Par Thierry Dime

Chères lectrices, chers lecteurs,

Il y a dans notre époque une tendance surprenante, presque déroutante, qui consiste à afficher une façade de réussite constante. Dans les échanges professionnels, il semble devenu essentiel pour certains de démontrer que tout va pour le mieux, que leur activité a explosé l’année précédente et que les perspectives sont plus florissantes que jamais. Pourtant, lorsque l’on gratte un peu sous la surface de ces discours, on découvre souvent un tableau bien plus nuancé, parfois même sombre, qui contraste fortement avec les paroles enthousiastes. Comprenons-nous bien : il ne s’agit pas de se livrer à un inventaire de ses échecs ou de transformer chaque conversation en une confession de ses difficultés. Mais il y a une différence fondamentale entre cultiver un optimisme mesuré et s’enfermer dans une posture exagérément positive qui finit par sonner faux.

La vérité et réussite professionnelle

Pourquoi, dans un monde professionnel qui valorise tant la transparence, avons-nous encore tant de mal à reconnaître que tout ne va pas toujours bien ? Dire que l’année 2024 n’a pas été à la hauteur des espérances, que les résultats ont été décevants ou que certains projets ont échoué ne devrait pas être perçu comme un aveu de faiblesse, mais comme une marque de lucidité et d’authenticité. Car en réalité, qui n’a pas connu des périodes difficiles, des années en demi-teinte ou des moments de doute ? L’une des raisons de cette tendance est sans doute liée à la pression sociale et professionnelle qui pousse à se montrer sous son meilleur jour en toutes circonstances. Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène, transformant souvent nos récits en vitrines où seules les réussites ont leur place. Mais cette quête d’une image parfaite est non seulement épuisante, elle est aussi contre-productive. En cherchant à masquer les défis rencontrés, on passe à côté d’opportunités d’échanges sincères et enrichissants avec ses pairs.

Adopter une approche plus mesurée dans nos discours ne signifie pas renoncer à l’ambition ou à la fierté de ses accomplissements. Cela signifie reconnaître les aléas, les imprévus et les défis qui font partie intégrante de tout parcours entrepreneurial ou professionnel. Dire, par exemple, que « 2024 n’a pas été notre meilleure année », ou encore « nous avons travaillé dur, mais les résultats n’ont pas été à la hauteur de nos attentes », est bien plus inspirant et crédible que de prétendre à une réussite éclatante qui ne reflète pas la réalité. Ces moments de vulnérabilité, loin d’affaiblir la perception que l’on peut avoir de vous, renforcent au contraire la confiance et l’empathie. Ils ouvrent la porte à des discussions constructives, à des partages d’expériences et, souvent, à des solutions inattendues. Dans un réseau professionnel, il est essentiel de se rappeler que les relations se construisent sur la confiance mutuelle, et cette confiance naît de l’authenticité.

Chers dirigeants, je vous invite donc à réfléchir à la manière dont vous partagez votre réalité professionnelle. Plutôt que de céder à la tentation de toujours embellir les choses, osez être vrais. Osez dire que tout ne s’est pas déroulé comme prévu, que certains objectifs n’ont pas été atteints car en fin de compte, ce sont ces récits, sincères et honnêtes, qui inspirent vraiment. Ils rappellent que derrière chaque entreprise, il y a des humains avec leurs forces et leurs fragilités, leurs succès et leurs échecs. Et c’est précisément cette humanité qui rend nos échanges professionnels si riches et précieux.

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