Le Japon un pays en voie d’extinction ?

18 juin 2015

Le Japon un pays en voie d’extinction ?

Depuis des années, tous les rapports et toutes les projections parlent de la baisse à venir de la population japonaise. Pour autant, les politiciens nippons ne semblent pas prendre la mesure du danger qui pèse sur le pays. Décidé à faire bouger les choses, Hiroya Masuda, l’ex gouverneur de la très rurale province d’Iwate (Nord) a compilé et croisé les données de l’Institut National de la Population et celles de la Sécurité Sociale.

De son travail est sorti un livre « Extinction Locale ». Avec son titre volontairement alarmiste, Hiroya Masuda a frappé un grand coup et soulevé les vrais problèmes.

D’après les recherches de Hiroya Masuda, d’ici 2040, 896 villes et villages de l’Archipel vont être carrément rayés de la carte faute de population.

Le phénomène touche toutes les parties du pays et même les grandes métropoles ne sont pas épargnées. Tokyo va perdre 1,3 millions d’habitants portant la baisse pour l’ensemble du Kanto à 4,8 millions de personnes. Le Kansai lui perdra 3,5 millions d’habitants dont 1,4 millions rien que pour Osaka.

Mais une des principales raisons du succès d’« Extinction Locale » est qu’il insiste sur le fait qu’une diminution de la population entraînera fatalement une baisse du nombre des électeurs et de celui des contribuables.

Et avec une baisse, de 30 à 40% selon les régions, du nombre des femmes en âge de procréer dans les vingt prochaines années, on est en droit de se demander qui sera à même de gérer le pays d’ici la fin du siècle.

Déjà aux élections locales partielles d’avril dernier, 22% des sièges mis au vote sont restés vacants faute de candidats !

Ce taux atteint les 45% dans la région de Yamagata et dépasse les 60% à Kagawa. L’exode rural et le vieillissement de la population semblent déjà avoir eu raison d’une partie de la vie politique locale.

Mais les conséquences ne sont pas que politiques. En effet, avec la baisse de la population, le nombre de maisons vides va grandissant. On compte à l’heure actuelle 8,2 million de logements inhabités sur les 60 millions que compte le pays. Mais plus inquiétant, 40% de ces 8,2 millions d’habitations ne sont même pas sur le marché. En d’autres termes, elles sont ou sont en passe de devenir abandonnées. Ce qui laisse présager le pire en termes de sécurité pour les propriétaires (vol, dégradation) mais également pour la population (risque d’effondrement et d’incendie).

Les risques liés à la dégradation des bâtiments concernent également les infrastructures publiques. D’ici 2030, plus de la moitié des routes, canaux, digues et autres ouvrages que compte le Japon auront plus de cinquante ans. Or cinquante ans, c’est justement la moyenne d’âge qu’auront les ouvriers du bâtiment à cette date. 77% d’entre eux auront plus de 45 ans alors que les moins de trente ans ne représenteront plus que 3% des actifs du secteur.

Se pose également la question de savoir qui payera pour ces travaux. En effets, les autorités locales et nationales doivent s’attendre à une baisse drastique de leur rentrée d’argent dans les années à venir.

Ce qui est vrai pour les maisons l’est aussi pour les terres agricoles. Toujours d’ici 2030, les trois quart des paysans auront plus de 65 ans ! Autrement dit, à terme, l’agriculture nippone est condamnée. Le pays qui est déjà loin d’être autosuffisant en matière alimentaire risque de le devenir encore plus. Et qui dit dépendance alimentaire dit nécessité de bonnes relations de voisinage.

Mais les points de tensions avec les voisins sont légion. Du nord au sud de l’Archipel, le nombre d’îles contestées qui avec la Chine, qui avec la Corée ou encore la Russie sont nombreux. La crainte va grandissante qu’avec la diminution de la population le nombre d’îles et d’îlets abandonnés grandissent attisant d’autant plus les convoitises.

La crainte est telle que le Parti Démocratique Libéral vient de déposer une proposition de loi afin de créer une aide à l’implantation dans les îles susceptibles de devenir inhabitées. La loi sera examinée dans les prochains mois.

La baisse de la population risque d’avoir des conséquences tant au plan financier, qu’économique, politique et même démocratique de quoi remettre en cause jusqu’à l’existence même du Japon.

 

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