Les atouts des entreprises familiales

14 août 2023

Les atouts des entreprises familiales

Par Prof. Monica Wagen

– La complexité de la vie économique actuelle représente-t-elle un handicap pour la longévité des entreprises familiales ?

– Un management professionnel est-il nécessairement en conflit avec l’influence de la famille dans l’entreprise ?

Des questions comme celles-ci se posent inévitablement lorsqu’il s’agit d’évoquer les entreprises familiales. Une courte analyse de leurs avantages est d’autant plus intéressante lorsque l’on sait que ce type d’organisation réalise, en Europe, un chiffre d’affaires supérieur à la moitié du produit national brut. À tire d’exemples, voici quelques tendances :

Une culture d’entreprise renforcée

Les sociétés en mains familiales disposent en général d’une très forte culture d’entreprise, grâce à la présence de valeurs propres à la famille. En conséquence, elles misent sur la continuité, maintiennent une certaine cohésion au sein de la descendance et favorisent une meilleure ambiance de travail. Une culture de ce type peut également mener à une forte identification des employés à leur entreprise. Un facteur porteur de motivation et de loyauté. Ce sentiment d’attachement et de sécurité sera encore renforcé si la planification de la succession est réglée avec la même rigueur qu’un projet industriel.

En période de récession, les patrons des entreprises familiales ont souvent démontré une plus grande flexibilité et un meilleur engagement

Perspective à long terme

En tant que propriétaire, les manager «familiaux» sont habituellement moins sensibles aux critiques qui pourraient leur être adressées à la suite de mauvais résultats trimestriels. Ce qui leur permet de voir à plus long terme lorsqu’il s’agit de l’entreprise, des collaborateurs ou des clients. Cette conscience des responsabilités se reflète également souvent dans la qualité des produits et des services proposés. Les familles dont le nom est intimement lié à la production (Mars, Ferrero, Johnson, Bobst par exemple) se sentent obligées de répondre à des critères de qualité bien précis, ne serait-ce que pour défendre la réputation de la famille. Il y a d’autres avantages concurrentiels qui peuvent être cités dans ce contexte, comme une plus grande liberté d’action et un processus de décision souvent plus rapide.

L’autofinancement

Si l’on interroge les dirigeants d’entreprises familiales sur le mode de financement qu’ils préfèrent utiliser pour leurs investissements, les 2/3 d’entre eux citent l’autofinancement. Il apparaît toutefois que plus la croissance de l’entreprise est rapide et plus l’autofinancement est rarement capable d’assurer l’entier des investissements. Mais de façon générale l’endettement est vécu comme une contrainte extérieure, qui n’est pas souhaitée. Dans ce contexte, la progression des investissements dépendra directement des profits et de la souplesse des entreprises familiales en matière de politique des dividendes. La rémunération des actionnaires se fait souvent, dans ce type d’entreprise, par d’autres compensations qu’une distribution directe de dividendes. En effet, il n’est pas rare de constater une distribution de salaire aux dirigeants-propriétaires, supérieur à la moyenne du marché ou des avantages financiers pour les membres de la famille, tels que voiture professionnelle ou remboursement de frais qui représentent, en quelque sorte, une distribution de dividende déguisée.

Création d’emplois

Une conséquence directe des actuels restructurations est la difficulté de pouvoir grimper les échelons hiérarchiques des grandes firmes, d’où un récent engouement pour les emplois dans les entreprises familiales et leurs structures plus souples. Selon les statistiques, les entreprises familiales de taille moyenne contribuent davantage à la création de nouveaux emplois que les grandes compagnies, dont la plupart subissent une cure d’amaigrissement. En Europe, plus de 60 % des nouvelles places de travail ont été créées par des entreprises familiales. Situation fragile, puisqu’au cours des dix prochaines années, un quart des entreprises familiales européennes devront vraisemblablement changer de propriétaire. Les lourdes impositions sur les droits de transfert pourraient fortement déséquilibrer leur trésorerie et contraindre une partie des familles détentrices à vendre leur patrimoine. C’est par l’établissement d’éventuelles structures juridiques comme la donation-partage, les holdings financiers ou les trusts familiaux, avec des actions à vote préférentiel en faveur de la famille, que l’on pourra limiter la perte du contrôle familial.

Les entreprises familiales ne sont pas en voie de disparition, au contraire, leur avenir reste prometteur

Engagement sans limite du manager familial

Les membres de la famille baignent, souvent dès leur plus jeune âge, dans un climat qui leur fait prendre conscience de leur responsabilité de futur actionnaire et d’éventuel dirigeant. Une expérience qui représente un avantage certain par rapport aux personnes extérieures à la famille qui n’entreront en contact avec l’entreprise qu’à l’âge adulte. En effet, travailler pour sa propre entreprise stimule l’enthousiasme, offre de nombreuses possibilités de progresser, tout en développant des aptitudes à l’innovation. En période de récession, les patrons des entreprises familiales ont souvent démontré une plus grande flexibilité, un meilleur engagement et une incommensurable volonté à sauver la société, quitte à renoncer aux bénéfices pour les réinvestir dans l’entreprise.

C’est probablement grâce à cette grande flexibilité que malgré leurs apparentes fragilités, les entreprises familiales ont été, de tout temps, les moteurs de l’économie. Elles ne sont pas en voie de disparition, au contraire, leur avenir reste prometteur.

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