LA GESTION DES RISQUES, UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE DE LA STRATEGIE D’ENTREPRISE

10 juin 2024

LA GESTION DES RISQUES, UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE DE LA STRATEGIE D’ENTREPRISE

Par *Aurélie Amselem 

Aurélie Amselem ©

Les entreprises opèrent dans un environnement de plus en plus incertain et en constante évolution. L’intensification de la réglementation, la digitalisation des activités et les changements de comportement des clients sont autant de facteurs qui complexifient la gestion courante de leurs activités. Pour faire face à ces nouveaux défis, elles doivent faire preuve d’agilité, mieux anticiper et se prémunir des menaces qui compromettraient la réalisation de leurs objectifs stratégiques ou même leur pérennité. C’est là qu’intervient la nécessité d’implémenter et de maintenir un dispositif de gestion des risques d’entreprise efficace.

Même si la notion de risque a toujours fait partie intégrante du processus de décision des dirigeants, elle n’a pas toujours été formalisée comme telle. Lorsque c’était le cas, elle était dans la plupart des cas motivée par le respect d’obligations légales plutôt que par la volonté d’en dégager une plus-value. En Suisse, les entreprises soumises au contrôle ordinaire ont aujourd’hui l’obligation de faire état de la réalisation d’une évaluation des risques dans leur rapport annuel (CO art. 961c, al 2). Par ailleurs, la gestion des risques était plutôt effectuée en silos, au sein des unités opérationnelles plutôt que centralisée dans un dispositif global. Finalement, par la nature de leurs activités, certains secteurs sont par essence plus sensibilisés à la thématique, ce qui les rend plus enclins à déployer un système de gestion des risques intégré. C’est notamment le cas du secteur financier, aéronautique ou pharmaceutique.

Quels sont les avantages d’un tel dispositif ?

La gestion des risques d’entreprise est une approche transversale et intégrée qui consiste à identifier, évaluer et traiter méthodologiquement tous types d’événements susceptibles d’avoir un impact négatif (ex : financier, image, conformité, opérationnel) sur l’entreprise, qu’ils proviennent de facteurs exogènes ou endogènes à l’organisation.

Son implémentation permet de :

  • Améliorer la performance de l’entreprise et la rendre plus résiliente grâce à la mise en place de mesures préventives permettant de réduire les incertitudes ;
  • Prendre des décisions avisées en intégrant la notion de risque dans le déploiement de la stratégie de l’organisation ;
  • Prioriser et allouer efficacement les ressources à disposition (humaines et financières) en tenant compte du niveau de criticité des risques identifiés ;
  • Augmenter la transparence envers les investisseurs et les instances dirigeantes en instaurant une communication régulière sur les risques de l’entreprise ;
  • Instaurer une culture du risque à tous les échelons de l’entreprise, la stratégie de gestion des risques étant définie par la direction générale puis déclinée au niveau des unités opérationnelles ;
  • Identifier les évènements majeurs pour lesquels un plan de gestion de crise doit être défini ;
  • Saisir les opportunités en transformant les risques identifiés en un avantage concurrentiel.

Faut-il franchir le pas et investir dans la mise en place d’un tel dispositif ?

En plus des avantages cités ci-dessus, des recherches démontrent que l’implémentation d’un système de gestion des risques performant permet d’augmenter la valeur d’une entreprise. Les organisations dotées d’un tel système dépassent souvent les objectifs de rentabilité fixés et atteignent une croissance plus élevée que les autres. En effet, selon une étude du cabinet de conseil de Deloitte[1], un tiers des entreprises interviewées, dont le taux de croissance annuel moyen est supérieur à 5%, qualifient leur système de gestion des risques hautement intégré dans l’organisation tandis que seulement un cinquième des entreprises interviewées, dont le taux de croissance annuel moyen est inférieur à 5%, définissent leur système de gestion des risques comme tel.

Il ne s’agit pas de mettre en place un processus laborieux et couteux. La complexité du dispositif à implémenter doit dépendre du secteur dans lequel l’entreprise évolue, du niveau d’incertitude auquel elle fait face, de la taille de l’entreprise et des ressources à disposition.

Par ailleurs, les deux conditions suivantes doivent être remplies pour assurer son efficacité et y dégager les avantages escomptés :

  • Obtenir l’adhésion et le soutien du management ;
  • Intégrer la gestion des risques aux autres processus clés de l’organisation, tel que la planification stratégique, l’élaboration du budget, le financement ou la priorisation des projets.

Il n’y a donc pas lieu d’attendre qu’un évènement néfaste survienne pour prendre conscience de l’importance d’une bonne gestion des risques pour son entreprise, ni que la réglementation l’impose pour agir. Adopter une démarche proactive et considérer la mise en place de ce dispositif comme un avantage concurrentiel permettant de saisir les opportunités là où les autres ne les auraient pas encore identifiées, sera sans aucun doute la clé du succès.

© Aurélie Amselem – 2024

*BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR : AURELIE AMSELEM

Aurélie Amselem a débuté sa carrière professionnelle à Zurich en tant que consultante dans une Big4. Pendant plusieurs années, elle a accompagné des fonds d’investissement, multinationales et PME dans leurs opérations de fusions-acquisitions en Suisse et à l’étranger.

En 2015, elle rejoint Genève Aéroport avec comme première mission la mise en place et le pilotage d’un système de gestion des risques intégré au sein de l’organisation. Dans le cadre de sa fonction, elle est également responsable de la gestion de projets transversaux, tant stratégiques que opérationnels, pour le compte de la Direction générale.

Aurélie est présidente du comité de sélection de GENILEM Genève, une association qui accompagne des start-up de la région dans leur développement. Elle a également œuvré comme membre indépendante du conseil d’administration d’une protech active dans le domaine de l’optimisation énergétique. 

Aurélie est experte comptable diplômée (ACCA), Elle détient un Master en comptabilité, contrôle et finances de HEC Lausanne.   


[1] Source : Deloitte – risk mangement survey

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