On le sait, le fonctionnement des services RD (Recherche et Développements) coûte cher, et même très cher. Mais c’est sur ce modèle que les entreprises se sont bâties et évoluent depuis des années. Or, les périodes de crise, et en particulier celle que nous connaissons à travers le coronavirus, sont l’occasion de remettre à plat les modes de fonctionnement. En particulier, l’innovation frugale apparaît comme une occasion de remettre en valeur des concepts comme frugalité, simplicité, durabilité et… low-cost !
C’est, en quelques mots, une stratégie de rupture avec les anciennes pratiques. Celle-ci se focalise sur le fait de mettre rapidement au point des services ou des produits sur le marché, sans attendre des années de validation technologique ou marketing et en les proposant à un tarif plus abordable. En quelque sorte, on est amené à avoir de nouvelles idées pour produire aussi bien, voire mieux, et pour moins cher !
La flexibilité tout comme l’innovation seront des valeurs que devront adopter la plupart des entreprises : pour survivre, il sera nécessaire de sortir de la prison des tests et essais chronophages, des budgets importants en RD et peut-être même, de diminuer l’argent consacré à la communication et la publicité. On peut aussi y voir un lien de parenté avec le principe de décroissance ou d’une meilleure utilisation des différentes ressources : plutôt que de viser ce qui peut être parfois superflu, on se concentre avant tout sur l’efficacité avec la pensée d’innovation frugale !
La première étape est de se poser la question du niveau d’exigence des clients. En effet, si une entreprise souhaite proposer un produit le plus abouti possible, sa mise au point ainsi que sa fabrication seront forcément onéreuses. Or, si l’on étudie précisément les besoins des clients, on peut s’apercevoir que ceux-ci ne verront forcément pas l’utilité de toutes les fonctionnalités. Si on les diminue, cela permettra de simplifier l’ingénierie ainsi que la production et par voie de conséquence, de diminuer le prix de vente.
Le produit commercialisé pourra ainsi répondre finalement encore mieux aux besoins du consommateur. Ce positionnement est l’application directe du concept d’innovation frugale : je ne fabrique pas un système capable de répondre à toutes les difficultés mais je réponds avant tout aux vrais problèmes de mes clients. Dans le monde anglophone, on trouve cette expression « good enough » qui signifie « suffisamment bon » ou « adapté aux besoins » sans être forcément le meilleur du meilleur !
La seconde étape est de s’interroger sur le problème des ressources, et pas uniquement en terme de matières premières mais aussi en ce qui concerne les technologies préalablement mises au point, les brevets ou encore les différents services que l’on peut mettre en action pour faire aboutir une idée. On peut aussi créer de véritables « brainstorming » novateurs en faisant participer des salariés que l’on n’avait pas forcément mis à contribution pour développer des concepts originaux.
Par ailleurs, on peut aussi travailler différemment pour un objectif commun. C’est ainsi que des entreprises liées à la mode comme Zara ou Gap se sont mises à réorienter la production vers la fabrication de blouses et de masques pour le personnel médical.
On peut aussi citer des constructeurs automobiles comme Ford ou Toyota qui utilisent une partie de leurs chaînes de production pour mettre au point des respirateurs à destination des personnes atteintes de la Covid 19.
Jusqu’à présent, la chaîne de production s’organisait ainsi : beaucoup de recherche et d’ingénierie dans les pays occidentaux puis un transfert de technologies vers la Chine, principalement, pour la fabrication. Ensuite, un réseau mondialisé de transport s’employait à faire parvenir les marchandises aux différents destinataires.
Aujourd’hui, cette façon de procéder vit probablement ses dernières années… Pourquoi ? Tout simplement parce que la crise sanitaire actuelle montre les limites d’une production délocalisée : il suffit que des soucis d’approvisionnement apparaissent pour que l’ensemble de la chaîne soit mise à mal. C’est pour cela qu’avec l’innovation frugale, on installe beaucoup plus de petites unités de fabrication proches des centres de recherche afin que l’ensemble de la chaîne soit beaucoup plus réactive.
Dit d’une autre manière, cela revient à stopper la répartition traditionnelle de l’entreprise : recherche et développement, puis marketing et commercial d’un côté et fabrication de l’autre.
La stratégie d’innovation frugale tend à renforcer les liens entre les différents secteurs de l’entreprise et c’est finalement une bonne nouvelle car les notions de solidarité et de complémentarité se retrouvent valorisées !
Parce qu’aujourd’hui, il semble évident qu’une rupture économique majeure est intervenue dans le monde. Personne ne sait véritablement quelles seront les conséquences de la crise sanitaire que nous traversons et surtout, quelle incidence auront les impacts économiques à moyen et long terme. Pour beaucoup d’entreprises, l’incertitude est de mise.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faudra arriver à mettre au point des services et des produits qui répondront aux besoins de la clientèle dans un temps relativement court et probablement, pour un coût plus réduit qu’auparavant. En prenant un temps plus réduit pour définir ce qui est essentiel et séparer ce qui est superflu par rapport aux services et aux produits que l’on veut lancer, l’entreprise pourra faire des économies.
De plus, si on prend en compte l’idée qui s’appuierait sur la loi de Pareto, c’est-à-dire 80 % de fonctionnalités pour seulement 20 % d’investissement, il y a une source de développement à moindre coût à explorer : c’est véritablement ce que propose l’innovation frugale !
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