Les résultats du deuxième mois de l’année 2025 risquent de donner des sueurs froides aux actionnaires de Tesla. En février 2025, les immatriculations de Tesla en Allemagne ont chuté de 70,6 %, avec seulement 1 429 unités livrées contre 6 038 à la même période en 2024. Cette tendance à la baisse est également observée dans d’autres pays européens : France (-44,4 %), Norvège (-45,3 %), Danemark (-48,1 %) et Suède (-43,9 %) . La Suisse n’est pas en reste, avec une diminution de 66,6 % des ventes en février 2025 par rapport à l’année précédente. Ces récentes statistiques de ventes de Tesla en Europe suscitent des interrogations quant à la pérennité de cette tendance. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette dégringolade des ventes.
Elon Musk est-il le seul responsable ? Ses positions politiques (et son comportement) suscitent de vives réactions, impossible de le nier. Mais ce n’est peut-être pas la vraie raison. Selon les experts, les ventes sont principalement en baisse en raison de l’arrivée du nouveau Model Y. Les ajustements des lignes de production pour le nouveau Model Y ont entraîné des retards de livraison en Europe, incitant les clients à attendre la nouvelle génération plutôt que d’acheter les modèles actuels. Il faut donc faire face à la transition. Mais la situation n’est pas aussi simple. En effet, les chiffres montrent que les ventes de la Model 3 sont également en baisse en Europe. En prenant en compte cet aspect, on se dit que le problème de Tesla en Europe est bien plus important que la seule attente du nouveau Model Y.
L’image politisée et clivante d’Elon Musk dérange. En effet, les prises de position controversées d’Elon Musk, notamment son soutien affiché à des figures politiques clivantes et ses déclarations parfois jugées provocatrices, ont engendré une véritable fracture au sein de la communauté des propriétaires de Tesla. De nombreux clients, autrefois séduits par l’innovation et l’image avant-gardiste de la marque, se retrouvent désormais en désaccord avec les valeurs que semble incarner son dirigeant. Cette dissonance a conduit certains d’entre eux à revendre leur véhicule, préférant se tourner vers des marques concurrentes perçues comme plus neutres ou alignées avec leurs propres convictions. Par ailleurs, des manifestations ont émergé devant des concessions Tesla, notamment en Allemagne et aux États-Unis, où des groupes de consommateurs expriment publiquement leur mécontentement face aux orientations politiques et aux décisions de Musk. Ce phénomène, encore marginal il y a quelques années, semble aujourd’hui gagner en ampleur et pourrait, à terme, impacter durablement l’image et les ventes de Tesla sur certains marchés.
Par ailleurs, cette dégringolade intervient également dans un contexte plus large de difficultés pour Tesla ou la marque, qui dominait le segment des voitures électriques, voit la concurrence se renforcer, notamment avec les constructeurs chinois qui inondent le marché avec des modèles plus abordables. Des marques comme BYD, Nio ou Xpeng séduisent un nombre croissant de consommateurs grâce à des prix compétitifs, une autonomie accrue et des équipements de pointe, souvent supérieurs à ceux des modèles Tesla pour un tarif inférieur. Cette montée en puissance fragilise la position dominante du constructeur américain, d’autant plus que sa gamme actuelle peine à se renouveler. Si le Model 3 et le Model Y restent des références, leur design et leurs fonctionnalités évoluent peu face à une concurrence qui mise sur l’innovation et la diversité de l’offre. L’absence de nouveaux modèles accessibles ou adaptés aux besoins spécifiques du marché européen, notamment dans le segment des citadines électriques, vont certainement contribuer à l’érosion de l’attractivité de Tesla, laissant le champ libre aux acteurs émergents prêts à conquérir un marché en plein essor.
Mais tout n’est peut-être pas perdu. En effet, de nouvelles rumeurs font état d’une Tesla Model Q pour le premier semestre 2025. Il s’agirait du modèle dont la conception a été interrompue au profit du Cybercab. On peut donc dire que la chute des ventes de Tesla en Europe semble être le résultat d’une combinaison de facteurs, allant de l’attente du nouveau Model Y à l’image controversée d’Elon Musk, en passant par une concurrence accrue et un manque de renouvellement de la gamme. Si la marque parvient à surmonter ces défis, elle pourrait retrouver son lustre d’antan. Mais pour l’instant, les actionnaires ont de bonnes raisons de s’inquiéter.
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