La question divise les économistes du monde entier, et pourtant les réponses apportées conditionnent l’avenir des sociétés du monde entier. Les robots sont-ils créateurs ou destructeurs d’emplois ?
D’un côté, certains soulignent que le marché du travail n’a jamais été aussi important en termes de nombre d’emplois proposés depuis l’origine de l’humanité, alors que les robots envahissent peu à peu tous les domaines de l’économie. De l’autre, des économistes soulignent que les caisses automatiques dans les hypermarchés détruisent les postes de caissières, et que cette destruction d’emplois est irrémédiable. Chaque camp a ses défenseurs et ses pourvoyeurs, et il est bien difficile de séparer les craintes irraisonnées des certitudes portées comme des axiomes incontestables. Les emplois, nécessaires à la conception puis à l’entretien de ces robots, sont-ils plus nombreux que ceux, pour lesquels la robotisation marque la fin.
Pour s’éloigner des approches partisanes, une vaste enquête a été menée sur le sujet. Deux économistes du MIT et de la Boston University se sont donc interrogés sur les effets de la robotisation entre 1990 et 2007. Publiée par le National Bureau of Economic Research, cette étude apporte des réponses différentes des à-priori proclamés jusque là.
Au cours de la période étudiée, les chiffres soulignent qu’un robot était à l’origine de la destruction de 6 emplois pour 1.000 postes. En d’autres termes, un robot serait donc responsable de la baisse de 0.6 % du nombre d’employés. Dans l’industrie manufacturière, ce sont ainsi plus de 670.000 emplois, qui auraient été supprimés par la robotisation. Le constat serait donc sans appel avec un aspect plus que négatif de cette automatisation sur le marché de l’emploi.
L’étude souligne bien que la robotisation est aussi à l’origine de nouveaux emplois, mais que le solde entre création et destruction reste aujourd’hui encore négatif. S’appuyant sur cette étude, Jim Yong Kim, le directeur de la Banque mondiale, a même estimé que 2/3 des emplois dans le monde sont menacés à plus ou moins long terme.
Car la robotisation s’accélère et concerne désormais les pays en voie de développement. Partout, où la main d’œuvre apparait comme économiquement attrayante, la robotisation s’accélère, alors que les ouvriers ainsi remplacés ne disposent pas des ressources nécessaires pour se former afin d’accéder à ces nouveaux postes créés. Selon lui, la robotisation menacerait ainsi 85 % des emplois en Ethiopie, 72 % en Thaïlande et même 77 % en Chine.
Dans ces pays comme partout ailleurs, la question de la formation continue se pose alors comme l’une des voies à privilégier pour se préserver de ces menaces.