Le 28 août 1963, Martin Luther King, sur les marches du Lincoln Memorial, prononça un discours mémorable qui sonna le glas de l’insouciance d’un peuple et le point d’orgue du Mouvement des droits civiques. Ces paroles ne s’adressaient pas seulement à l’assistance présente ce jour au Lincoln Memorial, mais résonnèrent au cœur des générations à venir, comme le début d’une nouvelle page d’histoire, plus prospère et plus radieuse. Mais le train qui menait les peuples vers cette nouvelle histoire avait fait son chemin, laissant derrière lui, l’Afrique.
Et au vu de la situation actuelle de ce continent, aucun indicateur ne donne un espoir de relèvement. Comment expliquer le retard du continent noir ? Comment imaginer, qu’au vu des richesses de ses pays, on trouve une aussi grande pauvreté ? Comment comprendre le décalage entre ses dirigeants et son peuple ?
Une tentative de réponse serait à rechercher dans la colonisation bien que les conséquences de cette période sur l’évolution économique et socio-culturelle de l’Afrique noire ne peuvent pas être niées. Mais peut-on tout justifier par la colonisation ? Certainement pas !
En effet, la Chine, l’Inde où le Brésil, bien qu’ayant été sous-occupation coloniale, jouent aujourd’hui un rôle de premier plan dans l’économie mondiale. Ces 3 nations, ensemble avec d’autres pays émergents, disposent aujourd’hui, les trois quarts des réserves mondiales.
Mais la réussite de la Chine, de l’Inde ou du Brésil n’a été possible que par la volonté de leurs dirigeants à engager des réformes structurelles destinées à augmenter la productivité de leurs économies. Ce qui n’a jamais été le cas dans les pays d’Afrique noirs dont les dirigeants manquent de volonté politique.
Certains diront que les dirigeants de ces pays d’Afrique noirs n’ont jamais eu de choix mais cette obsession à justifier la pauvreté de l’Afrique par la main mise de l’occident n’a plus grand sens aujourd’hui car elle réduit ou fait disparaître du débat la responsabilité des politiques et des dirigeants africains.
Quant on découvre que le couple Gbagbo détient une fortune estimée à 6,5 milliards de francs suisses (4,35 milliards de francs pour Laurent Gbagbo et 3,23 milliards pour Simone Gbagbo) on doit se rendre à l’évidence que, le problème ne vient pas de l’occident car cet argent, s’il était mis à la disposition du peuple, réduirait considérablement la pauvreté en Côte d’Ivoire.
Certains pays ou peuples ont certes été obligés d’accepter des coopérations ou d’entrer dans des organismes économiques (FMI, Banque Mondiale,…) qui réduisent leur autonomie et leur autodétermination au profit de quelques puissances occidentales mais la réalité est qu’ils devraient significativement améliorer leur propre gestion économique, non pas pour gonfler le montant de leurs comptes en banque mais au profit de leurs concitoyens.
En mettant de l’ordre dans leurs finances publiques, en renforçant leurs systèmes bancaires tout en engageant des réformes structurelles, les pays d’Afriques noirs, trouveront dans l’occident, de vrais et réels partenaires.
Ainsi, avec une gestion saine et un climat de confiance, les investisseurs suisses, trouveront dans ces pays, de nouveaux marchés plus attrayants que ceux d’Asie. Mais un tel décor relève aujourd’hui de la pure fiction et confirme l’hypothèse d’une malédiction qui frapperait l’Afrique noire. Mais alors, pour combien de temps ?
Thierry Dime/Directeur de publication chez Le Monde Economique