Les émotions ont-elles perdu leur caractère tabou en entreprise ?

8 février 2023

Les émotions ont-elles perdu leur caractère tabou en entreprise ?

Rappelez-vous du film américain Une équipe hors du commun sorti en 1992 : « Il n’y a pas de pleurs au baseball » disait Tom Hanks. Dans le milieu compétitif, qu’il s’agisse de sport ou d’entreprise, les émotions ont longtemps été considérées comme une faiblesse qu’il fallait laisser chez soi. L’humain était mis de côté afin de valoriser la performance et le résultat, à l’image d’une machine qui travaille durement et efficacement. Mais la vision du travail a largement évolué ces dernières années, et les employeurs se sont finalement rendu compte que les émotions avaient peut-être leur place dans le milieu professionnel. Au lieu d’être un tabou, serait-elle en fait une source de productivité ? Zoom sur la place des émotions au travail dans cet article.

Le bien-être au travail : une préoccupation récente

Depuis plusieurs années, on parle souvent du bien-être des employés au sein de l’entreprise. Plus un salarié est heureux et satisfait, plus son engagement dans ses tâches professionnelles serait amélioré. Les stratégies d’entreprise pour arriver à satisfaire les salariés sont variées, mais elles ont toutes le même objectif.

Le bien-être implique directement l’acceptation des émotions au sein de l’entreprise, et le partage de ses ressentis entre collègues et avec l’employeur. L’écoute de l’autre est au cœur de cette philosophie, qui consiste à comprendre le point de vue holistique de chaque employé.

Les nouvelles méthodes de travail qui découlent de cette dimension de bien-être des salariés sont relativement récentes : les entreprises quittent peu à peu un système de hiérarchie strict au sein duquel les ordres doivent être appliqués, sans émotions ni échanges d’idées, pour créer un nouveau système centré sur l’humain.

Quels avantages apporte l’écoute des émotions pour l’entreprise ?

Exprimer ses émotions présente des avantages aussi bien pour les salariés, qui se sentent plus heureux dans leur vie de manière générale, que pour les employeurs, qui voient leur entreprise fonctionner plus efficacement. En effet, l’écoute des émotions permet de créer un environnement plus favorable à la productivité, à la créativité et à la résolution de problèmes. Les salariés développent de plus grandes capacités à exploiter des informations, à trouver de nouvelles idées pour faire grandir l’entreprise, et se sentent davantage motivés pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

Les équipes qui bénéficient d’un environnement dans lequel elles se sentent à l’aise pour partager leurs émotions avec leurs collègues, et qui cherchent à les surmonter ensemble, ont non seulement de meilleures idées mais aussi des discussions plus riches. Les salariés sont plus créatifs, et offrent ainsi de meilleurs résultats sur le long terme.

Les conséquences d’une culture émotionnelle inexistante

Vous l’aurez sûrement compris : en ignorant la question des émotions, les employeurs passent sous silence une partie essentielle de ce qui rend les salariés plus performants. Il est d’ailleurs possible de comprendre l’importance des émotions de manière théorique, tout en ayant peur de ce qu’elles peuvent créer dans l’environnement de travail.

Toutefois, ce sont les mises en pratique concrètes au sein de l’entreprise qui permettront d’obtenir des résultats tangibles. Les résultats sont plutôt visibles sur le long terme, c’est pourquoi certains dirigeants considèrent cette culture émotionnelle comme inutile ou peu pertinente. Mais les mentalités évoluent, en particulier au sein des entreprises plus récentes et des multinationales souhaitant revaloriser leur image employeur. Les émotions ont désormais leur place, à condition de maîtriser efficacement cette culture émotionnelle.

Place des émotions au travail : quelles sont les limites ?

Pour autant, attention à ne pas tomber dans l’excès émotionnel. Le principe fondamental à comprendre est le suivant : les émotions, par nature, ne conduisent pas forcément à l’irrationalité et peuvent être exploitées pour une meilleure productivité. Cependant, la façon dont elles sont utilisées et exprimées est un élément essentiel des résultats. En effet, la culture de la positivité et du partage d’émotions peut donner de mauvais résultats au sein de l’entreprise si les choses sont mal gérées. Par exemple, une équipe pourrait être très enthousiaste concernant la réalisation d’une idée, sans analyser clairement la situation, et prendre ainsi des décisions irréfléchies sous le coup de l’impulsion.

L’écoute des émotions doit donc se manifester en parallèle d’une analyse systématique des situations. On pourrait d’ailleurs prendre l’exemple des émotions de la vie quotidienne : ressentir ses émotions à propos de quelque chose, et juger une situation uniquement par rapport à celles-ci, peut facilement amener à des préjugés ou à des erreurs de jugement.  Finalement, un environnement de travail réussi se base sur un équilibre judicieux entre l’émotionnel et l’analytique.

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