Les Chinois investissent des sommes record dans les entreprises européennes

18 février 2018

Les Chinois investissent des sommes record dans les entreprises européennes

Les Chinois investissent des sommes record dans les entreprises européennes, en particulier allemandes et britanniques

  • En 2017, les entrepreneurs chinois ont réalisé près de 250 acquisitions en Europe (soit une baisse de 20 % par rapport à l’année précédente)
  • Un peu plus de 57 milliards de dollars US ont été investis, avant tout en Allemagne et en Grande-Bretagne
  • Sept transactions concernaient des entreprises suisses, la plus importante ayant été le rachat de Glencore Storage & Logistics par HNA
  • Les principaux investisseurs en Suisse ont été des entreprises allemandes et américaines ; la Chine occupe le sixième rang

En 2017, le nombre de rachats a diminué à l’échelle européenne – de 20 %, pour s’établir à 247 – de même que le montant total des transactions effectuées par des entreprises chinoises en Europe : si, en 2016, les entreprises chinoises avaient encore investi 85,8 milliards de dollars US, elles n’ont plus dépensé que 57,6 milliards de dollars US en 2017 – soit une baisse d’un tiers (à noter toutefois que l’année précédente, la grosse transaction avec Syngenta avait coûté à elle seule 43 milliards de dollars US). L’intérêt des Chinois s’est à nouveau porté principalement sur l’Allemagne : avec 54 transactions, la République fédérale d’Allemagne arrive en tête du classement par pays, suivie de la Grande-Bretagne (44 transactions) et de l’Italie (24 transactions). Seules la Russie et la Suède ont enregistré une nette hausse des activités, passant de respectivement huit et deux à 14 et onze transactions. La Suisse, quant à elle, a enregistré sept transactions (contre 17 en 2016 et sept également en 2015). Tels sont les résultats d’une étude actuelle menée par la société d’audit et de conseil EY sur les investissements F&A d’entreprises chinoises en Europe.

« Le nombre de transactions réalisées par des entreprises chinoises en Europe a certes nettement diminué en 2017, mais a tout de même atteint son deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré », constate Ronald Sauser, responsable M&A Advisory chez EY Suisse. Selon lui, cette baisse est due à plusieurs facteurs : « Les autorités de surveillance chinoises ont introduit des contrôles plus stricts pour les rachats à l’étranger et imposé des contraintes en vue de contrôler la circulation des capitaux en direction de l’étranger. Du côté européen, les exigences réglementaires ont également été augmentées, ce qui a entraîné l’échec de quelques transactions. Par ailleurs, les entreprises chinoises examinent de plus près les candidats à l’acquisition potentiels. »

De plus, la plupart des grosses transactions enregistrées l’année dernière ont été réalisées par des investisseurs financiers domiciliés à Hong Kong, qui ne sont pas concernés par les contrôles des capitaux plus stricts en vigueur depuis fin novembre 2016, ajoute Yi Sun, responsable China Business Services Allemagne, Autriche et Suisse chez EY : « Tant le nombre que le montant des transactions effectuées depuis le continent chinois ont donc nettement diminué l’année dernière – aussi les vendeurs européens ont-ils davantage tendance à demander une somme élevée à titre de garantie dès la signature du contrat d’achat, par crainte de rencontrer des problèmes lors du transfert du prix d’achat vers l’Europe. »

Mais Ronald Sauser est convaincu que les entreprises chinoises joueront de nouveau un rôle actif sur le marché des fusions et acquisitions en 2018 : « Les investisseurs chinois sont toujours prêts à sauter sur les opportunités intéressantes qui se présentent. Dans les douze prochains mois, nous verrons de nouveau plus de transactions se chiffrant en centaines de milliards avec participation chinoise en Europe. Les investisseurs ne se limitent pas seulement aux entreprises industrielles classiques, mais s’intéressent aussi de plus en plus aux secteurs de la mode/du commerce de détail, des produits alimentaires et pharmaceutiques. »

« Nous percevons les premiers signes d’une réouverture par le gouvernement chinois, en particulier lorsque les entreprises cibles sont attrayantes – par exemple dans le cadre du projet « One Belt, One Road » », complète Yi Sun. Il s’agit là du développement d’un réseau d’infrastructures intercontinental entre la Chine, l’Europe et certains pays d’Afrique. « Le nombre de fonds souverains chinois va également augmenter dans le but d’investir en Europe, que ce soit seul ou en partenariat avec des investisseurs stratégiques chinois. »

Une transaction en Suisse parmi le top 15 européen

L’année dernière, ce sont avant tout les entreprises du secteur industriel que les acheteurs chinois ont eu en ligne de mire : en Europe, ils ont acquis 79 entreprises industrielles, dont 28 en Allemagne. De même, des entreprises technologiques (32) et financières (29) sont souvent passées en mains chinoises partout en Europe. La plus grande transaction à l’échelle européenne a toutefois concerné une entreprise de logistique, à savoir le rachat de la filiale de Blackstone et plateforme logistique Logicor par China Investment Corporation. Le fonds souverain chinois a déboursé quelque 13,7 milliards de dollars US. La deuxième place : l’acquisition du groupe pétrolier russe Rosneft par CEFC China Energy pour 9,3 milliards de dollars US. Le rachat de la société allemande de services énergétiques par Cheung Kong Property Holding pour 6,7 milliards de dollars US occupe la troisième place.

Une des 15 plus grosses transactions réalisées par les Chinois portait sur une entreprise suisse : Glencore Storage & Logistics a été rachetée par Hainan Province Cihang, respectivement par sa filiale HNA, le volume de la transaction atteignant 775 millions de dollars US. Au total, six autres transactions impliquaient des entreprises suisses : Hainan Province Cihang respectivement HNA a acquis l’année dernière aussi une participation d’envergure au sein de l’entreprise suisse Dufry. L’entreprise chinoise Cedarlake Capital Partners, de son côté, a acquis en 2017 les deux entreprises suisses Bartholet Maschinenbau AG et Montratex AG, alors que Alibaba Group a racheté Way Ray SA, Beijing Sanlian Hope New a repris Polymetrix Holding AG et le groupe Phoenix Green s’est emparé de Ernest Borel Holding.

Malgré tout, en 2017, la Chine n’arrive qu’en sixième place du classement des plus grands investisseurs en Suisse. Les entreprises allemandes comme leurs consœurs américaines ont réalisé 34 transactions, tandis que les entreprises de Grande-Bretagne, de France, du Japon et d’Italie ont totalisé respectivement 17, 13, dix et neuf transactions.

 

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