La liberté reste le qualificatif revenant le plus lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien d’un free-lance. Pourtant, si ce dernier a commencé sa carrière en tant que salarié, il doit alors affronter de nouvelles réalités, qui peuvent lui paraître démesurées et insurmontables….
Les salariés d’une entreprise ont compris et assimilé cette tendance de fond, qui consiste à privilégier la forme de l’indépendance à celle du traditionnel contrat de travail. Pendant longtemps, ce dernier a régi le développement et la bonne marche des entreprises, mais désormais il perd du terrain pour faire place à cette nouvelle relation, souvent à l’initiative de l’entreprise mais aussi de plus en plus plébiscité par les ex-salariés.
Ces derniers sont toujours en charge de leurs missions, mais le contrat les unissant à l’entreprise est désormais remplacé par un partenariat. Les travailleurs ne font plus partie du capital social et humain de ces entreprises mais sont considérés comme des prestataires extérieurs. Une différence loin d’être anodine en ce qui concerne les ex-salariés, qui voient dans cette évolution, un moyen de faire évoluer leur rémunération mais aussi leurs conditions de travail.
A priori, rien ne change pour le travailleur (il doit effectuer les mêmes tâches que celles confiées à un salarié de l’entreprise) , alors qu’il s’agit en réalité d’une véritable révolution. Le travailleur exécute toujours la mission, qu’on lui a confiée mais cette dernière constitue l’intégralité de la relation l’unissant à son ancien employeur. Une fois la tâche terminée, l’indépendant pourra être remplacé par un autre prestataire extérieur ou se voir confier de nouvelles missions, si son travail a été bénéfique.
La stabilité et l’assurance du travailleur salarié disparaissent au profit de la précarité et de la « peur du lendemain ». Le free-lance, nouvellement lancé, avait en tête de pouvoir éventuellement revoir sa rémunération à la hausse. Son statut d’indépendant lui laissait apparaître de nouvelles perspectives, alors qu’il n’en est rien. La pression (et donc le pouvoir) reste dans les mains de l’entreprise, qui peut se prévaloir de la multiplicité des indépendants pour faire baisser les prétentions de ces indépendants.
En ce qui concerne la rémunération et/ou la liberté d’action, le passage du salariat à l’indépendance n’est guère bénéfique au travailleur mais reste profitable à l’entreprise.
Autrefois, le salarié était « motivé », grâce à une politique des ressources humaines efficace et ambitieuse, à rester dans son entreprise et à y optimiser sa productivité. Mais devenu indépendant, le travailleur doit alors se projeter dans le moyen et le long terme et assurer la pérennité de son activité.
Il se transforme alors en un « commercial », chargé de vendre ses propres prestations. Outre le fait que cette mission essentielle à la survie des indépendants est une tâche nouvelle et complexe pour un néophyte, elle annihile toute cette motivation à vouloir rester dans la même entreprise. La volonté de vouloir améliorer son efficacité disparait au profit de la nécessité de devoir décrocher de nouveaux contrats pour garantir l’avenir. Cette exigence de résultats pousse ainsi l’indépendant à multiplier les partenariats (et donc les employeurs), quitte à accepter des conditions de travail ou de rémunération, inimaginables lorsqu’il s’agissait d’un salaire contractuel.
La liberté apparente de l’indépendant semble donc bien ténue, lorsque l’on évoque les pressions pesant sur son épaule. Pourtant, et nous le constaterons dans notre prochain article, le statut d’indépendant représente bien un avenir prometteur pour les travailleurs….