Le travail est un théâtre, chacun est acteur, mais joue-t-il un seul rôle ou plusieurs ?
Et la vie au travail est-elle une pièce magnifique, dérisoire ou tragique ?
Le travail et la vie, comment communiquent-ils ?
Si la vie ressemble au travail, lui-même, à son tour, n’est-il pas le double de la vie ?
Interrogation inversée à laquelle nous ne pouvons pas échapper…
Pour le salarié, il s’agit avant tout d’incarner au travail son personnage, démarche qui suppose le contrôle et la critique de soi, grâce à l’usage équilibré d’une technique tant intellectuelle, spirituelle que corporelle.
Vie intérieure et vie extérieure ne doivent-elles pas se soutenir mutuellement afin de libérer totalement le salarié ?
Loin d’être asservi, ne peut-il pas devenir alors créateur, jouant à volonté de lui-même comme son instrument et trouvant, avec le véritable sens de son métier, celui de sa propre vie ?
Pourquoi ne pas admettre qu’une expérience quotidienne, qu’une aventure humaine puissent transparaître dans une œuvre professionnelle ?
De quoi celle-ci est-elle faite sinon aussi de ces matériaux humains qui s’y intègrent et finissent par faire corps avec elle ?
L’entreprise approche le travail en artisan aussi bien qu’en penseur, ses emplois réunis apportent des remèdes contre le diagnostic du chômage si souvent redouté : plus que d’une pratique du travail, peut-être menacée, c’est d’une condition humaine que l’entreprise nous dit qui est éternelle en elle; et nous fournit des arguments convaincants pour une pareille confiance.
L’entreprise nous rassure et nous maintient en vie, nous permettant d’accepter aucune défaite ni laisser le doute s’emparer de nous-mêmes et, bien au contraire, de nous pousser à chercher notre meilleur allié, logé au fond de nous-mêmes, exprimer tour à tour par la ronde des rôles qui se poursuit et qui se présente sur ce lieu commun, cette scène de théâtre que l’on appelle le travail.