Le RBI ferait-il de la Suisse un réservoir de futurs entrepreneurs ?

17 mai 2016

Le RBI ferait-il de la Suisse un réservoir de futurs entrepreneurs ?

Le 5 juin prochain le peuple suisse votera sur le revenu de base inconditionnel qui permettra à tout un chacun, sans conditions, de toucher mensuellement un montant à définir. Le revenu devrait s’articuler aux alentours de CHF 2’500 par adulte selon les initiants.

Evidemment, il faut se demander comment il pourra être financé et dans quelle mesure nous courons le risque d’une inflation. Le concept semble utopiste mais hormis l’intervention de l’Etat, n’est-il pas plus libéral qu’il n’y paraît ?

Certains opposants à l’initiative relèvent que les travailleurs devront sponsoriser les fainéants, ceux qui se contenteraient de ce revenu de base. Je n’y crois pas. Il est illusoire de penser que l’Homme contemporain pourrait vivre sans se rendre utile et que la réalité du pouvoir d’achat deviendrait tout à coup inexistante. Le système de corvée collective apprécié par les Schtroumpfs de Peyo ne pourrait être envisagé que dans une organisation quasi-autarcique où chacun aurait son rôle, joué dans l’optique unique de maintenir le bon fonctionnement d’une communauté profondément égalitaire. L’Homme occidental évolue dans une économie ouverte et tant que l’argent conservera une dimension essentielle, il ne sera pas enclin à se contenter du minimum vital. Il a besoin de conquêtes, de progression et d’épanouissement, par le biais d’une activité professionnelle ou non qui lui amène réussite et reconnaissance. A l’heure actuelle, cette reconnaissance passe aussi par les revenus.

Oui, les Schtroumpfs Paresseux existent mais ils ne sont pas le reflet d’une généralité. CHF 2’500 par mois ne permettent pas l’oisiveté mais peuvent donner l’assurance de couvrir les besoins vitaux et l’audace nécessaire pour démarrer sa propre affaire.

Lorsque l’idée d’une activité entrepreneuriale germe dans la tête d’un salarié il pense évidemment aux moyens de financement. Sans fonds personnels il lui reste ces solutions : la participation de ses proches ou celle des organismes privés. L’idée d’une dépendance financière externe n’est pas envisageable pour certains, allant à l’encontre du principe même de l’indépendance. Le RBI pourrait faire office de palliatif, permettant de subvenir aux besoins minimaux et pousser les entrepreneurs encore réticents à démarrer leur activité. La créativité professionnelle par le biais de l’entreprenariat doit être encouragée : elle est le pilier des découvertes et des innovations, éléments indispensables à la bonne santé économique d’un pays comme la Suisse qui ne dispose pas d’un bassin étendu de matières premières exploitables.

Ce RBI si salvateur devra néanmoins être financé. Partiellement grâce aux réductions des aides sociales. Pour le solde, nous aurons le choix notamment entre une augmentation de l’impôt sur le revenu, de la TVA, une contribution patronale additionnelle ou encore une imposition supérieure du bénéfice des sociétés. Les patrons sont aujourd’hui les vaches à lait du système fiscal suisse et leur infliger une imposition supplémentaire serait une offense au bon sens, mais le risque est là. Dans tous les cas il existera un impact direct ou indirect sur les finances de chacun et l’aide pécuniaire reçue au commencement de l’aventure entrepreneuriale pourrait au final se révéler être une pomme empoisonnée.

Le 5 juin nous votons sur un principe, sur une idéologie qui valoriserait l’inactivité professionnelle ordinaire au profit d’une activité entrepreneuriale, communautaire ou personnelle : ne plus ériger en modèle le travailleur acharné mais donner du crédit au temps libre et à la créativité, qu’ils soient ou non utilisés à bon escient. Quels que soient les résultats des votations, cette initiative aura au moins eu l’avantage de créer le débat autour d’un utopisme qui pourrait à terme devenir une réalité : dissocier la liberté et le pouvoir d’achat.

 

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