer leurs activités, en terrain neutre et stable, au cœur de l’Europe. Cette mission économique fut également l’occasion pour les représentants genevois de nouer des partenariats locaux, voire d’y asseoir une présence physique, à l’image d’un cabinet de conseil en investissements et d’une étude d’avocats genevois dont la délégation a inauguré l’ouverture d’un bureau sur sol iranien.

Au-delà des parts de marchés ainsi capturées, cette opération a également permis à l’entier de la délégation de découvrir les facettes d’une culture millénaire (à Ispahan notamment, deuxième étape du périple et cité aussi riche culturellement que sur le plan industriel), marquée par une jeunesse éduquée (et éprise d’ouverture sur le monde, comme en témoigne une visite du centre de l’innovation de l’Université Sharif), souvent éloignées des stéréotypes véhiculés en dehors des frontières perses.

Espérons qu’en dépit des crispations protectionnistes et des tensions géopolitiques, le développement – économique, comme humain – de l’Iran ne fera pas les frais des aléas internationaux, et des luttes internes, et gageons que la croissance économique constitue la meilleure réponse aux tentations de repli, comme aux défis sécuritaires actuels ; la Suisse dispose d’une carte majeure à jouer, pour y contribuer.

A propos de l’auteur

Vincent Subilia est le Directeur général adjoint de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCGI)