LE CHEF, UNE ESPÈCE EN VOIE D’EXTINCTION ?

23 juin 2015

LE CHEF, UNE ESPÈCE EN VOIE D’EXTINCTION ?

Les mentalités évoluent constamment au sein de la société en général et, partant, au sein du monde de l’entreprise.

Les générations montantes mettent de plus en plus l’accent sur l’équilibre entre vie privée et travail. Par opposition aux générations précédentes pour lesquelles grimper les échelons était un must et le signe le plus absolu de réussite professionnelle, elles recherchent plus à pouvoir laisser libre cours à leur créativité par le biais de tâches leur apportant une satisfaction au niveau de leur investissement créatif. Elles ne se reconnaissent pas dans les systèmes hiérarchiques pesants.

En raison de la compétition internationale qui se durcit et renforce ainsi constamment les exigences de rendement, il n’est pas rare que de jeunes personnes talentueuses renoncent à des fonctions de management.

Parallèlement à cette évolution et en réponse à celle-ci, de nombreuses formules de nouveaux types d’organisation sont imaginées et mises en test, dont des structures soi-disant sans hiérarchie.

La fonction de chef serait-elle donc en voie de disparition ?

Que la vie en entreprise ne soit pas toujours source de plaisir et de détente est un euphémisme. Il n’y qu’à observer la montée en puissance d’appellations comme « burn-out » et « souffrance au travail ». Que les dits sujets ne soient pas vraiment neufs mais simplement thématisés plus ouvertement est certainement vrai, mais de gros malaises atteignant progressivement de plus en plus la santé des travailleurs constituent malheureusement bel et bien une réalité.

Que ces problèmes soient souvent dus à un management défaillant voire, carrément, à des chefs « toxiques », représentent également une réalité. Alors, en supprimant la fonction de chef, touchera-t-on au nirvana ? Il est permis d’en douter.

Prenons un exemple qui constitue un laboratoire intéressant : la start-up. Au début, il s’agit d’une sorte de collectif se réunissant sur un mode associatif, sur la base d’affinités personnelles, de combinaison de compétences et autres raisons de se souder autour d’un projet commun.

Initialement, il n’y a en règle générale pas de chef désigné, les premières étapes étant plutôt de type « brainstorming ». Passées ces premières phases, les groupes ainsi créés entrent progressivement dans un mode plus opérationnel, lourd en matière de mises en place à effectuer, sollicitant le sens de l’organisation et un travail plus méthodique, après une phase extrêmement plaisante de créativité pure. Retour sur terre et plongée dans les dures réalités du quotidien. Et là, le besoin de désigner un chef d’orchestre se fait sentir de façon pressante.

Qu’il s’agisse d’une équipe de football, d’un orchestre ou d’une entreprise, un groupe de personnes se réunissant en vue de réaliser un projet commun doit pouvoir se reposer sur un membre endossant au moins le rôle de coordinateur. Il est parfaitement illusoire de penser qu’un groupe, quel que soit son but, puisse fonctionner sans qu’au moins un de ses membres n’endosse le costume de responsable.

Alors, qu’on l’appelle chef ou autrement est de peu d’importance. Ce qui compte, ce sera la manière d’exercer la fonction, et là, les différences peuvent être énormes.

Dans une époque gangrénée par l’hyper-réglementation et le juridisme à tout crin, la fonction de chef a tendance à glisser du côté du rôle de contrôleur de gestion et de père fouettard, alors que cette magnifique activité fait clairement la différence lorsqu’elle est vue comme un élément de motivation. Tout à la fois fonction de coordinateur, développeur et stimulateur de compétences, le métier de chef, car il s’agit bien d’un métier et non pas seulement d’une occupation annexe, doit normalement incarner la stimulation de créativité, qui requiert de la finesse et le plaisir d’interagir avec les êtres humains, cette denrée vitale étant malheureusement souvent éclipsée au profit de l’obsession des chiffres.

Que les modèles hiérarchiques de type militaire aient vécus est une excellent chose. De là à penser que la suppression de toute fonction de management permettrait de réaliser des performances de groupe relève de l’utopie. Et cela n’a rien à voir avec le niveau de formation des membres de l’équipe. Le besoin de pouvoir compter sur un pilier qui soutient l’édifice est universel.

Non, la fonction de chef n’est pas morte, bien au contraire. C’est le sens qu’on lui donne et le choix des individualités pour l’incarner qui représente la clé du succès. Pour cela, il convient de placer un élément fondamental au centre : l’humain !

 

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