Le nouveau président de la BRAFA revient sur l’édition 2025 de la prestigieuse foire

27 février 2025

Le nouveau président de la BRAFA revient sur l’édition 2025 de la prestigieuse foire

Photo BRAFA 2025 – Klaas Muller © Olivier Pirard

La 70ème édition de la BRAFA (Brussels Art Fair) a été un succès retentissant, renforçant son statut de l’une des foires d’art les plus prestigieuses au monde. Avec 72 000 visiteurs et la participation de 130 galeries issues de 16 pays, cette 70ème édition de la BRAFA (Brussels Art Fair) a offert un voyage à travers l’histoire de l’art, de l’Antiquité à nos jours. Malgré un contexte de ralentissement du marché de l’art, les exposants ont exprimé leur satisfaction quant aux ventes réalisées, notamment des pièces exceptionnelles comme une sculpture indienne du Xe-XIe siècle vendue par la Galerie Hicco, un dessin de Cornelis de Vos par COLNAGHI, et des tapisseries historiques par De Wit Fine Tapestries. L’art belge a également brillé, avec des œuvres d’Émile Claus, James Ensor et Gustave Van de Woestijne trouvant acquéreur. Cette édition anniversaire s’est distinguée par des innovations, comme l’accueil de pièces hors normes (une patte de mammouth laineux présentée par Stone Gallery) et une collaboration inédite avec l’Institut royal du Patrimoine artistique. Klaas Muller, président de la BRAFA, a salué cette édition comme une célébration réussie de l’art et de son public. Rencontre.

Le Monde Économique – La BRAFA 2025 a enregistré une fréquentation en hausse avec 72 000 visiteurs. Quels sont, selon vous, les facteurs clés qui ont contribué à ce succès ?

Klaas Muller – La fréquentation de la BRAFA n’a cessé d’augmenter au cours des six dernières années. Cela s’explique par plusieurs raisons : la foire est devenue plus grande, plus internationale, plus diversifiée, etc. De plus, les nouveaux exposants attirent avec eux de nouveaux clients qui, auparavant, ne connaissaient pas ou peu la foire.

En outre, les médias accordent une attention croissante au commerce de l’art, et nous constatons qu’en plus des visiteurs habituels, de plus en plus de jeunes se rendent à la BRAFA. Celle-ci est désormais une véritable « marque » jouissant d’une excellente réputation.

Le Monde ÉconomiqueJoana Vasconcelos était l’invitée d’honneur de cette 70ᵉ édition et a exposé Valkyrie Leonie et Valkyrie Seondeok. Son œuvre est souvent marquée par une approche féministe et un dialogue entre tradition et modernité. Pensez-vous que ces thématiques trouvent un écho particulier dans le cadre d’une foire d’art comme la BRAFA ?

Klaas Muller – Bien sûr ! Cette dynamique se poursuit non seulement au sein de la foire et parmi les participants (en plus des stands traditionnels d’art classique, nous intégrons, par exemple, des stands d’art contemporain), mais aussi dans le choix de nos invités d’honneur. Il peut s’agir d’un artiste moderne ou encore d’une fondation dédiée à l’art ancien (comme celle de Paul Delvaux, il y a deux ans). Le dialogue entre l’ancien et le nouveau reste une force ; tradition et modernité ne doivent pas s’opposer, mais au contraire, s’enrichir mutuellement et s’élever à un niveau supérieur.

 BRAFA 2025 – General view with Valkyrie Leonie by Joana Vasconcelos © Olivier Pirard © Atelier Joana Vasconcelos

Le Monde Économique – Malgré certaines inquiétudes sur le marché de l’art, vous avez mentionné que la BRAFA a su fidéliser ses collectionneurs locaux tout en attirant une nouvelle génération d’acheteurs. Quels sont les éléments qui expliquent cette dynamique ?

Klaas Muller – Comme nous l’avons mentionné, l’art, sous sa forme la plus large, suscite une attention croissante de la part des médias, qu’il s’agisse de la télévision, des réseaux sociaux, de la radio, etc. Nous constatons également que les musées et les expositions attirent de plus en plus de jeunes, créant ainsi une véritable synergie. L’art peut devenir une passion : on visite une exposition, on achète un catalogue, on en apprend davantage, on reconnaît un artiste lors d’une foire, etc. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir cet engouement se développer auprès d’un public toujours plus jeune.

Le Monde Économique – Certaines pièces exceptionnelles, comme la patte de mammouth laineuxetle lit néo-égyptien, ont suscité un grand intérêt. Selon vous, qu’est-ce qui fascine autant les visiteurs et collectionneurs dans ces objets atypiques ?

Klaas Muller – Il est important d’offrir un certain nombre de « niches » à la BRAFA, tout en veillant à ne pas en abuser. Une tête de dinosaure, un minéral rare, la baguette d’Harry Potter, etc., font rêver et apportent une touche d’émerveillement, presque à la manière de Tintin. C’est une bonne chose, car nous souhaitons surprendre, mais, encore une fois, sans excès.

Le Monde Économique – Les transactions ont été nombreuses et certaines ventes ont atteint des montants significatifs. Quelles tendances peut-on en tirer pour l’avenir du marché de l’art ?

Klaas Muller – Question difficile ! Je peux dire, la main sur le cœur, qu’en général, les ventes ont été bonnes, voire très bonnes, et ce, dans presque tous les domaines : de l’archéologie à l’art moderne, de l’art ethnique au design contemporain. L’art contemporain traverse peut-être une période un peu plus difficile en ce moment, mais cela relève d’une tendance internationale observée depuis l’année dernière et n’a pas grand-chose à voir avec la BRAFA. Le marché reste donc stable et équilibré, et les clients en sont conscients : investir dans l’art est rarement spéculatif. Si l’on paie un prix juste pour une belle œuvre dans une galerie de qualité, ce prix ne doublera pas l’année suivante, mais il évoluera progressivement à la hausse.

Le Monde Économique – A l’occasion de ce 70ᵉ anniversaire, quelle place la BRAFA souhaite-t-elle occuper dans le paysage des foires d’art internationales dans les années à venir ?

Klaas Muller – La BRAFA restera toujours la première foire internationale de l’année et, à ce titre, un indicateur du marché. Nous avons notre propre identité : une foire conçue par et pour les marchands, avec une dynamique qui nous est propre. Il est essentiel de la préserver sans trop nous préoccuper de ce que font les autres.

BRAFA 2025 – Stand de Klaas Mulller

Pour plus d’info: https://www.brafa.art/en

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