Tandis que les besoins en énergie ne cessent de croitre et l’épuisement des ressources fossiles progresse, l’économie mondiale nécessite de nouvelles solutions. Ce sont les réacteurs nucléaires de génération IV qui pourraient répondre à ce problème, étant capables de multiplier la production d’électricité avec la même quantité de minerai.
Comme toute autre filière, l’industrie nucléaire se développe pour répondre aux exigences modernes. La Gen IV permet de s’affranchir des inconvénients des technologies précédentes doit améliorer l’efficacité commerciale de l’énergie nucléaire, la rendre plus sûre et écologiquement durable.
Visant à promouvoir le nucléaire du futur, Forum international Génération IV (GIF) qui unit 14 participants, a sélectionné 6 concepts des réacteurs suivants, dont trois sont les évolutions des réacteurs à neutrons rapides. Ce choix est expliqué par un éventail des atouts qui distinguent les RNR.
Tout d’abord les réacteurs à neutrons rapides brûlent tout type d’uranium, y compris U-238 (soit 99,3% de l’uranium naturel), contrairement aux réacteurs traditionnels. Ainsi, avec la même quantité d’uranium, on pourra produire soixante fois plus d’électricité. De plus, les réacteurs surgénérateurs peuvent utiliser tout le plutonium produit pendant l’exploitation et, âpres son recyclage, fabriquer un nouveau combustible, le MOX. Cette comsommation contribue également à la non-prolifération.
D’autre part, les RNR peuvent resoudre le problème des déchets hautement radioactifs. Ils offrent la possibilité de transformer les déchets de haute activité à vie longue en éléments à vie plus courte, plus facilement stockables et faiblement radioactifs au bout de 300 ans.
Finalement, la Gen IV à neutrons rapides apporte la sécurité accrue grâce à l’introduction des dispositifs de sécurité passifs qui diminuent le risque des accidents causé par le facteur humaine.
C’est sur la filière des RNR que plusieurs pays développés ont concentré leurs efforts. D’une puissance de 600 MWe, le réacteur français ASTRID devrait être construit et entrer en exploitation au début des années 2020. Il s’agit d’un prototype de RNR de Gen IV refroidi au sodium qui est aujourd’hui dans sa seconde phase d’études. Ensuite c’est la Russie qui développe la technologie rapide de Gen IV et en novembre dernier l’unité 6 de la centrale Beloïarsk avec un RNR BN-800, le plus puissant dans le monde (880 MW), a été mise en opération commerciale. Le magazine américain POWER a inclut cette unité dans les meilleures centrales nucléaires du monde en 2016. La Chine et l’Inde sont aussi des pays qui s’avancent dans des réacteurs de Gen IV de type SFR.
De même que la France et la Russie, la Suisse est membre du GIF, mais, selon les experts il n’y a pas de projets correspondants dans le pays. Les recherches sont compliquées par le contexte politique, caractérisé par l’opposition au nucléaire. Conformément à la Stratégie énergétique 2050, adoptée entre-temps, la construction de nouvelles centrales nucléaires en Suisse est interdite.
Cependant, des milieux scientifiques soutiennent le mouvement progressif dans ce domaine. «Je ne peux que saluer l’opportunité de mettre au point et construire des systèmes nucléaires meilleurs à ceux qui existent aujourd’hui. Les réacteurs de Gen IV profitent des nouvelles caractéristiques de conception et de toute l’expérience accumulée au cours des années précédentes», dit M. George Yadigaroglu, professeur émérite d’ingénierie nucléaire à l’Institut fédéral suisse de technologie. L’idée de développer la Gen IV est également encouragée par M. Horst-Michael Prasser, professeur des systèmes nucléaires à l’Institut Fédéral de Technologie de Zürich. «Je certainement appuierais des projets de la Gen IV si ceux-ci étaient lancés en Suisse. A l’égard de leurs développent, la coopération dans le cadre du GIF est essentielle, il faut la renforcer», souligne-t-il. Dans ce contexte M. Prasser rappelle sa visite à la centrale russe de Beloïarsk : «J’ai eu la chance de voir le réacteur BN-600 (version antérieure à BN-800) avec mes propres yeux et cette technologie m’a beaucoup impressionnée». En général, la Russie avec son expérience à long terme est un partenaire important dans l’énergie nucléaire, ajoute-t-il.
Cependant, les deux professeurs soulignent qu’il ne faut pas attendre le progrès dans la Gen IV en Suisse dans un avenir prochain parce que l’option antinucléaire domine au niveau politique. «La décision rapide de sortir du nucléaire prise en Suisse suite à l’accident de Fukushima n’a pas été technologiquement justifiée», note M. Yadigaroglu, et de là, l’opinion publique est, malheureusement, très peu basée sur les arguments techniques. Cette perception «politisée» empêche les recherches avancées dans le nucléaire.
Bien que les pays majeurs poursuivent leurs études dans les technologies de Gen IV, et surtout des RNR, il est difficile d’imaginer que prochainement on verra les activités pareilles en Suisse. Pourtant, si le message des milieux scientifiques sur les avantages techniques de la Gen IV atteint un grand public, le nouvel nucléaire pourrait rendre le système énergétique du pays plus sûr, moins consommateur et plus économiquement rentable.