La téléphonie IP connait actuellement un essor considérable dans les pays développés en raison de la mise en place d’un réseau câblé fiable et du suivi de l’évolution technologique au niveau d’Internet. Cette évolution s’est traduite par l’adoption de combinés VOIP associés à des abonnements auprès d’opérateurs de téléphonie Internet.

Néanmoins, on se rend compte que les principaux utilisateurs de ce service sont à majorité des personnes en provenance de pays en voie de développement. On pourrait se demander les raisons d’un tel engouement pour ce moyen de communication.

En effet, les appels vers les pays en voie de développement à l’exemple des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie coûtent un peu plus cher qu’un appel effectué entre deux pays de l’Union Européenne. Cette situation pousse dont les personnes résidant en Europe à utiliser la téléphonie sur IP afin de faire des appels en direction de leur pays d’origine ou à des amis et collègues vivant dans les pays en voie de développement.

Jusqu’à présent, ceci se passe assez bien et la croissance observée au niveau des activités d’opérateurs de téléphonie sur IP en témoigne bien. Par contre, on pourrait se demander pourquoi ce service de VOIP ne se développe pas aussi rapidement dans les pays en voie de développement qui semblent en avoir autant besoin que les pays développés ; ceci malgré l’usage croissant d’Internet dans ces pays.

Une des raisons qui pourraient expliquer cette lenteur est le manque d’infrastructure adéquat. En effet, malgré la venue d’Internet dans ces pays, la qualité des connexions n’est pas au rendez-vous. Lors d’une connexion à Internet, il n’est pas rare de voir sa connexion être interrompue de manière intempestive ou encore être ralentie considérablement. Or, pour servir une bonne qualité d’écoute, il faut que la qualité du lien soit d’une bonne moyenne constante. Ce qui n’est pas toujours le cas dans ces pays.

D’autre part, on pourrait aussi citer les barrières légales. Il n’est pas rare de voir dans certains pays, une interdiction d’utiliser la VOIP pour des appels sortant. Ainsi, elle n’est permise que dans un seul sens : réception d’appel. Plus encore lorsqu’elle une autorisation est délivrée, elle ne concerne que les centres d’appels. Ceci concoure donc à ralentir le développement des services Internet telles que la VOIP dans ces pays et plus loin, on pourrait dire le développement même de ces pays.

Nous pourrions citer plusieurs autres facteurs qui plombent l’essor de la VOIP dans ces pays, mais les deux exemples susmentionnées sont les plus problématiques. A l’heure ou le monde se trouve dans une réalité numérique encore plus poussée, avec à son cœur Internet, les pays sous-développés ne seraient-ils pas en train de manquer un autre tournant décisif de l’évolution ?

Thierry Dime/Directeur de publication chez Le Monde Economique