Par Olivier de Berranger, CEO et CIO, La Financière de l’Echiquier
Depuis l’attaque de l’organisation terroriste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le Proche-Orient glisse, semaine après semaine, vers le chaos. Jusqu’à présent sans conséquences notables sur les marchés financiers, mais jusqu’à quand ?
Hamas, Hezbollah, rebelles Houthis, Etat Islamique, la liste des organisations terroristes actives dans la région ne cesse de s’allonger. Initialement cantonné à Israël, le spectre des tensions s’élargit progressivement. Mer Rouge, Iran, Irak, Liban… la première semaine de l’année 2024 a donné lieu à des évènements sporadiques dans chacune de ces zones.
Le calme avant la tempête ? Si, jusqu’à présent, les conséquences boursières sont peu perceptibles au niveau global, les prix du pétrole, baromètre financier traditionnel de zone, ayant d’ailleurs reflué de près de 15% depuis 3 mois, on décèle déjà davantage d’agitation sous la surface des grands indices.
Contraints de se détourner du Canal de Suez après une série d’attaques de navires de commerce, les armateurs déroutant leurs navires vers le cap de Bonne Espérance pour relier l’Asie et l’Europe sont de plus en plus nombreux. La dernière compagnie concernée est la Française CMA CGM. En découlent l’augmentation des délais d’acheminement et des tarifs ainsi qu’un tarissement de l’offre de fret. Autant de raisons qui propulsent les cours boursiers des entreprises cotées du secteur. L’entreprise danoise Maersk s’est ainsi par exemple envolée de plus de 30% sur un mois, volant la lumière à la valeur star de la place de Copenhague, Novo Nordisk.
Du côté des secteurs de la défense et de l’aérospatial également, se constate une nette surperformance face au reste de la cote. Depuis l’attentat du 7 octobre, le secteur progresse ainsi deux fois plus vite qu’un indice mondial tous secteurs confondus.
La lecture des événements s’avère délicate, et il est difficile de percevoir à court terme un revirement de tendance. D’abord, parce que la situation dans la zone ne semble pas prête de s’apaiser. Ensuite, parce que les intérêts régionaux sont d’une extrême complexité. De plus, 2024 étant une année d’élection aux Etats-Unis, l’implication accrue du gendarme du monde dans la zone constituerait un fardeau électoral pour le président sortant, Joe Biden, après les échecs des interventions militaires dans le monde Arabe ou en Afghanistan. Enfin, le contexte énergétique a bien changé aux Etats-Unis en quelques décennies. Longtemps dépendant de la production d’énergie moyen-orientale, l’Oncle Sam est devenu le premier producteur mondial, également exportateur net, de pétrole et de gaz. L’enjeu économique se révèle désormais bien moindre pour le leader mondial de l’industrie de la défense pour continuer à jouer un rôle pro-actif d’arbitre dans la région.
Dans un contexte géopolitique troublé, plus de la moitié de l’humanité sera appelée à se rendre aux urnes en 2024. Charge aux investisseurs de naviguer sur une mer qui s’annonce chahutée.
Rédaction achevée le 8.01.2024
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