À l’horizon 2050, la carte économique mondiale de l’emploi industriel sera marquée par une singularité chinoise. Une étude récente du Centre pour le développement mondial (CGD) de Washington révèle que la Chine s’apprête à renforcer sa position dominante dans le secteur manufacturier mondial, même face à une tendance générale au déclin de l’emploi industriel. Cette prévision survient malgré les efforts conscients des États-Unis et de l’Union européenne pour réduire leur dépendance envers l’industrie chinoise, efforts catalysés par les vulnérabilités exposées par la pandémie de Covid-19.
La pandémie a révélé l’extrême interconnexion de l’économie globale ainsi que la dépendance profonde aux chaînes d’approvisionnement chinoises. Les confinements mondiaux ont non seulement perturbé ces chaînes, mais ont également précipité une inflation et des retards qui perdurent. En réponse, l’Occident a tenté de diversifier ses sources d’approvisionnement et de ramener sur ses terres une partie de la production considérée comme stratégique. Le but étant de réduire les risques et de se prémunir contre de futures perturbations. La stratégie de « baisse de risques » mise en œuvre par l’UE et les États-Unis vise un double objectif. D’une part, elle cherche à rapatrier la production de biens jugés essentiels, afin de se détacher de la dépendance envers la Chine. D’autre part, elle entend limiter la montée en puissance de la Chine dans le secteur des hautes technologies, particulièrement dans la production de microprocesseurs, éléments vitaux pour le développement de l’intelligence artificielle. Les États-Unis aspirent à maintenir leur avance technologique et à préserver leur sécurité nationale dans un domaine aussi crucial.
Cependant, malgré ces initiatives, la Chine est prévue pour concentrer 43 % de l’emploi industriel mondial à l’approche de 2050. Ce phénomène suggère plusieurs implications pour l’ordre économique mondial. Tout d’abord, cela indique que la Chine continue de renforcer son rôle de « l’atelier du monde », une position qu’elle a consolidée au cours des dernières décennies grâce à une combinaison de main-d’œuvre abondante, d’une infrastructure logistique de pointe, et d’un régime fiscal favorable aux entreprises manufacturières. Deuxièmement, la prééminence chinoise dans l’industrie manufacturière pourrait signifier que les tentatives de délocalisation de la production vers d’autres régions pourraient ne pas aboutir à une diversification significative. Les capacités de production de la Chine, ainsi que son agilité à monter en gamme et à innover, lui permettent de rester compétitive malgré les changements dans la politique économique mondiale. Troisièmement, cela pose la question de la durabilité. À mesure que la Chine se développe, sa responsabilité en matière d’impact environnemental grandit également. La manière dont elle gérera cette croissance, tout en minimisant son empreinte écologique, sera un sujet de préoccupation et de discussion internationale.
Une chose est certaine, la Chine se positionne pour devenir un acteur encore plus central dans l’industrie mondiale de demain, non seulement en tant que producteur, mais aussi en tant que leader technologique. Les économies occidentales, tout en cherchant à se redéfinir dans un paysage industriel en mutation, devront naviguer avec précaution dans un environnement où l’équilibre des pouvoirs économiques continue d’évoluer rapidement. L’avenir de l’industrie mondiale sera sans aucun doute façonné par ces dynamiques, avec la Chine comme acteur de premier plan.
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