Photo Nicolas Laporte © Banque CIC (Suisse) AG
Par *Nicolas Laporte
Le financement du commerce est une composante essentielle de l’économie mondiale. Il garantit le soutien financier et l’infrastructure nécessaires au commerce international. Il permet aussi aux entreprises d’importer et d’exporter leurs biens et services à l’échelle internationale.
Illustration 1 : chaîne de valeur du financement du commerce
Le financement du commerce contribue à atténuer les risques de défaut de paiement par les acheteurs. Il permet de tenir la promesse fondamentale du secteur bancaire consistant à financer le fonds de roulement indispensable au fonctionnement de toute entreprise. Il permet aussi aux entreprises de gérer plus efficacement leur fonds de roulement en réduisant la quantité de liquidités nécessaires pour couvrir leurs transactions commerciales. Les financements commerciaux aident également les entreprises à réduire les retards de livraison, à pénétrer de nouveaux marchés, à toucher de nouveaux segments de clientèle et à saisir davantage d’opportunités. Ainsi, les entreprises peuvent se développer et être rentables sur le long terme, et accroître leur compétitivité sur le marché mondial. Lorsqu’une entreprise parvient à réaliser ses projets, c’est au final l’ensemble de l’écosystème qui profite du financement de la chaîne d’approvisionnement.Les progrès technologiques ont considérablement contribué à réduire les risques liés au commerce transfrontalier.
Illustration 2 : risques du commerce transfrontalier (source : David Meynell)
Ces dernières années, la transformation de la situation géopolitique et les modifications des réglementations bancaires qui s’en sont suivies ont eu des répercussions considérables sur le financement du commerce – et, partant, sur l’économie mondiale. La situation géopolitique actuelle est marquée par une augmentation des mesures protectionnistes, des tensions économiques croissantes entre les pays et une incertitude grandissante quant à l’avenir du commerce mondial. Parmi les causes principales, citons la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les sanctions contre l’Iran et la Corée du Nord ainsi que le conflit entre l’Ukraine et la Russie, lesquels ont entraîné un ralentissement des échanges transfrontaliers de biens et de services. Il devient par conséquent de plus en plus difficile pour les entreprises d’obtenir les financements dont elles ont besoin pour prendre part au commerce international.
De plus, du fait de l’incertitude géopolitique, les banques et autres institutions financières sont devenues plus prudentes dans l’octroi de crédits, ce qui a réduit encore davantage les ressources financières disponibles. Dans les zones de conflit, le risque de défauts de paiement augmente. Par ailleurs, la solvabilité des emprunteurs potentiels y est difficile à évaluer. Ce dernier point, associé à l’augmentation des coûts de financement en raison des réglementations bancaires (telles que Bâle III), incite les banques à se concentrer de plus en plus sur de grandes multinationales bien financées et sur leurs chaînes d’approvisionnement. Les entreprises plus petites disposant de financements moins solides, en revanche, peinent à accéder au capital dont elles ont besoin. Le conflit entre l’Ukraine et la Russie a eu un impact considérable sur le financement du commerce. La guerre a interrompu les flux commerciaux et constitue une source d’incertitude pour les entreprises actives dans les régions concernées.
Malgré tout, le financement du commerce reste une composante essentielle de l’économie mondiale. Il s’est adapté aux récentes transformations et a évolué pour répondre aux besoins des entreprises et des institutions financières dans un environnement qui a lui aussi changé. Du fait de la pandémie de Covid-19 et des tensions géopolitiques, le financement du commerce a opéré une transformation numérique. L’utilisation de plateformes numériques et de la technologie Blockchain a permis d’accroître l’efficacité et la transparence des financements commerciaux, de faciliter l’accès aux ressources financières et de réduire les risques. De nouveaux modes de financement alternatifs tels que le crowdfunding et les prêts entre particuliers (peer-to-peer lending, en anglais, ou P2P) ont pris de l’ampleur. Les plateformes de crowdfunding permettent aux entreprises de lever des fonds auprès d’un grand nombre d’investisseurs. Parallèlement, les prêts P2P leur ont permis d’accéder aux fonds de prêteurs individuels. En outre, il existe désormais de nombreuses sociétés de gestion de fortune qui lèvent des capitaux par le biais de fonds de placement et soutiennent des entreprises plus petites et moins bien financées. Ce qui peut être très rentable : l’écart entre la demande de lignes de crédit et l’argent disponible est actuellement tel que ces gestionnaires peuvent exiger des rendements à deux chiffres assortis de garanties ou de conditions solides afin d’atténuer tout risque de ralentissement.
Illustration 3 : les opérations de crédit privé sont de plus en plus populaires en Europe.
Ces modes de financement alternatifs offrent aux entreprises de nouvelles sources de financement et les aident à surmonter les défis allant de pair avec les méthodes de financement traditionnelles.
*Nicolas Laporte dirige l’équipe Produits et Solutions de la Banque CIC (Suisse) AG. Il a près de 20 ans d’expérience dans l’investissement de capitaux dans des stratégies d’investissement alternatives allant des hedge funds aux marchés privés et à l’infrastructure. Avant de rejoindre la Banque CIC, Nicolas Laporte a occupé plusieurs postes à responsabilité dans de grandes entreprises, tant du côté de la vente (Deutsche Bank, HSBC) que du côté de l’achat (Novartis Pension Fund).
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