Par Olivier de Berranger, CIO, La Financière de l’Echiquier
Une inflation sous-jacente qui progresse moins qu’attendu en mars, des prix de véhicules d’occasion qui chutent, une inflation immobilière qui ralentit… Il n’en fallait pas plus pour qu’à l’issue de la dernière publication sur l’inflation américaine soit évoquée la possible atteinte d’un pic d’inflation. De manière tout à fait anachronique, on a vu réapparaître le terme de « transitoire », alors que l’inflation est élevée aux Etats-Unis depuis près d’un an et qu’elle devrait le rester de longs mois encore. Il n’en reste pas moins que si l’indice global des prix a connu une nouvelle accélération en raison de la flambée des prix de l’énergie, l’indice cœur semble marquer le pas. Avant de décroître ? A ce stade, rien n’est moins sûr.
D’abord, bien entendu, un point ne fait pas la tendance. Et par ailleurs, alors que l’inflation accélère depuis près d’un an aux États-Unis, les effets de base seront plus favorables, les prix au printemps 2021 étant déjà élevés alors qu’ils étaient très faibles au printemps 2020. D’un simple point de vue mathématique, il est donc probable que l’inflation accélère moins dans les mois à venir. Pour autant, cela ne signifie pas qu’elle puisse clairement ralentir. Certaines composantes qui avaient fortement contribué à l’inflation il y a un an vont certes voir leurs prix se modérer, voire baisser, comme c’est le cas pour les véhicules d’occasion.
Néanmoins, il paraît peu probable à ce stade que les pressions inflationnistes se modèrent fortement. Au-delà de la question énergétique, ce sont surtout les tensions sur les chaînes de production et d’approvisionnement mondiales qui s’intensifient de nouveau, en particulier à cause de la forte résurgence du covid en Chine et des fermetures massives engendrées par la politique « zéro covid » du pays. Près de 500 navires cargos étaient ainsi par exemple bloqués dans les ports chinois la semaine dernière. Si ce regain de perturbations n’affecte pas immédiatement les prix à la consommation, on constate que les prix à la production ne montrent quant à eux aucun signe d’accalmie. Ainsi, les prix à la production des biens finis connaissent-ils aux Etats-Unis leur plus forte hausse depuis 1975, après une nouvelle progression mensuelle de 1,9%.
Il ne faut donc pas surinterpréter la relative accalmie de l’inflation américaine. Surtout, cela ne remettra nullement en cause la trajectoire de normalisation de la Réserve fédérale, qui va resserrer drastiquement sa politique monétaire ces prochains mois. Sa priorité absolue reste la lutte contre l’inflation. La Fed a d’ailleurs été rejointe sur ce terrain par la Banque centrale européenne (BCE). En effet, à l’issue de sa réunion de jeudi dernier, la BCE a clairement indiqué que, malgré la révision à la baisse des perspectives de croissance et l’incertitude engendré par le conflit russo-ukrainien, sa priorité était de stabiliser les prix. Bien sûr, si l’inflation devait connaître, dans les prochains mois, une franche décélération, les banques centrales ajusteraient certainement le rythme de normalisation de leur politique monétaire. Mais à ce stade, rien ne l’indique et la situation en Chine n’incite pas à l’optimisme. De toute évidence, le contexte inflationniste et de hausse des taux perdurera encore de nombreux mois. Les investisseurs avisés intègreront pleinement, si ce n’est déjà fait, cette situation dans leurs choix d’allocation.
Rédaction achevée le 19.04.2022
Disclaimers :Les informations communiquées sont le résultat de recherches internes fondées sur la base des meilleures sources en notre possession et issues d’informations publiques. Elles sont réalisées par l’équipe de gestion dans le cadre de son activité de gestion d’OPC et non d’une activité d’analyse financière au sens de la réglementation. Elles ne sont pas constitutives d’un conseil en investissement. La Financière de l’Échiquier décline toute responsabilité quant à la pertinence ou à la réalisation de ses prévisions.
Retrouvez l’ensemble de nos articles Economie