LA FEMME ET L’INTERNET

3 avril 2016

LA FEMME ET L’INTERNET

Co-fondatrice, ensemble avec Catherine Barba, de la Journée de la femme digitale dont la quatrième édition s’est tenue à Paris le 10 mars, Delphine Remy- Boutang croit que « l’ADN du digital est féminin. »

En effet, la spontanéité, la flexibilité, la fluidité, l’ingéniosité offertes ou rendues possibles par l’Internet sont bien des caractéristiques de l’univers féminin et de la manière d’agir féminine. Ajoutez à cela l’esprit du partage, la propulsion aux confidences, une certaine volubilité, une certaine curiosité, un brin d’indiscrétion, le désir d’être « the first to know » et « the first to tell the news » ainsi que la facilité de tisser des liens – et vous vous demanderez si la Toile n’est pas par hasard tissée entièrement par des femmes ! Vous admettrez d’autre part que non seulement l’ADN mais aussi l’âme du Net soit féminine.

La plaisanterie à part, il y a une véritable complicité reliant l’Internet et la femme moderne. Celle-ci est un être multifonctionnel, « multitâche », capable de poursuivre un travail tout en gardant l’oeil sur un autre champ d’activité et, en même temps – tout en surveillant enfant et… mari. Cela ne fait que l’apparenter davantage à la nature polyvalente de l’Internet et à cette concomitance d’une multitude de domaines et de fonctions différentes qui caractérise la Toile.

Il y a pourtant ceux qui croient puiser jusque dans l’Internet des arguments pour dévaloriser symboliquement la femme et l’astreindre au seul domaine des préoccupations ménagères ou des émotions familiales. Une telle vision qui certes n’ose pas s’articuler très haut et fort, présente la femme comme tapant sur le clavier avec des doigts graisseux, cherchant fébrilement quelque précision sur le plat qu’elle prépare ou alors partageant des photos de ses enfants ou de son chatons mignon tout en papotant – digitalement – avec des copines sur des sujets parfaitement insignifiants. Loin d’une telle vision où l’Internet ne ferait que confiner encore davantage la femme dans son rôle de bonne ménagère et de maman, la Toile est un puissant allié de la gent féminine dans sa longue marche vers une indépendance effective et vers une égalité professionnelle avec l’homme.

« La femme digitale est une femme libre » – a déclaré à la JFD tenue à Paris (que nous avons mentionnée plus haut), Nathalie Kosciusco- Morizet, ex-ministre française et actuelle candidate à la primaire présidentielle des Républicains pour les élections de 2017. En effet, le Net a permis à la femme d’avoir un meilleur accès au marché et au monde du travail, à améliorer la gestion de son temps et à bénéficier d’un plus juste équilibre entre vie privée et vie professionnelle tout en grimpant, dans le domaine de cette dernière, les échelons hiérarchiques avec une agilité et même avec une rapidité que l’on ne lui connaissait pas avant. Assise devant l’écran de l’ordinateur comme devant un tableau de bord, la femme est devenue plus que jamais le pilote de sa propre vie et de ses destinées.

Bien sûr, comme pour les hommes, ce pilotage peut receler des risques. Et quand on parle d’Internet d’un côté et de parité hommes- femmes de l’autre, il est logique de se demander si les deux sexes sont égaux devant le piège de la cyberdépendance. D’après le spécialiste Jean-Charles Nayebi cité par le site Doctissimo. « hommes et femmes ne présentent pas les mêmes profils dans les cyberdépendances ». Alors que « les hommes s’adonnent aux postures de dominance », avant tout à travers les différents jeux sur la Toile, les femmes « préfèrent la communication virtuelle et l’anonymat. Elles deviennent majoritairement dépendantes d’amitiés romantiques virtuelles. Elles sont plutôt dans l’achat pathologique et dans le « cyber bavardage », qu’il soit fait au travers de la messagerie instantanée, du courrier électronique ou de forums de discussion ».

 

Recommandé pour vous