Photo © Lexpro Avocats
Par Eugénie Rousak
Installé dans la vieille ville genevoise, Lexpro Avocats est un cabinet d’avocats d’affaires avec plus de 20 ans d’expérience. Composé d’une équipe de huit personnes, il offre son expertise dans l’ensemble des domaines du droit, développant une approche holistique et pragmatique des dossiers. Accompagnant aussi bien des privés que des sociétés, Lexpro Avocats accompagne ses clients aussi bien en les suivant dans la conduite des affaires courantes qu’en les représentant devant les tribunaux en cas de litige. Échange avec Yama Sangin, fondateur et avocat associé.
Monde Économique : À l’heure d’une tendance de spécialisation et de consolidation des affaires autour d’une seule branche du droit, Lexpro Avocats reste une étude globale, offrant son expertise dans de nombreux domaines. Pourquoi ce positionnement ?
Yama Sangin : Tout d’abord, Lexpro Avocats se compose de plusieurs associés, chacun ayant ses domaines de prédilection et ses centres d’expertise. Ensuite, nous développons une approche holistique des affaires, offrant une vision à 360 degrés à nos clients. Ce positionnement nécessite d’avoir des compétences sur différentes thématiques pour non seulement gérer les sujets du moment, mais également anticiper des problèmes futurs. Enfin, nous travaillons beaucoup avec des PME et entreprises d’une certaine taille, qui ont besoin d’un suivi juridique régulier sur l’ensemble de leurs activités. Avec ces trois éléments mis ensemble, nous avons opté pour une approche couteau suisse, afin de gérer aussi bien l’aspect du conseil que le contentieux qui pourrait en découler, que ce soit une problématique de droit du travail, de droit du bail, de poursuite et faillite, de recouvrement de créances, etc.
Monde Économique : Travaillant avec des privés et des entreprises de tailles et de domaines différents, quel sens donnez-vous à une approche centrée sur le client ?
Yama Sangin : Même si nous débutons par du ponctuel avec les nouveaux clients, nous privilégions des mandats de longue durée pour véritablement développer un lien de confiance solide et transparent. Plus nous connaissons le fonctionnement du client ou les différents aspects du business, mieux nous sommes armés pour comprendre les problématiques et ainsi développer une stratégie de conseil adaptée. En fin de compte, nous tendons vers une approche assez pragmatique et stratégique des dossiers ! Malheureusement, beaucoup assimilent encore l’activité de l’avocat à l’affaire devant le Tribunal et ne font appel aux services juridiques qu’à la réception de la convocation. Nous intervenons donc avec une casquette de pompier pour essayer d’éteindre l’incendie dans un cadre très limité. Avec un suivi dès le début de la problématique, la marge de manœuvre est bien plus large et, dans certains cas, permet même d’éviter le contentieux ! C’est donc tout cet aspect conseil que nous essayons d’établir auprès de nos clients, qu’ils soient des individus, des entrepreneurs ou des sociétés. Au final, beaucoup de nos clients ne signent plus aucun contrat sans nous consulter en amont, ce qui facilite largement les dossiers.
Monde Économique : Vous avez mentionné le principe d’une approche pragmatique. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Yama Sangin : Sortir le nez des livres, avoir un peu de bon sens, et pouvoir se mettre à la place du client ! Quand une personne vient avec une problématique juridique, elle ne cherche pas à recevoir une réponse en trois pages avec des références à la doctrine ou la jurisprudence. Le rôle de l’avocat est de lui expliquer clairement la situation et les possibilités concrètes qui s’offrent dans ce cadre précis. Un avocat est également un psychologue… non diplômé. Notre profession consiste beaucoup à écouter le client et à comprendre ses intérêts. L’aspect pragmatique signifie donc de prendre en considération un certain nombre de facteurs, comme la psychologie de la personne, le timing, les moyens financiers ou les éventuelles parties adverses, pour développer une solution tactique.
Monde Économique : Il est aujourd’hui régulièrement question des nouvelles technologies, de l’intelligence artificielle (IA), des LegalTech, etc. dans le domaine du droit. N’est-ce pas en contradiction avec ce côté psychologique de la profession ?
Yama Sangin : Dès le moment qu’une affaire touche des êtres humains, l’avocat aura toujours un rôle prépondérant et fondamental. L’aspect émotionnel et sensible de la personne ne pourra jamais être pris en charge par une machine. Cela étant dit, le train du numérique est aujourd’hui en marche. Rester sur le quai de la gare n’est pas une bonne stratégie à moyen-long terme. À mon avis, nous devons utiliser les outils développés, qui ne viennent pas remplacer notre profession, mais plutôt l’améliorer, en nous faisant gagner un temps considérable grâce à une automatisation de certaines tâches. L’IA est un appui, pas un ennemi !
Monde Économique : Plus globalement, quelles autres évolutions du domaine juridique constatez-vous ?
Yama Sangin : Je vois une nette hausse de la criminalité numérique. Nous sommes aujourd’hui dans une société de consommation avec des relations instantanées par écrans interposés, qui laisse place au développement de nouvelles formes de délits comme les cyberattaques, les escroqueries en ligne ou le vol de données. Face à ce boom d’arnaques, malheureusement le droit n’évolue pas assez rapidement pour donner un arsenal juridique approprié. Nous sommes donc face à un décalage d’une dizaine d’année entre le développement extrêmement rapide de l’instantané et la réponse juridique manquante pour lutter contre ce genre de dérives.
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