Par Olivier Wurlod
Qui l’aurait cru? Les fameuses actions mème ont fait leur grand retour à Wall Street à la mi-mai. En une seule journée les groupes GameStop et AMC ont vu leur titre s’envoler de plus de 60 à 70%. Semblable à la première vague provoquée par des raids lancés sur Reddit en 2021, ce pic boursier résulte d’un simple message posté sur un réseau social.
Pire, derrière l’on retrouve le même Keith Gill. Souvenez-vous, il y a trois ans, celui connu sous son alias «Roaring Kitty» sur Twitter et Reddit parvient à motiver des centaines de petits actionnaires à acquérir des actions GameStop et AMC.
Résultat, l’action de ces deux groupes flambe. La seule valeur de l’exploitant de magasins de jeux vidéo est multipliée par 21 en deux semaines, soit une augmentation de 2000%.
La situation est telle que des fonds ayant pignon sur rue encaissent des pertes colossales. C’est notamment le cas de Melvin Capital qui doit se renflouer à hauteur de 2,75 milliards de dollars.
Face à de tels mouvements erratiques, les autorités de régulation se retrouvent impuissantes à répondre à une question: comment contrôler ce type de phénomènes venus des réseaux sociaux, phénomènes qui se rapprochent fortement de la manipulation de cours?
Car in fine, les actions de GameStop et du géant du cinéma AMC sont à chaque fois retournées dans les marécages boursiers qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Et dans la foulée, leur bref envol n’a profité qu’à une petite minorité de personnes (le fameux «Roaring Kitty») alors que la majorité, trop crédule, a perdu des sommes colossales.
L’euphorie malheureuse autour des actions mème devrait servir de cas d’école. Elle rappelle clairement qu’à Wall Street, il y a quelques loups très malins et beaucoup trop de moutons. Appâtés par des gains miraculeux, ces derniers ne réfléchissent malheureusement pas plus loin que le bout de leur nez.
Récemment, l’excellente émission «Cash Investigation» sur France 2 consacrait tout un documentaire aux dangers et risques liés au Copy Trading sur le Forex. Cette méthode se résume une nouvelle fois par de nombreux jeunes influencés par des pseudos génies de la finance sur YouTube, Instagram ou TikTok.
Ce que ces influenceurs omettent de mentionner dans leur opération marketing est que, selon l’autorité des marchés financiers, 90% des traders amateurs sur le Forex finissent par perdre de l’argent. Certes l’étude de l’AMF remonte à 2014, mais il est difficile de croire que le résultat serait très différent de nos jours.
La situation pourrait encore empirer dans les années à venir avec l’apparition de plateformes de trading comme la fameuse «Shares». Celle qui se défend de jouer sur les codes des réseaux sociaux (en ouvrant son portefeuille à sa communauté) pourrait contribuer à amplifier encore plus ces mouvements incongrus sur les marchés financiers.
Au vu du succès croissant de cette nouvelle plateforme et de l’arrivée de plus en plus nombreuse d’investisseurs jeunes et inexpérimentés, il est nécessaire de répéter que les solutions miracles n’existent pas en Bourse et qu’investir ce n’est pas faire des coups à la GameStop et AMC mais bien de tenir sur la durée. Tous les professionnels de la finance ne cessent de le dire, l’investissement en bourse est un long marathon et non pas une course de vitesse.
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