Par « The Globe » rédigé par Eurizon Asset Management
Les résultats des entreprises américaines au quatrième trimestre ont été très bons. Leurs bénéfices ont augmenté de 12 % en glissement annuel, ce qui est nettement supérieur aux 7 % estimés au début de la saison. Il s’agit de la plus forte croissance depuis la fin de 2021.
Sur les onze secteurs de l’indice S&P 500, neuf ont enregistré des bénéfices supérieurs à ceux de l’année précédente, à commencer par les secteurs des services financiers, des services de communication et de la consommation discrétionnaire, qui ont enregistré des bénéfices à deux chiffres. Baisse des bénéfices en revanche dans le secteur de l’énergie et des matières premières. Le pourcentage d’entreprises qui ont dépassé les estimations est supérieur à la moyenne historique et à la saison précédente.
Ces résultats reflètent une reprise continue de l’économie, accentuée par une hausse de la demande visant à anticiper l’introduction des droits de douane. La force du dollar a en revanche pesé sur les ventes.
Les résultats des entreprises européennes ont également été meilleurs que prévu. Les principales surprises proviennent des chiffres d’affaires, qui ont bénéficié d’une forte hausse des taux de change. Les bénéfices des secteurs financier et pharmaceutique ont eux aussi constitué de bonnes surprises. Les marges bénéficiaires des secteurs cycliques, victimes de la faible croissance, restent quant à elles sous pression.
Aux États-Unis, les analystes estiment que la croissance des bénéfices est robuste, à 12 % cette année et à 14 % en 2026. Les estimations pour 2025 ont été revues à la baisse, mais sont conformes aux moyennes historiques. Les entreprises se disent de plus en plus optimistes, car elles s’attendent à des politiques favorables à la croissance, à la déréglementation et à des réductions d’impôts. En ce qui concerne les droits de douane, les entreprises se disent mieux équipées pour y faire face qu’en 2018. Les entreprises sont moins préoccupées par les droits de douane et se concentrent davantage sur les perspectives de croissance économique.
Dans la zone euro, après une croissance de 0 % en 2024, les bénéfices devraient augmenter de 8 % cette année et de 11 % en 2026. Contrairement aux États-Unis, les estimations ont été révisées à la hausse. Les bénéfices des entreprises devraient bénéficier de la vigueur du dollar et des baisses de taux de la BCE, tandis que la dynamique positive des secteurs financier et technologique devrait se poursuivre.
Dans les marchés émergents, on s’attend à une croissance stable proche de 13 % au cours des deux prochaines années. La croissance des bénéfices devrait être légèrement supérieure à 8 % cette année au Japon (indice Topix) et se situer entre 9 % et 10 % en 2026 et 2027.
Depuis le début de la saison de publication des résultats (mi-janvier), la performance des actifs à risque a été positive, les indices S&P 500 et EuroStoxx ayant atteint de nouveaux records absolus. Les bons résultats des entreprises ont apporté un soutien important à la hausse des marchés. Ce qui est nouveau, c’est la meilleure performance de l’Europe par rapport aux États-Unis.
Les bourses européennes ont bénéficié de la faiblesse du taux de change, des baisses de taux de la BCE, du report des menaces de tarifs douaniers de l’administration Trump (et de l’idée qu’il s’agit d’un outil de négociation), des attentes envers un gouvernement allemand plus axé sur la croissance dans un avenir proche, et des premiers pas vers d’éventuelles négociations de paix dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Aux États-Unis, l’évolution du marché s’est avérée quasi latérale, dans un contexte de hausse des risques d’inflation et de maintien des taux d’intérêt par la Fed. Deux épisodes de volatilité ont également eu lieu : l’un déclenché par le nouveau modèle chinois d’intelligence artificielle à faible coût, DeepSeek (qui a soulevé des questions sur les valorisations du secteur technologique américain) et l’autre par la menace de droits de douane sur le Canada et le Mexique(après l’entrée en vigueur des droits de douane envers la Chine).
Les valorisations (ratio cours/bénéfice) des marchés au début de 2025 restent élevées après la forte hausse des marchés boursiers de 2024, qui a dépassé la croissance des bénéfices.
Aux États-Unis, les valorisations restent tendues, mais ont cessé d’augmenter depuis décembre, en raison de cotations presque latérales.
Le renforcement de l’accélération boursière dans la zone euro (indice EuroStoxx au niveau de ses records absolus) a quant à lui fait passer les valorisations au-dessus des moyennes historiques. Toutefois, l’indice EuroStoxx ne rattrape que marginalement l’écart de valorisation avec l’indice S&P 500.
Les valorisations des marchés émergents et du Japon sont en revanche restées légèrement inférieures aux moyennes historiques.
Les marchés boursiers ont fait preuve d’anticipation en prenant en compte la future croissance des bénéfices. Cela les expose à des phases potentielles de volatilité temporaire. La poursuite du cycle économique représente toutefois un facteur favorable à la croissance de l’activité et des bénéfices et peut soutenir le mouvement de hausse des cours des actions.
Retrouvez l’ensemble de nos articles Economie